[Critique] LES PORTES DE L'ENFER : LA LÉGENDE DE STULL (2013/2015 - DTV) de Anthony Leonardi III

Évaluation du dossier : 3/5 [♥]

Dans l'espoir de se construire une vie meilleure, le pasteur Dan déménage avec sa famille à Stull, une petite ville paisible du Kansas. Sa fille, Rebecca, qui ne tarde pas à faire d'effrayants cauchemars, noue une relation avec Noah, un jeune homme mystérieux. Le prêtre de la ville, très accueillant de premier abord, paraît rapidement mijoter de sombres projets avec ses ouailles...

Les stars du rock entretiennent souvent des relations étroites avec le cinéma d'horreur. Si l'on pense à Alice Cooper variablement compositeur et acteur (The Faculty, Scream, La Fin de Freddy...), l'un des piliers du genre à l'heure actuelle est sans doute Rob Zombie, dont The Lords of Salem démontre toute la portée créative de la musique et de l'esprit métal, lorsqu'ils sont associés au monde de l'horreur.

Dans un sillon similaire, Slash, guitariste chapeau-touffe de Guns N' Roses, se jette à son tour dans la fosse aux lions et coiffe la casquette de coproducteur sur Nothing Left to Fear – traduit pour l'exploitation française par Les Portes de l'enfer : La Légende de Stull – via sa boite de production, Slasher Films, tout en assurant la composition du score. Il livre ici un petit film d'ambiance – à "seulement" 2 millions de dollars – non dénué de défauts, mais au final plutôt attachant.

Sans doute porté par les élans sombres et anticonformistes du métal, Nothing Left to Fear s'inscrit dans une noirceur assez similaire aux films de Rob Zombie, malheureusement sans jamais en épouser les contours jusqu’au-boutistes. Pas de quoi crier au scandale cependant, puisque malgré les quelques effusions sanguines syndicales, il est plutôt question ici d'atmosphère, paranoïaque principalement, puisque la pauvre famille au cœur de l'histoire se retrouve, à ses dépens, piégée dans un village de bigots déterminés à préserver leur quiétude. 


L'histoire s'inspire de la légende de Stull au Kansas, dont le cimetière, reconnu pour ses nombreuses légendes urbaines liées au diable, serait une passerelle vers l'enfer... Ah, on fait moins les malins maintenant !

À noter que l’investissement de Slash ne s'arrête pas au financement du métrage puisque le guitariste a aussi la charge de la composition d'un score omniprésent, grave et mystérieux, imprégné d'un zeste de macabre, aux côtés de Myles Kennedy (chanteur sur le projet solo de Slash), et du compositeur Nicholas O'Toole.

Étrangement et malgré ses erreurs de jeunesse, parmi lesquelles un casting pas toujours très judicieux – mais on apprécie toujours de prendre des nouvelles de Clancy Brown –, des CGI cheap ou encore un manque d'efficacité, Nothing Left to Fear, s'évertue à imposer son rythme, en se gardant de dévoiler trop vite l'épais mystère qui semble animer cette communauté. Il picore un peu à droite et à gauche, en bon film de fan qu'il est. On songe alors à Ring et ses spectres aux cheveux sales, ou au contexte paranoïaque de Wicker Man et  Wake Wood, et leur population tendance mystique, ici de connivence pour orchestrer le pire.


Si l'on ne peut nier ses défaillances, ce premier film de Anthony Leonardi III réussit à créer une atmosphère étrange dès le départ, se muant progressivement en menace à mesure que l'on découvre le secret qui anime cette communauté. Mais le manque de scènes véritablement percutantes risque de décevoir les amateurs d'images chocs et de grosses frayeurs.

Tout cela est-il suffisant pour faire de Nothing Left to Fear un navet irrécupérable ? Libre à chacun de se forger son opinion. Certains trouveront ces points rédhibitoires alors que d'autres se laisseront porter par cette modeste série B d'épouvante peu effrayante, certes, mais toujours sincère parce que produite par des amoureux du genre. Ce qui peut, parfois, faire la différence...
N.F.T.


EN BREF
titre original : Nothing Left to Fear
pays d'origine : États-Unis
année de production : 2013
date de sortie française : 11 mars 2015 (DTV - Marco Polo Production)
durée : 100 minutes
budget : 2 000 000 $
adrénomètre : ♥
note globale : 3/5


† HANTISE
▲ Quand la musique métal rencontre le cinéma d'horreur
▲ Atmosphère mystérieuse
▲ Produit par des amoureux du genre

-  DÉMYSTIFICATION -
▼ Peu effrayant
▼ Manque de scènes percutantes
▼ Effets numériques moches



LE FLIP  
C'est un village où personne n'ouvrira la porte pour vous secourir.

LIRE AUSSI
Wake Wood
The Lords of Salem
Le Chemin sans retour


Commentaires

Enregistrer un commentaire

En cours de lecture