[Critique] MANIAC (2012/2013) de Franck Khalfoun

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Frank est le timide propriétaire d'une boutique de mannequins mais également un redoutable meurtrier qui scalpe ses victimes. Sa vie prend un nouveau tournant quand Anna, une jeune artiste, vient lui demander de l'aide pour sa nouvelle exposition. Alors que leurs liens se font plus forts, Frank commence à développer une véritable obsession pour la jeune fille. Combien de temps va-t-il pouvoir réfréner ses pulsions ? 

Ne tournons pas autour du pot, et débarrassons-nous immédiatement de ce qui chagrine avec ce remake du Maniac de William Lustig, écrit et produit par le duo français Aja/Levasseur et réalisé par Frank Khalfoun. Il perd clairement en glauque -entendez malsain et poisseux- probablement à cause d'un personnage beaucoup moins repoussant que celui qu'interprétait l'irremplaçable Joe Spinell (scénariste du film de William Lustig).

Il faut dire aussi qu'il est difficile pour Elijah Wood, avec sa tronche de beau gosse, et même grimé en artiste tourmenté, démodé (ou hors mode), de faire passer la même aversion ressentie à l'époque pour Joe Spinell. De la même manière, là où l'on ressent, malgré sa sauvagerie, une véritable pitié pour le personnage de 1980, lors de ses crises d'angoisse, on demeure en retrait du personnage interprété par Elijah Wood et le peu d'empathie qui finit par être ressentie l'est moins par l'interprétation du jeune acteur que par le mode de narration choisi. On apprécie toutefois la tentative d'innovation en utilisant le héros du Seigneur des Anneaux et The Faculty  à contre-emploi, d'autant qu'avec un personnage plus écrit, son interprétation demeure juste et plutôt convaincante.




L'autre problème avec Maniac, c'est son manque de fantaisie. Entendez par là, de mises à mort graphiques violentes et originales, comme le proposait le film de 1980. On se souvient par exemple du meurtre violent de ce couple dans la voiture et l'explosion de la tête de Tom Savini, par ailleurs responsable des effets spéciaux à l'époque, suite à un tir de fusil de chasse à bout portant. Ainsi, aucune scène du film de Franck Khalfoun n'en atteint le climax. On retrouve tout juste ce sentiment d'insécurité dans la scène du métro, et lors des séquences de traque en général, mais en dépit de son interdiction aux moins de 16 ans, on est loin des débordements qui jalonnent le premier film. Malgré cela, si le tueur se cantonne à des découpages en règle à l'arme blanche, principalement lorsque Franck scalpe ses victimes, l'ensemble demeure naturellement éprouvant et les amateurs de gore pourraient bien y trouver leur bonheur.

Pour accompagner musicalement cette symphonie de déviance sanguinolente, on trouve Rob, le projet solo du claviériste du groupe Phoenix. Il offre une partition électro très inspirée des sonorités et autres programmations synthétiques typiques des années 80, avec une pincée de modernité qui le fait naviguer entre Daft Punk et Tangerine Dream, et apporte un cachet froid et impersonnel à la ville, dans laquelle Franck commet ses meurtres. Le choix artistique concernant le point de vue -le film est quasiment entièrement filmé à la première personne-, entraine un excellent travail de réalisation, pour recréer des sentiments et des émotions qui sont, d'habitude, suggérés par des artifices de mise en scène classiques. On peut notamment retenir ces jeux de miroir durant lesquels la caméra s'efface et laisse apparaitre le personnage d'Elijah Wood. Ses meurtres ont également pour effet de le faire sortir de son corps, la caméra filme donc le meurtre de façon plus "traditionnelle", donnant du même coup l'impression que Frank se regarde commettre son crime. Quelques flashback qui se nourrissent d'hallucinations dans la réalité, permettent également quelques entraves à cette règle du point de vue subjectif. 




Côté scénario enfin, rien de nouveau. Le principe est le même, tout juste les deux personnages principaux sont mieux caractérisés. Toutefois on peut s'étonner de rester scotché par le film alors que son histoire pourrait être compressée dans un seul court métrage. Preuve du talent de l'équipe à l'origine de ce remake, dont le véritable instigateur est le producteur Thomas Langmann, fan du film et du genre à qui l'on doit, exception faite de ses crises de boulimie populaire, de véritables ovnis cinématographiques comme Steack ou The Artist.

Malgré une impression, en sortie de séance, que le compte n'y est pas forcément, il faut bien admettre que Maniac bénéficie d'une relecture innovante et plutôt ambitieuse dans sa forme. Intégrer Elijah Wood au projet dans un rôle à contre-emploi, et l'utilisation de la caméra subjective, lui permet de demeurer un produit malade et dérangé, et ce même si l'on fait clairement face à une baisse de régime en terme d'images choc, par rapport au film original. De plus, il serait injuste de bouder une initiative bien de chez nous, au risque de la voir s'étouffer dans l’œuf, réduisant à néant toute chance d'être pérennisée. Non, revenez, on en veut encore, et même plus !
N.T.

EN BREF
titre original : Maniac
pays d'origine : France / États-Unis
année de production : 2012
date de sortie française : 2 janvier 2013
durée : 90 minutes
budget :  6 000 000 $
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5


† HANTISE
▲ Relecture innovante
▲ Ambitions formelles
▲ Elijah Wood à contre-emploi

 -  DÉMYSTIFICATION -
▼ Moins violent que l'original
▼ Scénario rachitique
▼ Moins glauque que son modèle

LE FLIP
Au cinéma, Frank se fait des films...

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Commentaires

  1. Je viens de le regarder et je le trouve trop dérangeant, surement à cause de la vue subjective... c'est un peu trop abusé au niveau des mises à mort tellement c'est bien fait... Je mets 2/5, mais j'avoue que l'ambiance est bien pesante.

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