THE SILENCE (2019 - SVoD) de John R. Leonetti [Critique]

Évaluation du dossier : 2/5 []

Aux États-Unis, des nuées de chauves-souris mutantes et pas sympas emprisonnées depuis des lustres au fond d’une grotte sont soudain libérées et sèment la terreur en s’attaquant à tout ce qui a le malheur de produire le moindre bruit. Une famille fuit la menace et tente de survivre, en partie grâce à sa connaissance de la langue des signes.


Après les poussifs Annabelle et I Wish - Faites un vœu, entre autres, John R. Leonetti nous revient avec The Silence, son sixième long-métrage. Malheureusement, même avec la meilleure volonté du monde, difficile d’adhérer à ce roadmoviesque survival...


The Silence est l’adaptation du roman éponyme du britannique Tim Lebbon paru en 2015 (non traduit en français à ce jour). L’histoire, au léger accent "Stephenkingien" nous présente une famille américaine typique (la mamie, les parents, les deux ados, le chien, le break, le meilleur pote) pour laquelle tout va à peu près pour le mieux, à ceci près que l’aînée est sourde suite à un accident et que toute la smala communique par gestes. Le handicap devient alors un avantage, voire un "pouvoir", lorsque vous devez affronter des créatures volantes, croisement de Gremlins et de chauves-souris, qui bouffent tout et n’importe quoi autour de la plus petite manifestation sonore.


L’amorce du film est appréciable et explique l’origine du fléau. Puis tout démarre assez vite mais sans surprise, et au bout de 20 minutes on sent, assez vite mais sans surprise, que Leonetti a tout dit et tout donné. On n’apprendra rien de plus sur les personnages, leurs rapports, leurs émotions. La réalisation n’est pas ennuyeuse pour autant mais l’ensemble ne décolle pas, la tension attendue est aux abonnés absents. Un ressort narratif surgit à la moitié du film avec la confrontation de la petite famille à un groupe de survivants allumés à la tête duquel on trouve le sosie d’Edouard Philippe en révérend illuminé (ou plutôt "obscurisé"). Mais non, cette piste ne mènera nulle part non plus, sinon à une issue totalement plate et hollywoodienne comme on n’osait même pas le craindre. Chapeau à Kiernan Shipka (February, Les Nouvelles aventures de Sabrina) qui incarne Ally, l’ado malentendante, et qui tire son épingle du jeu. Stanley Tucci (Hunger Games, Lovely Bones) dans le rôle du père "ne vous inquiétez pas, ça n’est rien, je suis là" fait de son mieux pour sauver le personnage de la caricature. Edouard Philippe, quant à lui, fait presque un peu peur mais a du mal à convaincre.

John R. Leonetti ne tire aucun parti d’un récit plutôt prometteur. On attendait une approche plus singulière du sujet du silence, de l’ouïe ou de la parole, ou de l’absence de parole. La bande sonore est peu exploitée, on aurait attendu par exemple un travail autour des bruits (peut-être discernable avec un bon système son ?). Sur ce terrain on ne peut s’empêcher de penser à l’excellent Sans un bruit de John Krasinski, sorti tout juste un an avant et qui, à décharge et au-delà de toute polémique de plagiat assez injustifiée (les deux films ont été tournés en même temps), n’arrange pas les affaires de The Silence



Pour en finir avec la comparaison il est bon de rappeler que les deux films ne bénéficient pas des mêmes moyens (The Silence soufre sans doute aussi de son très petit budget). Difficile de percevoir dans tout cela un thème en particulier (revanche de la nature/retour aux origines (mais sans le verbe) / trop-plein de décibels ?). À part Ally et son père plutôt attachant, les personnages sont trop lisses pour que l’on s’intéresse à eux. On retient quelques moments dans la réalisation qui, bien que très classique, tient la route tant bien que mal, malgré de nombreuses incohérences dans le scénario. John R. Leonetti ne transforme pas encore l’essai cette fois. Trop prévisible, trop convenu, The Silence reste un petit survival de plus. 
M.V.



EN BREF
titre original : The Silence
distribution : Stanley Tucci, Kiernan Shipka, Miranda Otto...
pays d'origine : Allemagne
budget : N.C.
année de production : 2019
date de sortie française : 10 avril 2019 (SVoD)
durée : 90 minutes
adrénomètre : ♠
note globale : 2/5

† EXORCISME †
▲ Kiernan Shipka (Ally)
▲ Les monstres volants
▲ Stanley Tucci (le père)

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Aucune tension
▼ Trop prévisible
▼ Manque de crédibilité

LE FLIP
Enfermés dans la voiture sous l'attaque des chauves-souris kamikazes...

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