Prémonition (2004/2008 - DTV) de Norio Tsuruta

ADRÉNOMÈTRE   
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Hideki Satomi, sa femme Ayaka et leur fille prennent la route pour une visite familiale. En chemin, le père demande à faire une halte à une cabine téléphonique. À l’intérieur, il découvre une étrange coupure de journal qui finit par l’effrayer. Elle relate la mort de sa propre fille dans un terrible accident de voiture. Pourtant, sa fille se trouve en ce moment même à quelques mètres de lui, avec sa femme, à l'attendre tranquillement dans le véhicule…

En une dizaine de minutes, Norio Tsuruta (Ring Ø : Birthday) parvient à susciter l’intérêt du spectateur lors d'une scène d'ouverture accrocheuse, où s'entremêlent suspense, fantastique et tragédie. Rapidement, Prémonition se positionne dans le sillon d’un cinéma asiatique posé, qui prend le temps de raconter son histoire, d’approfondir la psychologie des personnages et de  dévoiler ses enjeux grâce à une mise en scène sobre, sans effets tape à l'œil.
Abordant, sous l'angle du thriller, le thème de psychophotographie, un don qui permettrait au médium de projeter ses images mentales sur de la pellicule photographique, Norio Tsuruta parvient à surprendre et faire jaillir l’angoisse de là où on ne l’attend pas forcément. 

Au-delà d’un deuil mal accusé, Prémonition traite du déchirement d’un homme dont l'étrange pouvoir le confronte à un cruel dilemme : faire connaitre aux principaux intéressés le contenu funeste de ses prédictions et être rongé par un mal qui l’affecte physiquement, ou ne rien dire et être rongé par la culpabilité jusqu’à en devenir fou, comme cela est arrivé à d’autres avant lui. Est-ce que connaître l'avenir est au final une bonne chose ? Voilà en gros l’une des principales problématiques exposées par le réalisateur qui, en mêlant la froide réalité d'un deuil dévastateur, et les manifestations surnaturelles, parvient à créer une certain climat de réalisme d’autant plus flippantes.


À souligner un dernier acte très réussi, encore plus irrationnel, qui permet à Hideki de retourner aux sources de son trauma, qui semble être lié à son étrange pouvoir. Une séquence angoissante, durant laquelle il revit la soirée en question et tente de modifier le cours du temps. Mais l'effet papillon est inévitable et ses actes entrainent d'autres conséquences qu'il tente encore de corriger, en vain. Une quête oppressante à travers le temps lors de laquelle il cherchera à rompre la malédiction.

Ainsi, les amateurs de J-Horror et de films comme Dark Water ou Ring devraient y trouver leur compte. Il est toutefois grandement conseillé d’éviter autant que possible une VF peu avantageuse, qui a la fâcheuse tendance à souligner le jeu un poil théâtral des acteurs,  voire carrément scandaleuse pour ce qui de la voix de la fille de Hideki et Ayaka, comme souvent interprétée par une adulte qui essaye d’imiter une voix de fillette.  Heureusement que le ridicule ne tue pas...

À noter que ce métrage fait partie d'un ensemble de films produits sous la bannière de Takashige Ichise dans le cadre de sa série J-Horror Theater, comprenant actuellement six films de réalisateurs confirmés dans le genre. Ils s'agit, dans l'ordre de sortie en France de Réincarnation de Takashi Shimizu (2006), Rétribution de Kiyoshi Kurosawa (2007), Kaidan de Hideo Nakata (2007), Infection de Masayuki Ochiai (2008), Prémonition (2008), et Kyofu, de Hiroshi Takahashi sorti au Japon en 2010, mais toujours inédit chez nous.
N.T.

En bref :
titre original : Yogen
pays d'origine : Japon
année de production : 2004
date de sortie française : 16 septembre 2008
durée : 90 minutes
adrénomètre : ♥♥♥
note globale : 3.5/5

Le flip : Hideki flippe à l'apparition d'un femme défigurée dans un couloir.

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