LA VALLÉE DE LA MORT (1982) de Dick Richards [Critique]

Évaluation du dossier : 3/5 []

Après le divorce de ses parents, le jeune Billy part en périple dans la vallée de la Mort avec sa mère et son nouveau petit ami. Pendant le voyage, l'enfant va découvrir dans une caravane un drôle de pendentif. Le cauchemar peut commencer...

Figurant parmi les grands absents des bacs à DVD de l'hexagone, La Vallée de la Mort et sa jaquette tape-à-l’œil, a pourtant connu une carrière honorable en vidéoclub au format VHS. C'est finalement l'éditeur bien inspiré Elephant Films qui déterre cette rareté au contenu trop sage pour un film d'horreur mais bénéficiant d'une photographie très réussie.

La Vallée de la Mort, produit en 1982 par Elliott Kastner à qui l'on doit quelques œuvres notables telles Angel Heart d'Alan Parker ou encore le remake du Blob par Chuck Russell, s'intéresse au jeune Billy Stanton. Encore tout perturbé par la séparation de ses parents, il se voit imposer d'aller vivre auprès de sa mère fraîchement recasée avec Mike, aux aspirations bien éloignées du jeune citadin. Pour tisser du lien, et c'est loin d'être gagné, la petite troupe part en excursion touristique dans la fameuse vallée de la Mort en plein désert mojave. Sur place, l'ennui puis la convoitise poussent l'enfant à commettre un geste qu'il va très vite regretter. Mais trop tard, le père Fouettard est déjà à ses trousses pour le punir.


À hauteur d'enfant puisqu'il adopte le regard de Billy, ce qui explique peut-être le peu d'horreur graphique, Dick Richards, à qui l'on doit un autre récit initiatique, La Poussière, la Sueur et la Poudre en 1971, semble avoir la sensibilité nécessaire pour traiter d'un tel sujet. Ce réalisateur rare (sept longs-métrages en 14 ans et plus rien depuis 1986) filme un monde qui, sous des apparences de vaste terrain de jeu au travers des yeux de Billy, s'avère en réalité bien plus sombre lorsque le gamin va découvrir qu'il est la proie d'un tueur de sang-froid. Pour raconter cette histoire d'apprentissage, Dick Richards s'inspire du slasher, alors en vogue, mais en plus light. Il reprend aussi un peu de Steven Spielberg dont une scène sur la route évoque Duel et lorgne également du côté de Shining lorsque le tueur débarque dans la chambre puis tente d'entrer dans la salle de bain. Sans oublier un soupçon de La colline a des yeux et son désert aride sauvage et menaçant. Mais il parvient à sortir de ces références pour suivre sa propre voie, plutôt risquée. En effet, là où le spectateur attend des effusions de sang et un enchaînement de scènes choc, le réalisateur passe le film à tenter de le convaincre que son sujet est ailleurs. Ce que vient d'ailleurs entériner la dernière scène qui, sous forme de fin ouverte, témoigne de l'acceptation de l'enfant de ce nouveau beau-père dont il a au final un peu besoin...


Si on souligne un certain culot dans la manière qu'à Richards de promettre un sommet du genre pour au final, n'en retenir que quelques codes, c'est surtout l'approche thriller qui porte ses fruits, servie par la superbe photographie de Stephen H. Burum, notamment dans les scènes nocturnes. Rien d'étonnant sur ce point puisque son C.V. contient notamment La Foire des ténèbres de Jack Clayton, L'Emprise de Sidney J. Furie et qu'il a surtout été un fidèle de Brian De Palma et Francis Ford Coppola. Côté bande-son, on trouve Dana Kaproff (Terreur sur la ligne, The Amityville Murders). Assez typique de son époque, parfois atonale, d'autres fois stridente voire répétitive jusqu'aux limites du supportable, on ne sent pas la grosse inspiration sur ce poste. Le problème étant que les parties crescendos ne débouchent souvent sur rien (ancêtre du fake scare ?), mais ce sont peut-être autant d'occasions supplémentaires pour le réalisateur de rappeler que son long-métrage ne va pas là où on le pense.

Face à la caméra, on retrouve dans le rôle du beau-père Paul Le Mat (American Graffiti, American History X) disparu des écrans depuis plus de 10 ans et que l'on retrouvera dans le prochain Jack Snyder, Eli Elder. Catherine Hicks (Jeu d'enfant) interprète la maman du jeune Billy incarné par Peter Billingsley qui a réussi à dépasser la difficile étape d'ex enfant acteur pour devenir un brillant producteur (Iron Man, Zathura : une aventure spatiale). On retrouve aussi dans des rôles moindres Wilford Brimley (Le Justicier de minuit, The Thing) ou encore Edward Herrmann, inoubliable Max dans Génération perdue.



On pourra toujours lui reprocher un certain manque d'intensité, des situations téléphonées, ou encore des séquences un peu longuettes sans réelle justification, La Vallée de la Mort est en réalité plutôt honorable pour l'époque. Il peut s'aborder comme un film d'horreur soft (trop diront certains) qui peut se voir en famille. On s'amuse aussi de la réalisation parfois clipesque de Dick Richards, à base de ralentis, de jump cuts. L'ensemble donne, malgré une étrange impression de flottement, la sensation qu'il y a bien quelqu'un au poste de réalisateur. Il faut donc ne pas s'attendre au film d'action du siècle, bien au contraire, mais plutôt à un thriller soigné qui se laisse regarder pour ses quelques excès d'audace mais surtout sa photographie ultra soignée mise en valeur par la remasterisation HD, notamment dans les scènes de nuit, qui n'ont rien à envier aux plus grands.

EN BREF
titre original : Death Valley
distribution : Paul Le Mat, Catherine Hicks, Stephen McHattie, Peter Billingsley...
pays d'origine : États-Unis
budget : N.C.
année de production : 1982
date de sortie française : 13 juillet 1982 - 12 novembre 2019 (BD/DVD - Elephant Films)
durée : 87 minutes
adrénomètre : ♠
note globale : 3/5

† EXORCISME †
▲ Photographie
▲ Les paysages
▲ Concept prometteur

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Manque de relief et d'intensité
▼ Peu d'horreur
▼ Scènes parfois sans intérêt pour l'histoire

LE FLIP
Un tueur derrière la porte de la salle de bain...

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