OLD (2021) de M. Night Shyamalan [Critique]

Évaluation du dossier : 4/5 []


En vacances dans les tropiques, une famille s'arrête pour quelques heures sur un atoll isolé où elle découvre avec effroi que le vieillissement est drastiquement accéléré...

M. Night Shyamalan est de retour avec un nouveau film au concept aussi fort qu'intrigant. Intitulé Old, il enferme ses personnages sur une plage mystérieuse et les confronte à un naufrage irréversible, mais ici accéléré : celui de la vieillesse...

Inspiré d'un concept découvert dans le roman graphique "Château de sable" de Pierre-Oscar Lévy & Frederik Peeters lorsqu'il écrivait Glass, Old est le signe que M. Night Shyamalan est loin d'en avoir fini avec son cinéma si particulier. Toujours à la recherche d'idées percutantes et inédites, on peut dire qu'il charge la mule ici en proposant au public une expérience humaine et sociale effrayante, dans un contexte "festif" et dans un endroit a priori sécurisé, mais où, en réalité, personne n'aimerait avoir à mettre les pieds.


Difficile d'en dire trop sans risquer de gâcher l'effet de surprise, mais disons que l'on retrouve dans Old de nombreux éléments qui constituent l'ADN du cinéma de Shyamalan, soit des éléments surnaturels, du drame, de l'épouvante et un don inégalable pour ancrer ses personnages dans une réalité palpable et un contexte des plus réalistes. C'est sans doute pourquoi le long-métrage s'avère globalement glaçant et ce, jusque dans sa conclusion, bien qu'elle sente un peu le réchauffé. Il peut aussi déstabiliser par la portée horrifique de son sujet qui s'oppose à l'aspect plus psychologique, finement écrit et qui s'impose dans l'urgence provoquée par la situation. On retrouve dans cette capacité à broder avec des sentiments totalement opposés, l'une des particularités du cinéma de M. Night Shyamalan.


Le cinéaste, revenu à des œuvres plus modestes depuis The Visit, livre ici une fascinante allégorie sur le temps qui passe. Il confronte ses personnages à une vie qui s'écoule en un battement d'aile de papillon – probablement celui qui se produit au moment où, arrivé à un âge avancé, on se retourne sur notre parcours – les contraignant à abréger tout ce qui, en temps normal, peut  prendre une vie entière à se mettre en place. Il s'arme pour cela d'un scénario efficace et très juste dans son appréciation de l'humanité de ses contemporains, incarnés par une brochette de personnages convaincants, aux évolutions parfois déstabilisantes, parfois effrayantes et d'autres fois touchantes. On retrouve au casting Gael Garcia Bernal (La Science des rêves, La Mauvaise éducation) et Vicky Krieps (Phantom ThreadMöbius) dans le rôle du couple de parents fragilisé qui affronte ses conflits dans un contexte compliqué, aux côtés de sa progéniture. Rufus Sewell (Dark City, Vinyan) y joue un inquiétant médecin, tendance sociopathe, Alex Wolff (Hérédité) est également de la partie, tout comme Ken Leung (Saw), déjà familier des plages douteuses avec Lost, mais aussi Nikki Amuak-Bird (La Malédiction, Jupiter : Le Destin de l'univers) et Abbey Lee (Lux Aeterna, The Neon Demon, Mad Max : Fury Road).


Si on reste un peu déçu par sa conclusion paranoïaque qui sent un poil le réchauffé, Old demeure une véritable réussite en termes de traitement thématique (notamment dans son approche existentielle), de récit, de casting, de réalisation, mais également de maquillages (discrets mais pas moins crédibles) assurés par Cristina Waltz et son équipe. Il est la preuve que M. Night Shyamalan a encore de belles et effrayantes histoires à conter et surtout une capacité rare à proposer des concepts forts et originaux là où d'autres ont plutôt tendance à tourner en boucle. Quitter Philadelphie, sa ville fétiche de tournage (et d'adoption) pour la République Dominicaine n'y est surement pas étranger...
N.F.T.



EN BREF
titre original : Old
réalisation : M. Night Shyamalan 
scénario : M. Night Shyamalan, basé sur le roman graphique Château de sable de Pierre-Oscar Lévy & Frederik Peeters
distribution : Gael García Bernal, Vicky Krieps, Rufus Sewell, Nikki Amuka-Bird, Ken Leung...
photographie : Mike Gioulakis
musique : Trevor Gureckis
pays d'origine : États-Unis
budget : 18 000 000 $
année de production : 2021
date de sortie française : 21 juillet 2021
durée : 108 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 4/5

† EXORCISME † 
▲ Idée de base
▲ Casting
▲ Traitement

- DÉMYSTIFICATION - 
▼ Conclusion paranoïaque qui sent un poil le réchauffé
▼ 

LE FLIP
Ne pas s'endormir en pleine ascension...

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