SAINT MAUD (2019/2021 - SVoD) de Rose Glass [Critique]

Évaluation du dossier : 5/5 []


Maud, infirmière à domicile, s’installe chez Amanda, une célèbre danseuse fragilisée par la maladie qui la maintient cloitrée dans son immense maison. Au début, Amanda est intriguée par cette étrange jeune femme très croyante, qui la distrait. Maud, elle, est fascinée par sa patiente. Mais les apparences sont trompeuses. Maud, tourmentée par un terrible secret et par les messages qu’elle pense recevoir directement de Dieu, se persuade qu’elle doit accomplir une mission...

Saint Maud
a joué de malchance durant la crise sanitaire, subissant plusieurs reports en salle, avant d'être finalement annulé. Il n'en demeure pas moins un premier long-métrage brillant pour la cinéaste Rose Glass qui raflera par ailleurs 4 prix dont le Grand prix au festival de Gérardmer en 2020.


La foi a offert de beaux moments de terreur au cinéma. On se souvient forcément de Carrie au bal du diable de Brian De Palma avec une Piper Laurie totalement siphonnée, mais ici, Saint Maud se rapprocherait davantage de l'excellent Emprise du regretté Bill Paxton qui déjà, mettait une âme pieuse en connexion directe avec Dieu. Avec Saint Maud, la jeune cinéaste Rose Glass se focalise sur les dérives d'un esprit fragile et influençable qui n'est parvenu à cloisonner son tempérament solitaire et un poil excentrique uniquement dans une foi dévorante. 


La réalisatrice raconte, avec une précision chirurgicale, la descente aux enfers d'une jeune femme frappée de plein fouet par une profonde crise existentielle. Elle compte pour cela sur une aide divine qui la guidera vers son destin. Rose Glass capte parfaitement le fossé spirituel et social qui sépare Maud de ses semblables et toute la détresse de la jeune fille en prise avec un mal qui semble s'étendre à son environnement qui atteint les monts les plus élevés du sinistre. Nous gratifiant de situations aussi malaisantes qu'angoissantes, Rose Glass laisse planer le doute sur la source du mal (ou du bien) qui ronge Maud. Elle en décuple d'autant toute la cruauté jusqu'au climax final, inévitable et ou une séquence réellement flippante de brève mutation vient se confronter quelques instants plus tard à un très court plan qui semble, enfin, s'affranchir de la psyché de Maud. Finalement c'est sans doute un peu les  croyances de chacun qui permettront de trancher sur la situation réelle.


Impossible de parler de ce long-métrage sans saluer la prestation remarquable de Morfydd Clark (Crawl) qui tient l'essentiel du film sur ses épaules et interprète avec brio la vacillante et inquiétante Maud. L'autre prestation remarquable est celle de Jennifer Ehle (MI-5 Infiltration, Zero Dark ThirstyRobocop) dans le rôle de la décadente et mourante Amanda. Des prestations qui viennent transcender une photographie parfaitement cafardeuse, signée Ben Fordesman, une direction artistique d'Isobel Dunhill (PanMiss Peregrine et les enfants particuliers) portée sur le glauque et une musique enfin, plutôt un habillage sonore, d'Adam Janota Bzowski (Here Before) anxiogène à souhait, parfaitement assorti à l'ensemble.


Radical, sombre et dérangeant, Saint Maud est une sorte de rencontre explosive entre Norman Bates et le cinéma d'auteur. Il constitue un premier-long métrage très convainquant pour Rose Glass qui dépeint avec justesse cette vie intérieure (plus ou moins mouvementée et équilibrée) de ses semblables et surtout avec l'excellente idée de jeter son dévolu sur une sainte-nitouche. Il est juste dommage que la situation sanitaire soit passée par là, compromettant la sortie cinéma initialement prévue le 24 juin 2020, puis reportée plusieurs fois avant d'être purement et simplement annulée. Dans la jungle actuelle de la distribution, on ne peut que vous encourager à sauter sur l'occasion de le voir si celle-ci se présente...
N.F.T.


EN BREF 
titre original : Saint Maud
réalisation : Rose Glass 
scénario : Rose Glass 
distribution : Morfydd Clark, Jennifer Ehle, Turlough Convery...
photographie : Ben Fordesman
musique : Adam Janota Bzowski
pays d'origine : Royaume-Uni 
budget : N.C.
année de production : 2019
date de sortie française : 29 septembre 2021 (SVoD - Canal +)
durée : 83 minutes
 adrénomètre : ♥♥ 
note globale : 5/5

† EXORCISME †
▲ Angoissant
▲ Casting
▲ Esthétique cafardeuse

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Sujet au final peu original
 ▼ Dimension religieuse qui peut décontenancer
▼ Risque d'impression d'une certaine lenteur

LE FLIP 
Quand les personnages semblent montrer leur vrai visage...

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