[Critique] COME OUT AND PLAY (inédit - 2012) de Makinov

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Beth et Francis prennent quelques jours de congé avant la naissance de leur futur enfant. Malgré les réticences de Beth, Francis insiste pour s'arrêter sur une petite île respirant la tranquillité. Ils découvrent, peu de temps après leur arrivée, que les lieux semblent habités uniquement par des enfants. Rapidement, ils réalisent que les raisons de ces disparitions d'adultes sont bien sinistres. Le couple va devoir affronter l'horreur pour quitter l'île sain et sauf.

La levée de bouclier a été immédiate à l'annonce du remake d'un grand classique du fantastique réalisé par Narciso Ibanez Serrador en 1976 : Les Révoltés de l'An 2000 (¿Quién puede matar a un niño?).
Comme souvent, le premier argument des détracteurs de ce type de pratique, interroge l'intérêt de refaire un film qui se suffit à lui-même. Ou la tentative chimérique de reproduire une œuvre dont la parfaite alchimie formelle, thématique et contextuelle, parvient à mettre en avant ses qualités en dépit de ses défauts (et une œuvre culte ne signifie aucunement œuvre parfaite). En ce sens, Serrador proposait un sujet percutant, ancré dès les premières images dans une réalité dérangeante. Pour rappel, il ouvrait son film sur des images pénibles d'actualités, rappelant que les enfants sont souvent les première victimes des conflits d'adultes. Ce contexte choisi à l'époque conférait à Quién Puede Matar a un Nino ? une bonne partie de son charme et de sa force, le faisant au fil du temps, évoluer vers le statut d’œuvre culte.


En général, la solution qui se présente pour contourner ce problème de "redite", on l'a encore vu récemment à l'occasion de la reprise d'un autre classique du cinéma d'horreur, Maniac, est de lui trouver un nouvel angle d'attaque, et modifier juste ce qu'il faut pour le rendre de nouveau attractif. Toutefois dans ce domaine, à quelques exceptions près du type La Colline à des Yeux ou The Thing, rares sont les remakes qui ont dépassé leur modèle. De la même manière, rarement ce type d'entreprise n'a réussi à occulter la question de sa légitimité, d'autant plus si l'original est considéré unanimement comme culte. Come out and Play à ce niveau, se rapproche de la problématique de l'adaptation américaine de [Rec], En Quarantaine, pas complètement mauvaise, mais pas nécessaire non plus. Makinov, étrangement, pousse le vice en ne laissant que très peu d'indices sur l'époque à laquelle se déroule son action, donnant parfois l’impression de se situer justement au même moment que Quién Puede Matar a un Nino ?, au risque de reléguer encore davantage son métrage à la vulgaire mission dépoussiérante...

Adapté du roman "El Juego de los Ninos" de l'Espagnol, Juan José Plans, tout en piochant généreusement dans le scénario de Narciso Ibanez Serrador, Makinov propose une relecture (trop) fidèle de Serrador. Exit la dérangeante séquence d'ouverture qui faisait la force de l'original, il choisit par contre de conserver certaines scènes improbables et peu crédibles, notamment lorsque le couple tente une ultime fuite motorisée...


Toutefois, il serait dommage de passer à côtés des vraies qualités de Come out and Play. À commencer par l'exercice de style offert par le mystérieux Makinov qui, ici, détient la plupart des postes clé, de la réalisation à la photo, du montage à la bande-son, en passant par la production. Porté par une musique d'ambiance atmosphérique encourageant l'immersion, un véritable climat oppressant et dérangeant se fait sentir, boosté par des blancs saturés qui renforcent l’impression d'apocalypse caniculaire. Makinov retranscrit à merveille cet étrange lien qui unit les enfants, qu'il représente comme une seule et unique entité menaçante. On apprécie également l'ajout de scènes de meurtre explicites, qui viennent quelque part compenser la disparition de l'introduction choc de la version 76. Sans oublier un climax en fin de métrage, au montage, certes pudique, mais dont l'effet cathartique s'est très vite fait sentir sur le public du festival de Gérardmer, qui a chaudement applaudi la séquence.

On pourra toujours s'insurger contre le remake d'un film culte, qui pousse le bouchon au point de ne rien modifier au scripte de base, pire, d'en conserver même les défauts, il faut bien admettre que le sujet de Come out and Play est toujours aussi percutant. Ceux qui n'ont pas vu l'original seront probablement plus enclins à l'apprécier, ne serait-ce que, pour certains, d'avoir évité de se farcir un vieux classique marqué par son époque. Ce qui est, il est vrai, le pire argument qu'il soit pour visionner un copier-coller du métrage de Serrador. Pour les autres, la légitimité du remake sera plus discutable, à savoir si le jeu en valait bien la chandelle. Le mieux, au final, étant pour chacun de voir le film et se forger sa propre opinion...
N.T.

EN BREF
titre original : Juego de Ninos
pays d'origine : Mexique
année de production : 2012
date de sortie française : inédit
durée : 95 minutes 
budget : 1 000 000 $ 
adrénomètre : ♠
note gloable : 3.5/5

† HANTISE
▲ Makinov à tous les postes clé
▲ Sujet percutant
▲ Esthétique et musique
 -  DÉMYSTIFICATION -
▼ Remake d'une oeuvre culte
▼ Trop fidèle à son modèle
▼Simple dépoussiérage ?



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