The Hole (2009/2012 DTV) de Joe Dante

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C'est à regret que Dane et son petit frère Lucas quittent New York pour suivre leur mère dans la petite ville de Bensonville. Mais tout change lorsque Lucas, en explorant les recoins de sa nouvelle maison, découvre sous une trappe verrouillée et dissimulée dans la cave, un mystérieux trou. Alors que les deux frangins font différentes expériences pour estimer la profondeur de ce dernier, ils constatent avec effroi qu'il pourrait être sans fin. Commence pour eux une aventure qui va les obliger à affronter leurs peurs les plus profondément enfouies.

La sortie d'un nouveau film de Joe Dante fait toujours figure d'événement pour toute une horde de fidèles acquis à son œuvre. En effet, le réalisateur de Gremlins, Explorers, Hurlements ou L'Aventure Intérieure, délaissé par la machine hollywoodienne, souvent pour insubordination caractérisée, se fait rare et ses fans attendent toujours son prochain film comme on guetterait l'arrivée d'un improbable et iconoclaste messie.

Patience -ou triche- sera donc le maître-mot de cette histoire puisque la distribution de The Hole, assez chaotique, ne se faisait jusqu'à présent, que sous le (cyber) manteau. Alors que son tournage débutait en décembre 2008, sa sortie aux États-Unis n'interviendra que ce 28 septembre 2012, avec visiblement un nombre limité de projections en 3D. Un comble pour un film tourné spécialement pour ce format, et qui fait partie, pour le coup, des précurseurs en la matière. D'autant plus fou que dans des endroits plus reculés tels la Russie, il est sorti en relief et dès 2009. En France, si l'on n'a pas eu la chance de le découvrir en 3D sur grand écran, il est sorti toutefois en DVD et Blu-ray 3D le 5 octobre 2012, sous l'égide du distributeur CTV International. Si on peut souffler à l'idée que le film de Joe Dante bénéficie enfin d'une distribution française, on regrette qu'il ne passe pas par la case cinéma, d'autant que son argument 3D aurait pu séduire et combler une partie du manque à gagner engendré par la diffusion de copies sous-titrées depuis deux ans sur le net. Toutefois même dans les salons, la magie de la 3D native opère, et on sent que le réalisateur, tel un gamin, s'amuse avec ce nouveau joujou technologique.


Pour en revenir au métrage, on retrouve dès les premières images tout l'esprit qui a fait les grands films du réalisateur. Toujours très juste dans sa manière de dépeindre l'enfance, il ne prend pas de gants lorsqu'il s'agit de dresser le portrait d'une jeunesse vulgaire, égoïste, souvent en décalage avec le monde des adultes. Les rapports entre les deux frères sont aussi très toniques et donnent lieu à des échanges vifs, voir des coups souvent causés par leur écart d'âge. Ainsi le génie du réalisateur opère et il parvient en quelques plans, à établir une description précise de cette famille, de sa situation et de son mode de fonctionnement. The Hole peut dès lors réellement commencer. Et c'est dans la cave, un peu à l'image de Dont' be Afraid of the Dark, que ça se passe. Plus précisément, une cavité située sous la cave. Un excellent lieu pour doper l’imagination, surtout lorsque l'on découvre la réelle fonction de cet endroit cauchemardesque...

Joe Dante, devenu le point noir des producteurs malgré une critique plutôt favorable à son égard et une horde d'inconditionnels qui le soutiennent bec et ongles, n'a pas vraiment réussi à transformer ses œuvres en poules aux œufs d'or. Et ce n'est pas faute de proposer du cinéma de divertissement mixant judicieusement réflexion et impertinence. C'est comme ça qu'on l'aime, souvent, avec ce sens de la non compromission qu'il paye très cher et du coup, ses fans aussi. Toujours dans l'air du temps, le réalisateur multiplie les clins d’œil contemporains notamment à South Park, au found footage, aux fantômes asiatiques... Garni de répliques au double sens parfois très drôle et bénéficiant d'un casting plutôt convaincant, le film demeure assez facile d'accès. Parfois flippant, mais sans débordements gores, il développe lors de son ultime climax, une imagerie gentiment barge rappelant la contribution de son metteur en scène au meilleur segment de La Quatrième Dimension, le Film, intitulé "Its a Good Life".


Les connaisseurs reconnaîtront bien la patte du réalisateur, son regard réaliste sur l'enfance, ses traumas et sur l'éclatement de la cellule familiale... On regrettera toutefois quelques petites longueurs avant le chapitre final, une impression de budget pas à la hauteur de l'intention, mais aussi un certain bridage niveau folie. Pas de quoi s'ennuyer, loin de là même, puisqu'on se laisse très volontiers porter par cette belle histoire initiatique s'intéressant de manière touchante, subtile et pédagogique aux blessures de l'enfance.
N.T.

En bref :
titre original : The Hole
pays d'origine : États-Unis
année de production : 2009
budget : 12 000 000 $
date de sortie française : 5 octobre 2012 (DTV)
durée : 90 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5

Le flip : La petite fille à la démarche bizarre.



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