MALIGNANT (2021) de James Wan [Critique]

Évaluation du dossier : 3.5/5 []


La vie de Madison Mitchell est perturbée lorsque de terribles visions viennent la hanter. Quelle est cette créature malveillante qui la poursuit et commet ces meurtres atroces ?


Après un passage par des films d'action de type grosses cylindrées d'un côté, et super-héros de l'autre, James Wan était attendu comme le messie dans le genre horrifique par une horde de fidèles des premiers jours. Plus que les attentes du public, c'est d'abord sa propre cinéphilie que le réalisateur australien semble avoir assouvie. 

Et en effet, le résultat a de quoi étonner, voire franchement déstabiliser. Ceux qui s'attendent à un énième film dédié au paranormal risquent d'être fort déçus puisqu'au fur et à mesure que le métrage se dévoile, on comprend qu'on flirte ici plutôt avec le film d'enquête, orienté slasher, voire carrément giallo, mâtiné de film de monstre tendance parasitaire. James Wan semblant ici rendre hommage à tout un pan de la culture fantastique de Dario Argento à Wes Craven, en passant par David Cronenberg, Brian de Palma, John Carpenter ou encore Stephen King. Voilà pour l'ambiance, on n'en dira pas plus pour ne rien dévoiler de l'intrigue, mais l'essentiel à retenir est que la surprise est, à ce niveau, au rendez-vous.


Malgré un démarrage un peu étrange où quelque chose semble sonner faux et où un sentiment d'irréalité tenace contrebalance une mise en image au top et un casting efficace, Malignant prend son sujet à bras le corps dans sa seconde partie et transporte le public vers une horreur schizophrénique et parasitaire qu'il n'était pas forcément venu chercher. Ainsi, cette impression "désaccordée" en début de métrage peut à la rigueur s'expliquer de manière logique par la suite, mais d'autres apprécieront peut-être moins de voir des références "intouchables" passer ici à la moulinette de la machine hollywoodienne contemporaine. Le bon côté est que James Wan surprend vraiment par ces nouvelles thématiques qu'il propose de développer, bien qu'elles n'aient en soit rien d'original. 


Côté technique, l'effet est à double tranchant puisqu'on retrouve forcément quelques gimmicks qu'il a lui-même contribué à imposer dans le cinéma d'épouvante moderne et paradoxalement, qui fonctionnent de moins en moins, ici ou dans d'autres émanations de son travail, comme l'univers Conjuring. En effet, malgré les habituels effets mis à l'œuvre dans ce genre de film, utilisés ad nauseam ces dernières années, ne vous attendez pas à bondir de votre siège, surtout si vous êtes un aficionado du genre. Néanmoins, le réalisateur l'a compris, et à l'image de Conjuring 3 : Sous l'emprise du diable de Michael Chaves, il mise sur d'autres éléments pour cueillir son public, avec un certain succès.


Sans trop rentrer dans les détails pour ne pas spoiler, le titre Malignant renvoie à la tumeur clairement maligne évoquée depuis l'introduction où il est question de se débarrasser d'un cancer, mais il décrit aussi quelque chose de malveillant, de malfaisant qui provoque de terribles dégâts. Si James Wan utilise aussi son sujet pour, un peu lourdement, souligner que la vraie famille n'est pas forcément reliée par des liens de sang, tout comme les liens du sang peuvent être destructeurs, son scénario fleure bon les années 80 audacieuses, ici mâtiné d'horreur psycho-parasitaire et ne craint pas le ridicule avec lequel il flirte souvent, notamment graphique, sans franchir la limite (enfin pour peu que votre curseur soit bien placé) ou alors uniquement pour susciter un rire jaune chez le spectateur. Ce qui vient en partie atténuer la sensation d'étrangeté de l'introduction. 


Heureusement, James Wan s'entoure d'un casting solide pour donner corps aux personnages de ce cauchemar, et principalement Annabelle Wallis (AnnabelleAnnabelle 2 : La création du mal) véritablement brillante dans ce rôle compliqué de jeune femme en proie à des visions de meurtres réels. Pour un sujet qui déstabilisera peut-être une frange du public, mais au final il est assez réjouissant de constater que James Wan semble vouloir se faire plaisir avant de chercher à plaire, et pour cela, Malignant est, de manière consciente ou non, probablement son long-métrage le plus en phase avec son amour du genre.
N.F.T.

EN BREF 
titre original : Malignant
réalisation : James Wan
scénario : Ingrid Bisu, James Wan, Akela Cooper
distribution : Annabelle Wallis, Maddie Hasson, George Young, Michole Briana White, Jaqueline McKenzie, Ingrid Bisu, Paula Marshall, Jake Abel, Mike Mendez...
photographie : Michael Burgess
musique : Joseph Bishara
pays d'origine : États-Unis / Chine / Roumanie
budget : 40 000 000 $
année de production : 2021
date de sortie française : 1 septembre 2021
durée : 111 minutes
adrénomètre : ♥ 
note globale : 3.5/5

† EXORCISME † 
▲ Parfois intense
▲ Quelques scènes gores
▲ Mise en scène inspirée

 - DÉMYSTIFICATION -
▼ Première partie qui sonne un peu faux
▼ Peu effrayant
▼ La recette Wan qui ne fonctionne plus toujours

LE FLIP 
Là où le monstre se cache...

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