CUJO (1983) de Lewis Teague [Critique]

Évaluation du dossier : 3.5/5 []

Cujo, un gentil saint-bernard appartenant au mécanicien local, est mordu par une chauve-souris enragée et contracte rapidement le virus de la rage. Lorsque Donna Trenton et son petit garçon Tad se rendent chez lui, ils ignorent que le propriétaire vient de se faire dévorer par son chien. À la place, ils sont accueillis par Cujo, bien décidé à ne pas laisser partir ses proies. Surtout depuis que leur voiture est tombée en panne…

Grâce à l'éditeur Carlotta films qui le présente dans un nouveau master HD, Cujo prend un bon coup de jeune et plus de 35 années après sa sortie, s'affirme comme un solide film d'horreur porté par un casting en béton et un réalisateur qui maîtrise parfaitement son outil cinématographique.

10 août 1983, dans la fournaise estivale sortait en salle une œuvre qui allait justement exploiter le potentiel létal de la chaleur caniculaire. Pas juste celle d'un soleil qui vous brunit la peau, allongé sur votre serviette de plage, mais plutôt celle d'une voiture garée en plein soleil, transformée en véritable four géant pour une mère et son fils, contraints d'y rester cloîtrés pour ne pas succomber aux assauts d'un énorme chien enragé. Ce concept, que l'on doit à Stephen King, n'est pas sorti que de son imagination mais de ce jour où il se rendait dans un garage perdu au milieu de nulle part pour être accueilli par un chien particulièrement méchant. Une expérience qui allait lui coller suffisamment les miquettes pour la coucher sur le papier et en tirer un roman.


Ce récit, au concept de base simplissime, Stephen King va le consolider en échafaudant une première partie davantage psychologique, basée sur la crise traversée par Donna et Vic Trenton, jusqu'alors montrés comme un couple modèle. La première fait n'importe quoi, craignant de se laisser grignoter à petit feu par la routine qui s'installe, l'autre se consacre surtout à son travail, obsédé par l'idée de ne plus pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, des tensions et des non-dits que ressent leur jeune fils Tad, alors en proie à une peur irrationnelle d'un monstre imaginaire qui viendrait lui rendre visite dans sa chambre.

Le coup de génie de l'auteur de Christine est d'avoir su cristalliser les tensions et craintes de cette famille dans ce chien, dont la race figure parmi les plus douces, devenant ici une véritable machine à tuer. Pas simple de fixer tout cela sur pellicule et le départ de Peter Medak (L'Enfant du diable) et son directeur photo au bout de deux jours de tournage semble confirmer la chose. C'est donc sur les conseils de Stephen King qui a apprécié son film L'Incroyable Alligator, que Lewis Teague est courtisé par la production. Une idée plutôt lumineuse puisque le réalisateur va parfaitement s'approprier le sujet et retranscrire avec brio le combat de cette famille pour sa survie face aux assauts de leur environnement extérieur.


Et il est étonnant de constater à quel point cela fonctionne plus de 35 ans après. Grâce, sans doute, au savoir-faire du réalisateur de Cat's Eye, autre adaptation d'écrits de Stephen King, excellent dans sa direction d'acteur mais encore plus brillant dans sa manière de montrer Cujo et de mettre en scène ses attaques. Dans un montage tonique, souvent en plan serré, le saint-bernard, yeux coulants et bave aux lèvres, devient tout à fait crédible dans ses accès de fureur. Le travail du monteur Neil Travis (Philadelphia Experiment) donne un niveau de jeu rare au chien, certains raccords avec des plans plus larges étant parfaitement cohérents avec les plans serrés précédents. Le reste du casting est tout aussi bluffant. Dee Wallace (Hurlements, Lords of Salem) incarne une mère de famille en roue libre, rongée pas sa conscience et prête au sacrifice pour sauver son fils. Christopher Stone interprète quant à lui Steve Kemp l'ami de lycée à l'écran, mais aussi époux de Dee Wallace à la ville. À l'écran, c'est Daniel Hugh Kelly (Le Bon Fils) qui tient ce rôle compliqué, jonglant entre l'amour fuyant de sa femme, une grave crise professionnelle et la nécessité de sauver sa famille. Dans le rôle de son fils Tad, Danny Pintauro s'avère également convaincant alors qu'il n'est âgé que de 6 ans au moment du tournage.


Côté technique, la réalisation impeccable de Lewis Teague est parfaitement illustrée par la bande-son inspirée de Charles Bernstein où les motifs dramatiques, voire angoissants, prennent le pas sur des mélodies plus joyeuses et enjouées. La photographie de Jan de Bont (Piège de cristal, L'Expérience interdite), mise en valeur par ce nouveau master, offre de belles séquences aux couleurs parfois ambrées, qui donnent l'impression d'apocalypse imminente sur le territoire de Cujo. Moins bouleversante que dans le roman où Stephen King punissait de manière cruelle celle qui avait mis en péril le noyau familial, la fin offre ici plutôt une lueur d'espoir, que l'on appréciera ou non, mais qui clôt une adaptation au sujet complexe et au climat lourd.
N.F.T.




EN BREF
titre original : Cujo
distribution : Dee Wallace, Daniel Hugh Kelly, Danny Pintauro, Christopher Stone, Ed Lauter, Billy Jayne...
pays d'origine : États-Unis
budget : 5 000 000 $
année de production : 1983
date de sortie française : 10 août 1983
durée : 93 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5


† EXORCISME †
▲ Chien crédible
▲ Casting impeccable
▲ Réalisation brillante

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Fin adoucie
▼ Met un certain temps à décoller
▼ Plus psychologique qu'horrifique

LE FLIP
Cujo jaillit sans prévenir derrière la vitre de la voiture...

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