[Critique] BLACK SWAN (2010/2011) de Darren Aronofsky

Évaluation du dossier : 5/5 [♥♥]

Nina, ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet, voue sa vie entière à la danse. Alors que les répétitions pour le nouveau spectacle, "Le Lac des cygnes", ont débuté, le directeur artistique de la troupe la choisit pour tenir le double rôle principal. Mais une nouvelle arrivante, Lily, semble parfaite pour tenir le rôle du Cygne noir alors que Nina incarne le Cygne blanc à la perfection. Alors que leur rivalité se mue peu à peu en une amitié perverse, Nina découvre, de plus en plus fascinée, son côté sombre. Mais celui-ci la ronge davantage jour après jour...


Réussir à concilier film de danse et d'horreur n'était pas une mince affaire. C'était sans compter sur le talent de Darren Aronofsky, déjà auteur du très perturbant Requiem for a dream et candidat idéal pour mettre en image cette quête de la perfection qui va virer à la névrose, voire plus si affinités...


À l'écran, le résultat est sans équivoque. Mêlant avec un talent rare film de danse - avec ce que cela comporte de délicatesse, de chorégraphies sur fond de compétition - et film de terreur, tant graphique que psychologique, Darren Aronofsky croque brillamment l'état psychique d'une femme prête à tous les sacrifices pour arriver à ses fins. Pour un résultat jamais ennuyeux et un conte cruel durant lequel la douceur apparente du monde de la danse affronte la brutalité des névroses qu'elle engendre. De son approche quasi documentaire via un recours quasi systématique à la caméra à l'épaule, à l'utilisation régulière de plans serrés qui suggèrent les souffrances autant physiques et psychologiques, le spectateur est lâché dans cet univers bien moins glam qu'il n'y paraît. On y plonge de manière intime via le personnage de Natalie Portman, sans possibilité d'en réchapper, un peu à l'image de Catherine Deneuve dans Répulsion. Roman Polanski, déjà, y faisait sombrer son héroïne fragilisée et paranoïaque, dans une folie destructrice.


Niveau casting, Black Swan n'accuse aucune faute de goût entre la troublante et néanmoins touchante Natalie Portman (Léon) qui porte sur ses frêles épaules la crédibilité de l’œuvre, et l'amère Winona Ryder (Beetlejuice, Alien, la résurrection...) en étoile déchue, en passant par le frenchie Vincent Cassel (La Belle et la bête, Les Rivières pourpres...), la belle et ambiguë Mila Kunis (Le Monde fantastique d'Oz...) ou encore Barbara Hershey (Insidious, L'Emprise...) en mère paradoxale, désemparée face à sa fille en perdition.

Scénario parfaitement aiguisé, histoire originale, réalisation inspirée et cohérente, casting aux petits oignons, c'est encore un sans faute pour Darren Aronofsky qui, deux ans après The Wrestler, revenait à la charge avec des thématiques communes (obsession, passion dévorante, corps en souffrance...). Black Swan tend même à rassurer sur les capacités de nos cinéastes favoris à proposer des films de qualité sans avoir à recycler systématiquement les plus grands succès du cinéma à la sauce nouveau millénaire. Et ce même si Black Swan a pour inspiration revendiquée la combinaison du ballet "Le Lac des Cygnes" avec le roman "Le Double" de Dostoïevski.
N.T.

EN BREF :
titre original : Black Swan
pays d'origine : États-Unis
année de production : 2010
date de sortie française : 9 février 2011
durée : 108 minutes
budget : 13 000 000 $
adrénomètre : ♥♥
note globale : 5/5 

† HANTISE
▲ Un cocktail danse et terreur réussi
▲ Réalisation inspirée
▲ Casting aux petits oignons

-  DÉMYSTIFICATION -
Dérangeant pour les "âmes sensibles"
▼ Froid et hermétique
Difficile de lui trouver des défauts

LE FLIP
Les manifestations charnelles des névroses de Nina...

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Emprise


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