GHOST HOUSE (2017/2019 - DTV) de Rich Ragsdale [Critique]

Évaluation du dossier : 3/5 []

Jim et Julie passent des vacances idylliques en Thaïlande. Alors qu’ils visitent un cimetière de maisons des esprits, Julie réveille sans le savoir une force surnaturelle. Hantée et harcelée par cet esprit maléfique, elle sombre peu à peu dans la folie. Désespéré, Jim va devoir tout tenter pour la sauver...

Difficile de jouer les outsiders au sein d'un genre aux thèmes déjà bien exploités par la concurrence. En résulte ce Ghost House fatalement prévisible mais qui en fait suffisamment pour s'imposer comme une petite série B honorable.

Souvent dégommé à sa sortie, notamment pour ses références prégnantes à d'autres œuvres qui font mieux le boulot, Ghost House s’efforce pourtant de proposer quelque chose d'efficace et respectueux du genre dans lequel il s'inscrit. Alors certes, il ne révolutionne rien et son principal argument, faire peur, n'est pas toujours respecté malgré de multiples tentatives – les amateurs de jump scares devraient toutefois apprécier – mais on ne peut lui retirer une certaine maîtrise dans l'art de recycler ses références.


En louchant du côté de Jusqu'en enfer, The Grudge avec une très légère pointe d'Échelle de Jacob, et d'ExorcisteGhost House ne réinvente clairement pas le genre. Mais il l'enrichit d'un contexte exotique intelligemment exploité à base de superstitions locales et va droit au but pour vous plonger durablement dans une Thaïlande à deux visages : touristique le jour avec son architecture, ses temples, son artisanat local et, plus ambiguë, la nuit avec ses clubs de strip-tease, ses lieux glauques et parfois violents, baignés de lumières rouges tamisées. On pense alors à David Lynch et Twin Peaks: Fire Walk with Me, bien que les froides mélodies synthétiques qui accompagnent certaines séquences agrémentent l'habillage sonore d'une petite touche "John Carpenter" assez plaisante.

Encore une fois, Rich Ragsdale n'invente rien, mais la récitation est bien apprise et il parvient à rendre la nature suffisamment étrange et anxiogène pour faire ressentir la menace des esprits tourmentés prêts à fondre sur les badauds trop curieux et irrespectueux. Cette discrète réalisation n'a cependant pas à rougir face à la production lambda actuelle. Quant à Pierluigi Malavasi, déjà à l'œuvre sur un Escape Room inédit chez nous – avec au casting Skeet Ulrich, le Billy Loomis de Scream – il livre une photographie parfaite, colorée le jour et plongée dans une obscurité bleutée ensorcelante et inquiétante la nuit. 


Attention toutefois à ne pas trop s’arrêter sur des dialogues qui annoncent une histoire d'amour mielleuse, à base de "Je t'aime !" lors de la toute première réplique du film, puis de "Veux-tu m'épouser ?" ou encore "Tu es toute ma vie !" qui soulignent maladroitement toute la naïveté d'une jeune femme qui pense son couple suffisamment solide pour laisser son mec entrer sans elle dans une boîte de strip-tease thaïlandaise... pendant qu'elle attend son prince charmant dehors, devant la porte. On veut bien qu'il soit important de donner des billes aux deux Britanniques qui veulent les entraîner vers le cimetière de maisons des esprits, mais un peu plus de subtilité n'aurait pas fait de mal...

Au niveau du casting, le boulot est fait. On retrouve une Scout Taylor-Compton (Charmed, Halloween) en victime de la malédiction de "Watabe" dont elle partage les symptômes avec le spectateur. L'actrice excelle autant dans la mièvrerie que dans les tourments qui vont l'assaillir. C'est James Landry Hébert (Super 8, Once Upon a Time in Hollywood) qui lui donne la réplique sous les traits du tendre futur époux. Face à eux, Mark Boone Junior (Vampires, Seven) tente bien malgré lui de les aider à se débarrasser de l'esprit malveillant alors qu'il aurait sans doute préféré continuer à jouer les pachas dans son confortable bordel thaïlandais.


Au final, Ghost House s'impose comme une sympathique série B qui va droit au but, à l'image de sa réalisation. Il se situe à mi-chemin entre le film d'aventure, grâce à un tournage en décors naturels dépaysants, et la ghost story survoltée, même si de ce côté on regrette que la plupart des effets de peur soient moins efficaces qu'on l'aurait souhaité et c'est là que l'on retrouve le principal défaut du film : faire du par cœur sans véritablement chercher à innover pour attraper le spectateur. Un défaut largement surmontable puisque le reste est globalement réussi et vous plongera au cœur d'un cauchemar que personne n’aura envie de faire...
N.F.T.


EN BREF
titre original : Ghost House
distribution : Scout Taylor-Compton, James Landry Hébert, Mark Boone Junior...
pays d'origine : Thaïlande / États-Unis
budget : N.C.
année de production : 2017
date de sortie française : 6 mars 2019 (DVD - AB Vidéo)
durée : 89 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 3/5



† EXORCISME †
▲ Des influences prégnantes mais inspirées
▲ Un vrai potentiel flip
▲ La carte postale touristique


- DÉMYSTIFICATION -

▼ Récit sans surprises
▼ Pas assez flippant
▼ Dialogues parfois limite

LE FLIP

Watabe se met en boule...

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Jusqu'en enfer
The Grudge



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