FREAKS (2018/2020 - DTV) de Zach Lipovsky, Adam B. Stein [Critique]

Évaluation du dossier : 4/5 []

Chloé a 7 ans et n’a jamais vu la lumière du jour. Son père la maintient à l’écart du monde extérieur, ne cessant de lui répéter qu’elle est différente et que tout ce qui se trouve de l’autre côté de la porte d’entrée représente une menace. C’est en bravant tous les interdits que Chloé va pouvoir découvrir la vérité sur sa condition.


S'il évoque forcément La Monstrueuse Parade de Tod Browning avec laquelle il partage le titre original, Freaks prend sa propre direction, inattendue et audacieuse et révèle un duo inspiré et prometteur constitué de Zach Lipovsky et Adam B. Stein.

Grand vainqueur du PIFFF 2018 où il rafle l’Œil d'or dans la catégorie long-métrage international, et cumulant les récompenses notamment lors du 37e BIFFF, aux Utopiales 2018 ou encore à Sitges la même année, Freaks semble, d'après les retours festivaliers, receler de ce précieux alliage qui fait souvent défaut à la production actuelle : de l'ambition, un poil d'audace et le talent nécessaire pour surmonter efficacement les écueils d'un petit budget. Cet enthousiasme, qu'il est souvent urgent de prendre au sérieux si l'on ne veut pas passer à côté des pépites du genre, instaure donc un climat de confiance suffisant alors que le public est propulsé au cœur d'une première partie mystérieuse, durant laquelle, en même temps que la jeune héroïne, il doit reconstituer le puzzle qui lui permettra de démêler le vrai du faux.


La véritable réussite de Freaks est dans cette capacité du duo de réalisateurs à livrer un récit à première vue opaque (sans tomber dans le cryptique) mais suffisamment immersif pour obtenir l'attention du public. Mais surtout, qualité rare, il s'ingénie à ne pas laisser le spectateur deviner la direction que va prendre l'histoire. Le long-métrage s'apprécie donc d'autant plus si l'on en sait le moins possible sur ses tenants et aboutissants. S'articulant autour d'une intrigue en crescendo, il ne reste alors plus qu'à profiter du spectacle jusqu'à une dernière bobine sans temps mort.

Sans trop en dévoiler, on se réjouit de trouver en Freaks les saveurs des meilleures séries B, de celles qui ne craignent pas de mélanger les genres et faire de son récit une priorité. Ici, Zach Lipovsky et Adam B. Stein mêlent habilement fantastique, science-fiction, horreur, drame et action aux limites du film de guerre. On se rapproche de l'univers des X-Men, notamment du deuxième volet cinématographique puisque sont interrogés les problèmes d'intégration lorsque l'on est différent, ici sur fond de lien familial et de sacrifice parental.


Bien qu'on adopte le point de vue de la jeune Chloé, on évite l’habituel combat manichéen entre le bien et le mal. Chaque personnage est mû par des motivations crédibles et bien que l'on soit forcément un peu plus du côté de la jeune héroïne, on ne valide jamais à 100 % ses initiatives meurtrières. Il faut dire que la gamine atteint un niveau de sociabilisation proche du zéro tout en étant dans une obsessionnelle recherche d'un cocon familial.

Au niveau du casting, tout le monde fait le job avec conviction, qu'il s'agisse d'Emile Hirsch (Once Upon a Time... in HollywoodThe Jane Doe Identity) dans le rôle du père, Bruce Dern (Once Upon a Time... in Hollywood, Twixt, The Hole) dans celui du vendeur de glaces, Amanda Crew sous les traits de Mary (Le Dernier Rite, Destination finale 3) ou encore de la jeune Lexy Kolker, bluffante dans le rôle de Chloé. Ne comptez pas sur nous pour nous étaler sur cette brochette de personnages afin de conserver l'intrigue. D'ailleurs, si ce n'est pas trop tard, nous vous conseillons de faire l'impasse sur la bande-annonce et vous procurer rapidement cette énième collaboration, la première réellement brillante, entre Zach Lipovsky (Leprechaun: Origins, Dead Rising) et Adam B. Stein (Forever Boys, Mech-X4) qui, espérons-le, connaîtra d'autres moments de grâce de ce niveau.
N.F.T.



EN BREF
titre original : Freaks
distribution : Emile Hirsch, Bruce Dern, Grace Park...
pays d'origine : Canada / États-Unis
budget : N.C.
année de production : 2018
date de sortie française : 8 janvier 2020 (DTV - Lonesome Bear)
durée : 105 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 4/5

† EXORCISME †
▲ Scénario surprenant
▲ Casting efficace
▲ Série B réussie sur le fond et la forme

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Démarrage crescendo
▼ Début un peu opaque
▼Affiche trop détaillée

LE FLIP
Une tentative de meurtre à la perceuse...

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