[Critique] WE ARE STILL HERE (2015/2016 - DTV) de Ted Geoghegan

Évaluation du dossier : 4/5 [♥♥]

Après le décès de leur fils dans un accident de voiture, Paul et Anne décident de commencer une nouvelle vie à la campagne. Mais, sans le savoir, le couple en deuil va devenir la proie des esprits vengeurs qui habitent leur nouvelle demeure. Pour ne rien arranger, les habitants du village hostiles à leur arrivée, semblent cacher un terrible secret.

Comme souvent (Insidious, Sinister, Haunt, Le Dernier rite...), tout commence par un déménagement dans une maison que l'on devine très vite hantée et par la présence d'un fantôme que l'on tente de fuir. Évidemment, l'originalité ne sera pas à chercher de ce côté. Toutefois, très vite, We Are Still Here affiche dans sa démarche faussement molle et minimaliste, sa volonté de jouer avec le genre.

Tout commence par le choix d'une maison de campagne aux allures de petit cocon douillet typique des années 70. Un choix presque osé à une époque où les maisons hantées semblent toujours disposer d'intérieurs plus déprimants qu'une morgue. De la même façon, Ted Geoghegan, nouveau venu dans le monde du long-métrage, implante ses manifestations surnaturelles indifféremment de nuit ou de jour, cherchant à s'éloigner encore un peu plus des schémas éculés du film de maison hantée.



Cependant, ne nous emballons pas, We Are Still Here n'a pas la prétention de vouloir réécrire le genre. D'ailleurs, il n'échappe pas complètement aux impressions de déjà-vu, qu'il ne cherche pas à éviter absolument mais plutôt à exploiter. Sa première réussite est sans doute son travail des ambiances, assez remarquable. L'action se situant en 79, il valait mieux ne pas trop se louper. Et tout y est : des costumes seventies aux décors rustiques en passant par les accessoires vintage, difficile de ne pas songer à l'honorable When the Lights Went Out de Pat Holden ou The Conjuring de James Wan, dont les bases "réelles" obligeaient ces derniers à inscrire leur métrage dans cette même époque.

On peut s'inquiéter dans la première partie du film d'une mise en scène discrètement maniérée, mais au final celle-ci dénote avec la production habituelle et fait office de petite respiration à l'heure ou le cinéma semble se complaire dans des enchaînements de séquences épileptiques.

Ici, le rythme lent combiné à une musique d'ambiance quasi permanente distille une atmosphère mystérieuse, en suspension, dans l'attente d'un danger latent et imminent. Viendra-t-il de cette communauté au comportement plus que bizarre, voir menaçant avec les nouveaux venus ? Ou de cette vieille malédiction qui pèse sur la ville depuis des décennies ? Le tout emballé dans une esthétique très "fulcienne", notamment pour ce qui est l'apparence des fantômes ainsi que les excès gores qui explosent littéralement dans la dernière partie du métrage.


Le plus curieux avec We Are Still Here est qu'en dépit de ses influences récurrentes et perceptibles, il s'approprie avec brio beaucoup du cinéma horrifique et des codes du film de maison hantée pour créer un nouveau matériau de plus en plus attachant et audacieux à mesure que l'intrigue avance.

Le tout s'engouffre ensuite vers un final gore des plus inattendus, la lenteur de la mise en scène laissant jusqu'alors plutôt présager une horreur mollassonne, mixant avec brio Les Chiens de paille de Sam Peckinpah avec les cultes Evil Dead de Sam Raimi et L'Exorciste  de William Friedkin. Un cocktail détonnant et salvateur qui non seulement ravira les nostalgiques de l'horreur à l'ancienne, essentiellement transalpine, mais aussi le public plus jeune à la recherche d'une horreur alternative force de proposition.
N.T.

  EN BREF
titre original : We Are Still Here
pays d'origine : États-Unis
budget : petit
année de production : 2015
date de sortie française : 27 septembre (DTV - Factoris Films)
durée : 84 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 4/5

† EXORCISME †
Bien emballé
▲ Original
▲ Gore

- DÉMYSTIFICATION -
Mise en scène un peu maniérée
▼ Lent
▼ Structure très balisée

LE FLIP
Un plombier seul dans la cave, une coupure de courant...

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