LA PROPHÉTIE DE L'HORLOGE (2018) d'Eli Roth [Critique]

Évaluation du dossier : 3/5 []

Lewis, 10 ans, part vivre chez son oncle dans une vieille demeure dont les murs résonnent d’un mystérieux tic-tac. Mais lorsque le garçon réveille accidentellement les morts dans cette ville d'apparence tranquille, c’est tout un monde secret de mages et de sorcières qui se dévoile à lui.

Généralement habitué à des films pour spectateurs (très) avertis, Eli Roth, pour sa première incartade dans le cinéma jeune public, offre un spectacle imparfait, mais globalement réjouissant pour petits et grands.

Adaptée d'une série de 12 œuvres littéraires fantastiques pour la jeunesse, créée par John Bellair et échelonnée sur une période de 40 ans, La Prophétie de l'horloge ne parlera pas forcément immédiatement aux littéraires et pour cause : les romans sont sortis chez nous sous le titre "Kévin et les magiciens". Malgré cette traduction cavalière, l'œuvre avait les meilleurs atouts en main pour marquer durablement le genre du film jeunesse "mâture", de la production chapeautée par Amblin Entertainment à la réalisation assurée par Eli Roth, à qui l'on doit quelques souvenirs marquants de cinéma tels Cabin Fever, The Green Inferno ou encore Hostel (mais surtout Hostel - Chapitre 2), en passant par les décors remarquables de Jon Hutman (La Momie, Dreamcatcher) qui donne vie à ce manoir délirant, véritable cabinet de curiosités, et les effets spéciaux de Louis Morin (Super, La Belle et la Bête) dont l'essentiel de la tâche consistait à donner vie aux objets inanimés.


Engagé par le célèbre studio de Spielberg, Eli Roth connaissait très bien le roman à l’origine de cette adaptation. Il déclare même qu'il s'agissait, avec Amblin, des deux piliers "sur lesquels ses rêves d'enfants s'étaient construits". C'est donc du côté des années 80 que les influences sont à rechercher, une époque inspirée et vraisemblablement inspirante, où les films fantastiques pour jeune public bénéficiaient d'un soin particulier, de Retour vers le futur en passant par Gremlins ou, de manière plus évidente ici, E.T., l'extra-terrestre tant les capacités de comédien du jeune Owen Vaccaro (Very Bad Dads) évoquent celles d'Henry Thomas en 1982. À cela, s'ajoute un soupçon d'impertinence si caractéristique dans la filmographie du cinéaste – un poil trop réprimée ici – Roth construisant une sorte de "niche" nostalgique depuis les premières images du long-métrage et l'apparition du logo Universal avec un grain digne d'un film du siècle dernier. Que l'on apprécie ou non ses choix esthétiques, sans doute hérités des excentricités filmiques de son mentor, Quentin Tarantino (Django Unchained, Inglorious Basterds), on regrette parfois ce manque de personnalité que l'on attendait pourtant, bien que Roth démontre à de nombreuses reprises sa capacité à s'approprier un sujet qui aurait pu manquer de saveur dans d'autres mains.


Néanmoins, outre une intense visite guidée dans une bâtisse hantée inquiétante et étonnante, le metteur en scène nous offre notamment une mémorable séquence d'automates vivants qui ravivera la peur des clowns et autres poupées maléfiques chez certains (la plupart empruntés à la collection personnelle de Steven Spielberg), et ne semble pas moins s'éclater lorsqu'il s'agit de ramener des morts à la vie, ou de faire usage d'une magie aux effets souvent bluffants qui devrait parler à la génération Harry Potter... Si l'on peut relever quelques maladresses dans l'émotion, peut-être poussée parfois à la limite de l'excès, ou en termes de situations comiques pas aussi drôles qu'on l'aurait souhaité, on se laisse envoûter par l'atmosphère de cette maison folle, dont le plus notable représentant est un fauteuil autonome aux réactions humaines (et pas toujours la meilleure facette) aussi inattendues qu'irrésistibles.


Au casting, on retrouve des valeurs sûres telles Jack Black (Soyez sympas, rembobinez, King Kong) qui campe un oncle Lewis excentrique et un faire-valoir d'une série de gags pas toujours drôles. Pour Cate Blanchett, son interprétation de Florence Zimmerman, l'une des sorcières les plus puissantes qui aient jamais existé, est sans fausse note et montre toute la richesse du répertoire de l'inoubliable interprète de Galadriel dans Le Seigneur des anneaux. On retrouve également Kyle MacLachlan dans le rôle du sinistre Isaac Izard, à peine sorti de la nouvelle saison de Twin Peaks. Le premier rôle, celui de Lewis Barnavelt, complexe puisque intelligent, vulnérable et attachant à la fois, revient au jeune Owen Vaccaro plutôt à l'aise avec son personnage.


Malgré des qualités certaines, il faut bien admettre qu'Eli Roth ne parvient pas toujours à être précis dans sa manière d'aborder certains rouages du film, qu'ils soient comiques, horrifiques ou dramatiques. Cependant, au même titre que d'autres œuvres du même genre post 80's tels Monster House, L'Étrange pouvoir de Norman ou Super 8, la magie opère et La Prophétie de l'horloge parvient à atteindre son public, le plus jeune, mais aussi plus adulte, sous réserve d'avoir conservé cette âme d'enfant qui a fait les belles heures des productions Spielberg. Avec cette approche, on est forcément touché par le drame qui atteint Lewis, on est quand même un peu inquiets de cet oncle truculent et son étrange voisine, on est aussi horrifié par l'affreux Isaac et c'est là sans doute que le film, pour l'essentiel, atteint son but.
N.F.T. 


EN BREF
titre original : The House with a Clock in Its Walls
distribution : Jack Black, Cate Blanchett, Owen Vaccaro,Kyle MacLachlan...
pays d'origine : États-Unis
budget : 42 000 000 $
année de production : 2018
date de sortie française : 26 septembre 2018
durée : 104 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3/5

† EXORCISME †
▲ Le fauteuil
▲ Les effets spéciaux
▲ La maison

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Parfois un poil mièvre
▼ Du Eli Roth en bas régime
▼ Pas toujours drôle

LE FLIP
Les horloges la nuit...

LIRE AUSSI
Frankenweenie
L'Étrange pouvoir de Norman
Monster House



Commentaires

En cours de lecture