L'EMPRISE (1982/1983) de Sidney J. Furie [Critique]

Évaluation du dossier : 3.5/5 []

Carla Moran est un soir brutalement agressée et violée par une entité mystérieuse dans un pavillon proche de Los Angeles. La nuit suivante, de mystérieux phénomènes d'une rare violence provoquent sa fuite. Alors qu'elle entame une thérapie avec un psychologue, s'interrogeant sur sa santé mentale, elle se tourne également vers des parapsychologues qui lui confirment qu'elle est la proie d'une force maléfique.


Considéré comme le haut du panier en matière de ghost stories, L'Emprise (The Entity en V.O.) débarque sur les écrans français au début de l'année 1983 et s'avère ce qui sera sans doute la plus belle réussite artistique de son réalisateur Sidney J. Furie.


Un mois après Amityville 2 : Le possédé  avec qui il partage un réalisme et un premier degré glaçant, et 4 mois après Poltergeist, qui mixait ingénieusement grand spectacle et horreur, L'Emprise apportait avec vigueur sa contribution à une année placée sous le signe de l'activité paranormale. Un autre point commun relie ces trois films : ils s'appuient sur de solides effets spéciaux de plateau avec des maquillages, signés ici Stan Winston (Terminator, Aliens Le retour), qui demeurent une véritable prouesse en termes de réalisme et qui n'ont pas pris une ride presque 40 ans après.



Pour le réalisateur Sidney J. Furie qui sortait de deux expériences cinématographiques chaotiques, la proposition de réaliser L'Emprise fait figure de bénédiction tant il juge le scénario de Frank De Felitta (Audrey Rose) parfait et surtout solide. Il n'y apportera d'ailleurs qu'un seul changement majeur : le retrait pur et simple d'une séquence qui sera cependant tournée et qui illustrait le rêve érotique de l'héroïne en compagnie de son fils. Si on peut comprendre le malaise et l'hésitation à illustrer ainsi l'hypothèse œdipienne dans les tourments de Carla, interprétée par une Barbara Hershey (Insidious, Black Swan) magistrale, cela sera plus discrètement suggéré lors d'une dispute entre la jeune femme et son psychiatre. C'est Ron Silver (À la poursuite du diamant vert, Horreur dans la ville) qui incarne Phil Sneiderman, un cartésien qui ne peut se résoudre à croire en l'explication surnaturelle. Il sera au cœur d'un vif combat entre septiques et croyants, illustrant la lutte plus intime de l'héroïne.



Avec un tel concept, l'ensemble aurait pu s’avérer risible mais Sidney J. Furie croit en son sujet et parvient à lui donner une troublante crédibilité. En effet, il emprunte le point de vue de Carla, multipliant les effets de plateau, sans snober pour autant les théories plus psychiatriques auxquelles il laisse un espace d'expression. Montrer les manifestations, parfois rudes, de manière clinique à renfort d'un bande-son hypnotique électronique – signée Charles Bernstein (CujoLes Griffes de la nuit) – a quelque chose de très "carpenterien". Outre le fait qu'elles témoignent de la violence des attaques, elles permettent aussi de saisir le point de vue du réalisateur, pas si neutre sur l'affaire.



Car ce qui constitue la véritable force de l'œuvre et la rend d'autant plus marquante, c'est qu'elle s'inspire d'une histoire vraie, du moins vendue comme telle par de nombreux protagonistes, à commencer par Doris Bither, aujourd'hui décédée, qui aurait été par 15 fois attaquée et violée par des entités surnaturelles. Son cas inspirera l'écrivain Frank De Felitta, lui-même témoin, en compagnie de 17 experts, de ces apparitions spectrales chez la jeune femme. C'est un minutieux travail documentaire qu'il avait consacré à ce sujet, passé à la trappe, qui le poussa à écrire le scénario de The Entity. Il y insufflera une certaine brutalité physique et psychologique qui, d'une certaine manière, le substituera au documentaire mort-né. Bien-sûr, l'approche réaliste est à double tranchant puisqu'elle éveille d'autant plus les soupçons quant à la part de vérité que l'œuvre véhicule. Quoi qu'il en soit et peu importe les croyances de chacun, la bataille rangée entre les experts des deux camps a au moins le mérite d'apporter des arguments pour nourrir toutes les opinions.
N.F.T.



EN BREF
titre original : The Entity
distribution : Barbara Hershey, Ron Silver, David Labiosa...
pays d'origine : États-Unis
budget : 9 000 000 $
année de production : 1982
date de sortie française : 23 février 1983 - 31 octobre 2019 (Blu-ray/DVD)
durée : 124 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5

† EXORCISME †
▲ Très bonne réalisation
▲ Excellente actrice
▲ Effets spéciaux de Stan Wiston

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Approche réaliste à double tranchant
▼ Un peu long
▼ Parfois maladroit

LE FLIP

Des attaques sévères que personne ne peut interrompre...

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