[Critique] PROMETHEUS (2012) de Ridley Scott

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À la fin du XXIe siècle, une équipe d’explorateurs découvre un indice sur l’origine de l’humanité sur Terre. Cette découverte, associée à d'autres du même genre, les entraîne dans un voyage fascinant au cœur de l'univers, jusqu’à une lune lointaine nommée LV-223. Pensant trouver des réponses sur leur origine auprès de ceux qu'ils appellent les Ingénieurs, ils vont être confrontés à un mal inconnu, menaçant l’avenir de l’humanité...

La tâche était ardue pour Ridley Scott, inévitablement condamné à subir la comparaison entre son propre chef-d’œuvre intemporel, Alien et ce Prometheus, encore tout jeune, construit comme le socle d'une nouvelle trilogie.
Est-ce la raison pour laquelle, en cours de développement, le film est passé du statut de préquelle officielle à celui de film indépendant ? Difficile à dire, toutefois il est vrai que Prometheus développe sa propre mythologie, tout en reprenant de nombreux éléments forts de l'une des sagas horrifiques les plus célèbres du cinéma d'horreur.

Comme on pouvait l'attendre de Ridley Scott, pas vraiment un novice en la matière puisqu'il est aussi à l'origine de Blade Runner, un autre chef-d’œuvre de science-fiction, la réalisation est magistrale, le travail de Dariusz Wolski (Dark City, The Crow) sur la photo est splendide, et les amateurs de contrées lointaines, de décors gigantesques, de tempêtes de silice et autres vaisseaux fantômes mystérieux seront aux anges. On est à ce titre à l'opposé d'Alien, puisqu'une bonne partie du film se passe de jour, ou sous de puissants éclairages, ce qui permet de s'en prendre plein la vue.


Pour ceux qui préfèrent le côté "épouvante-horreur" d'Alien à son aspect "exploration" – qui demeurent intimement liés – la partie introductive de Prometheus pourrait éventuellement paraître un peu longue, puisqu'il faudra patienter une bonne heure depuis le sacrifice de l'Ingénieur, jusqu'à la première attaque du parasite... Mais l'action n'en demeure pas moins suggérée en amont, lorsqu'une tempête de sable vient préfigurer le chaos dans lequel va sombrer l'entreprise, ou encore lors de cette impressionnante scène de réanimation d'une tête d'Ingénieur, digne de Frankenstein, et qui résonne avec l'un des thèmes du film, soit le sombre destin auquel l'homme se condamne lorsqu'il se prend pour Dieu. Inutile non plus de s'étaler sur le titre du film et son rapprochement avec Prométhée, considéré dans la mythologie grecque, comme l'un des sept Titans, créateur de l'homme et de la terre.

Prometheus est donc de ces pellicules denses et indomptables que l'on ne pourra pas ranger dans une petite case. Un véritable atout puisqu'il se situe constamment au-delà des simples films d'action, de science-fiction, d'exploration, d'épouvante et d'horreur. Brassant tout cela selon son bon vouloir. À noter une séquence mémorable mêlant la plupart de ces facettes lorsque l'archéologue Elisabeth Shaw, incarnée brillamment par Noomi Rapace (Millenium, Babycall),  programme un Medipod, machine destinée aux opérations chirurgicales automatisées, pour une intervention d'urgence sur elle-même. Tétanisant et jouissif à la fois.


En revanche, d'autres choses sont plus difficiles à avaler, comme le subit syndrome Armageddon en dernière partie de métrage, ou encore le comportement incohérent de l'androïde interprété par Michael Fassbinder, dont la nature même, rend certaines réactions pour le moins étrange. Difficile également de ne pas relever cette scène déséquilibrée en terme de pathos, lorsque Élisabeth aborde son problème de fertilité, qui introduit la suite des événements de manière peu subtile. 

Toutefois, malgré ces quelques menus défauts, on ne reste pas de marbre face à la richesse thématique et tout ce qui à trait à l'interprétation et la compréhension post-visionnage. On en vient même à se dire que le propos est trop dense pour être saisi dans un laps de temps aussi court. Du coup, les questions fusent en fin de métrage, notamment pour les non initiés...


Certes Prometheus est porté par l'ambition flagrante d'en faire quelque chose de grandiose, mais ses inégalités en terme de cohérence, ou même de clarté, du moins en première lecture, lui empêchent de tenir la distance avec Alien. Toutefois, le voyage en vaut la peine pour ses nombreuses qualités. La gestion des effets de 3D, même si timides, offre quelques chouettes moments visuels, notamment lors de l'utilisation des écrans de contrôle, et il serait injuste de snober une batterie d'effets spéciaux parfaits, qui nous portent aisément dans cet univers futuriste et dépaysant. Et au final, si Prometheus joue beaucoup sur le mystère et le non immédiat, c'est aussi sans doute pour mieux être vu et revu sans déplaisir, en y découvrant à chaque fois de nouvelles données qui lui donnent toujours plus de sens. Sans parler des suites annoncées qui apporteront, à n'en point douter, leur pierre à l'édifice...
N.T.

Oscar des meilleurs effets visuels 2013

EN BREF
titre original : Prometheus
pays d'origine : États-Unis
année de production : 2012
date de sortie française : 30 mai 2012
durée : 124 minutes
budget : 130 000 000 $
adrénomètre : ♥
note gloable : 4/5

† HANTISE
▲ Univers futuriste
Effets spéciaux
▲ Angoissant

-  DÉMYSTIFICATION -
▼ Manque de clarté
▼Souffre de la comparaison avec Alien
▼ Quelques problèmes de cohérence
 

LE FLIP
L'attaque de deux personnages dans le vaisseau fantôme par un parasite vindicatif.

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