Twixt (2011/2012) de Francis Ford Coppola

ADRÉNOMÈTRE  ♠ 
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Un écrivain spécialisé dans la sorcellerie arrive dans une petite bourgade des États-Unis pour y promouvoir son dernier roman. Il se fait entraîner par le shérif, également écrivain à ses heures perdues, dans une mystérieuse histoire de meurtre. Le soir même, il rencontre V en rêve, un énigmatique fantôme d’une adolescente dont il soupçonne très vite un lien avec le meurtre commis en ville. Pensant avoir trouvé un passionnant sujet de roman, il décide de tenter de démêler cette énigme. Il va dès lors fouiller les méandres de son subconscient et découvrir que la clé du mystère est intimement liée à son histoire personnelle.

Les amateurs de poésie macabre, de cinéma dépaysant, d'histoires brumeuses, d'images éthérées et autres personnages singuliers, pourraient très bien apprécier ce véritable objet filmique non identifié.
De manière totalement artisanale, avec un budget limité à la manière de ses années Corman, tournant même certains plans à la maison, le réalisateur de Dracula s'est inspiré de son vécu et principalement du deuil plutôt chaotique de son fils mort dans un accident de bateau en 1986, pour écrire ce voyage étonnant dans un univers improbable situé quelque part entre Twin Peaks et le jeu vidéo Alan Wake. 

Loin des leçons de mise en scène de ses principaux chefs-d’œuvre, Coppola prend ici le parti d'une réalisation sobre, privilégiant la force de son histoire, des décors et  des acteurs, parmi lesquels figure Val Kilmer en écrivain tourmenté à la recherche de l'inspiration. Il croisera dans sa quête un autre écrivain tourmenté, sous les traits de Ben Chaplin, Edgar Allan Poe. 


Si globalement Twixt peut déstabiliser les aficionados du Parrain,  il n'en demeure pas moins une expérience cinématographique totale. Renouant avec le gothique et les vampires depuis Dracula, le maître Coppola, n'ayant plus grand chose à prouver, choisi une mise en scène sobre, sans mouvements de caméras compliqués, au bénéfice du reste. 
C'est ainsi uniquement en apparence que le maestro se détache de la rigueur qui définit son cinéma... en témoignent une photo numérique magnifique ou encore l'intrusion de couleur dans un cadre noir et blanc lors des rêves, faisant naître des images quasi littéraires. Une technique qui a, par ailleurs, tendance à amoindrir toute émotion, et à immerger le spectateur dans ce rêve à la légèreté parfois déconcertante, situé aux frontières du réel.

Si l'ambiance est sombre, parfois glauque et un peu angoissante, Twixt n'a en revanche absolument rien de flippant. Par contre l'humour, souvent noir, est omniprésent. À relever une mémorable scène d'écriture où Val Kilmer, seul et bourré face à son ordinateur, triture des phrases dans tous les sens pour tenter de fuir, à la demande de son éditeur, certains stéréotypes littéraires, ce qu'il ne réussit pas à faire... 

Twixt se présente au final comme une œuvre singulière, codée, barrée et poétique qui a le pouvoir hypnotique d'emporter une partie du public, au risque d'en laisser une autre à quai. Perso, j'étais dans le train...
N.T.

En bref : 
titre original : Twixt
pays d'origine : États-Unis
année de production : 2011
budget : 7 000 000 $
date de sortie française : 11 avril 2012
durée : 88 minutes
adrénomètre : ♠
note globale : 4.5/5

Le flip : Un pasteur illuminé, tueur d'enfants.

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