[Critique] FRANKENWEENIE (2012) de Tim Burton

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Après la mort accidentelle de son chien Sparky, un animal avec lequel il partageait tout, le jeune Victor Frankenstein fait appel au pouvoir de la science afin de le ramener à la vie. Dans un premier temps, il va tenter de cacher sa créature, mais lorsque Sparky s’échappe, ses copains de classe, ses professeurs et la ville tout entière vont apprendre que jouer avec la mort peut avoir quelques monstrueuses conséquences…

Pour la première œuvre de Tim Burton à rejoindre notre modeste sélection de films d'épouvante, autant le dire sans détour, ça tape fort, très fort même.

Au pilotage d'une carrière en dents de scie, au sein de laquelle on peut notamment retenir Batman et Batman le défi, Beetlejuice, Edward aux Mains d'Argent et dans le domaine de l'animation, L'étrange Noël de M. Jack (qu'il écrit et produit en 1994) et Les Noces Funèbres (qu'il coréalise en 2004), on retrouve avec Frankenweenie le goût du réalisateur pour les prouesses techniques d'une part, et surtout les univers magiques et gothiques, baignés de cette douce poésie macabre dont il a le secret.

Frankenweenie est l'adaptation de son court-métrage éponyme de 1984, avec Shelley Duvall (Shining), Daniel Stern (Very Bad Things) et Barret Oliver (D.A.R.Y.L.). Un film que Tim Burton souhaitait déjà tourner en stop motion à l'époque, à l'instar de son court, Vincent, réalisé en 1982. Mais le manque de budget l'avait forcé à se rabattre sur des prises de vue classiques. Si le court métrage matriciel use d'un noir et blanc évoquant les année 50/60 -on se croirait parfois en plein épisode de la série La Quatrième Dimension-, le noir et blanc contrasté et peu nuancé de son long-métrage d'animation lui confère cette fois davantage le cachet hollywoodien des années 30 ... le rapprochant encore plus de son modèle revendiqué, le Frankenstein de James Whale, sorti en France le 17 mars 1932. Un hommage à un film et son acteur, Boris Karloff, pour lesquels Burton a toujours témoigné une estime sans faille. Enfin, de cet univers à l'existence propre, baigné de nostalgie et de mélancolie, le noir et blanc en accentue l'aspect singulier, cloisonné, et garantit ainsi, comme souvent chez ce réalisateur, un dépaysement complet au spectateur. Et de son côté, la technique du stop motion renforce cette touche de réalisme fantaisiste incomparable avec le dessin-animé ou l'image de synthèse. Un procédé technique complexe qui fait des miracles encore une fois en terme de singularité visuelle.


Victor, passionné de sciences appliquées à ses heures perdues, est donc confronté à la mort de son animal de compagnie, jusqu'alors visiblement heureux d'être un chien, avec qui il entretenait une relation fusionnelle et trouve le moyen de le ramener à la vie. Évidemment, le miracle finit par se savoir dans son entourage et ses camarades, émulés par un devoir scolaire de travaux pratiques, veulent aussi créer leur créature... sauf que tout cela devient très vite ingérable et le tout vire à la foire aux monstres.

Si l'horreur et l'épouvante y sont plutôt soft, Frankenweenie n'en est pas moins drôle, touchant et même émouvant. Tim Burton offre une armada de personnages étonnants et drôles, de la femme bonbonne, à Edgar le jeune bossu,  du professeur, M. Rzykruski, frère jumeau de Vincent Price à  Weird Girl la fille aux grands yeux immobiles et son chat M. Whiskers, au regard inquiet et inquiétant en passant par le hamster momie, ou le chat-volant, on ne compte pas les situations comiques et les multiples clins d’œil qui raviront petits et grands, novices et cinéphiles. Car Frankenweenie, c'est mignon, tout en étant sombre, c'est plein de bon sentiments mais aussi plein de sales bestioles malintentionnées, tout le paradoxe du cinéma de Burton est présent et la magie opère ici comme rarement.

Les envolées musicales de Danny Elfman, qui en est ici à sa 17e collaboration avec le réalisateur depuis Pee-Wee Big Adventure, sont, comme d'habitude, extrêmement expressives et viennent renforcer l'impact émotionnel de l'ensemble. 


Enfin, si l'on regrette certaines incohérences gênantes, comme l'immobilisme des parents durant la scène du moulin, et un rythme un peu mollasson en milieu de métrage, la machine se réveille dans la dernière bobine lors d'un délire apocalyptique où Burton sort du schéma de Frankenstein, pour cette fois taper du côté des Gremlins, Godzilla. Mais pas question pour autant de s'éloigner de l'univers du cinéaste, le tout étant servi à la sauce Mars Attack !.

Donc oui, Frankenweenie envoie du rêve et Tim Burton semble vouloir, au moins le temps d'un film, panser les blessures de l'enfance, grands enfants inclus, en créant un monde où la vie peut devenir sans fin... Un message qui peut paraître naïf pour les adultes que nous sommes devenus, mais trouvera assurément un écho au plus profond de chacun. Et à vrai dire, le travail titanesque pour y mettre les formes fait vite oublier le côté mièvre de l'histoire. Pour une belle réussite artistique doublée d'un hommage sincère au cinéma fantastique par un amoureux du genre.
N.T.

EN BREF

3D
titre original : Frankenweenie
pays d'origine : États-Unis
année de production : 2012
date de sortie française : 31 octobre 2012
durée : 85 minutes
budget : 39 000 000 $
adrénomètre : ♥
note globale : 4/5
la fiche Sci-fi-Movies  

† EXORCISME
ussite esthétique
▲ Finale apocalyptique
▲ Hommage au cinéma fantastique

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Un peu naïf
▼ Un peu mièvre
▼ L'immobilisme des parents durant la scène du moulin


LE FLIP
Quand les monstres attaquent la ville...

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