[Critique] DEAD CROSSROADS : LES DOSSIERS INTERDITS (2015/2016 - TV) de Fabien Delage

Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥♥♥]

Trois aventuriers passionnés d'urbex (exploration urbaine) partent à la découverte des lieux hantés les plus dangereux de France au péril de leur vie. Chaque épisode de ce sinistre carnet de route les mène dans des endroits dont peu suspectent l'existence. Ils y passeront une journée et une nuit, dans l'espoir d'en percer les plus terrifiants secrets.

Fort d'une fascinante première saison qui marquait l'entrée en fanfare du documenteur au sein de la production horrifique française, Dead Crossroads revient avec une suite à l'intensité amplifiée et portée par la volonté évidente d'augmenter son capital trouille.

Une intention louable mais qui a un prix : celui de rompre clairement avec la première saison dans ce domaine. Souvenez-vous, il était alors question de ne pas trop en montrer ni en promettre, pour s'en remettre à la vérité de sites transformés par le temps et la nature. Les étranges bâtisses décharnées semblaient alors reprendre vie et leur apparence, aussi sinistre que leur histoire, suffisait à créer un sentiment de malaise. Dans Dead Crossroads : Les Dossiers interdits, la terreur sourde qui se dégageait de l'état de mort apparente de ces endroits sordides laisse la place à une horreur plus frontale, quand elle n'est pas carrément grand-guignolesque.


Ainsi, l'adrénomètre est davantage mis à contribution et quelques jump scares viennent cueillir le spectateur dans son fauteuil. Mais peut-on parler d'une véritable valeur ajoutée pour autant ? Oui et non car ce que l'on gagne en intensité les surgissements font toujours leur petit effet on le perd en conditionnement. En effet, l'un des points forts de Dead Crossroads premier du nom était justement l'ambiguïté qui pesait sur la véracité de ses légendes.

Pour le reste, on observe le même mode opératoire, soit une journée et une nuit d'exploration auxquelles on a ajou une nouveauté : une activité surnaturelle pour chaque visite.  Voilà ce à quoi vont se confronter Fabien Delage, créateur de la série,  Aurore Siza, exploratrice urbaine et Geoffrey Blandin cameraman attitré après avoir été monteur du précédent opus.


Le programme est composé de 13 visites qui sont autant de plongées étouffantes dans des endroits perdus et oubliés du Var, de Franche-Comté, de Normandie ou encore de la région parisienne. C'est aussi l'occasion d'aborder des thèmes récurrents du cinéma d'horreur comme le cannibalisme dans Le Dîner de Berthe Cardinet, l'arachnophobie dans Pris dans la toile, le surnaturel dans La Mariée était en sang et sa vengeance d'outre-tombe ou encore Le Photographe spirite où il est question de Victor Sicarius, à l'origine d'un film maudit qui déclenchait de violentes réactions chez ses spectateurs. Les psychopathes ne sont pas oubliés notamment dans Barbe-Bleue qui nous plonge au cœur de la forêt de Rambouillet dans un château témoin des meurtres de Landru ou encore dans Dispositif 18 et sa maison piégée par un fou pris dans sa propre toile. C'est le spectre effrayant d'une jeune patiente victime d'acromégalie et torturée que l'on croise en pleine nuit dans Le Calvaire de Marie Villemin. Une rencontre nocturne similaire et assez dérangeante se déroule dans Fragile et L'homme qui était devenu une bête fait monter la tension d'un cran supplémentaire lorsque l'équipe subit l'assaut d'étranges entités. Une créature effrayante leur rend visite aussi dans La Forêt du diable alors que les trois comparses sont isolés au milieu des montagnes enneigées. Enfin, l'ultime visite intitulée En chair et en os, étalée sur deux parties, plonge nos aventuriers dans un château de style néogothique situé à proximité de la frontière belge. Là, ils seront confrontés au "boucher", un bien étrange personnage qui aime visiblement affûter ses couteaux à  la nuit tombée. Un épisode qui bouleverse leur aventure et y met un terme avec panache. Cependant, pour ceux qui en redemandent, L'Écharpe rose, sous forme de treizième épisode bonus, plonge nos baroudeurs du paranormal au sein d'un pensionnat abandonné qui n'a rien à envier aux précédents segments en termes d'angoisse.


Du Projet Blair Witch aux Chasses du comte Zaroff, de Hurlements à Silent Hill en passant par Grave Encounters, les influences sont nombreuses dans Dead Crossroads : Les Dossiers interdits et on sent que Fabien Delage connaît le genre sur le bout des doigts, pour le plus grand plaisir des fans. Cela apporte une plus-value certaine à ces visites guidées de sites oubliés à l'architecture exceptionnelle, chargés d'une histoire systématiquement glauque.

Et même si c'est une nouvelle direction pour la série qui prend ses distances avec la suggestion pure et le réalisme, cela n'empêche aucunement le frisson. Bien au contraire, la peur est bien au rendez-vous, mais cette fois accompagnée d'une horreur plus graphique. Plus beau esthétiquement, plus ambitieux dans sa narration, plus fantastique dans ses intentions et moins dans la suggestion, Dead Crossroads : Les Dossiers interdits met cette fois ses protagonistes au contact non pas uniquement des légendes rattachées aux lieux, mais aussi du bestiaire flippant qui désormais les hante.
N.F.T.

 
EN BREF
titre original : Dead Crossroads : The Forbidden Files
distribution : Fabien Delage, Geoffrey Blandin, Aurore Siza
pays d'origine :  France
budget : 30 000 €
année de production : 2015
date de sortie française : 6 septembre 2016 (DTV - Factoris Films)
durée : 205 minutes
adrénomètre : ♥♥♥
note globale : 3.5/5

† EXORCISME †
▲ Flippant
Excellent concept
▲ Visites guidées passionnantes

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Trop démonstratif trop rapidement
▼ Moins réaliste que le premier opus
▼ Excès de dramatisation


LE FLIP
Le boucher qui aiguise ses lames en pleine nuit...

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