Évaluation du dossier : 3/5 [♥♥]
Une jeune blogueuse spécialisée dans l’exploration urbaine (urbex) décide d’aller visiter un gigantesque hôpital abandonné. Comme toujours elle part seule et de nuit avec son cameraman, afin de faire vivre en direct ses aventures à ses followers, avec une particularité : ne jamais couper la caméra ! Mais ce soir le lieu qu’elle a choisi va lui faire vivre un véritable cauchemar, les drames du passé y ont laissé leurs traces…
Plus de 10 années après la vague de found footage qui avait déferlé sur la planète cinéma, Hugo König apporte sa vision du sous-genre en l'agrémentant d'une performance technique rare et forcément séduisante !
L'avis de Nico
Quoi de mieux qu'un lieu réputé hanté pour y tourner un film ? Et quoi demander de plus qu'un film d'horreur made in France, pour rappeler à notre mémoire les meilleurs moments du found footage qui aura défrayé la chronique une dizaine d'années plus tôt ? C'est ce que Night Shot propose en plongeant une influenceuse un brin caractérielle et zélée au cœur d'un bâtiment abandonné, au funeste passé. Souvent avec brio, le réalisateur (et caméraman en voix off du film) Hugo König nous enferme avec elle dans ce lieu peu accueillant, en pleine nuit, nourrissant dans la foulée tous les fantasmes surnaturels possibles et imaginables.
Débarrassons-nous tout de suite des points négatifs. Forcément, si vous aimez les films d'horreur et le found footage, rien ne viendra réellement assouvir votre soif de nouveauté, ni les ressorts qui viennent ponctuellement creuser un peu plus la tombe de nos reporters, ni le travail sur le son. À ce sujet, impossible de ne pas songer au Chemin sans retour qui faisait face au même type de défi en termes d'habillage sonore, toujours prompt à vous chatouiller les tympans. Ajoutez à cela les pleurs incessants de notre pauvre héroïne en pleine panique. Bien qu'immersifs, ils prennent le risque de finir par taper sur les tympans, et par extension, sur les nerfs du public.
Heureusement, Night Shot recèle de nombreuses qualités pour compenser cela. Et il y en a ! Pour commencer, n'oublions pas la véritable performance du film qui est d'être shooté en un seul plan séquence, avec les difficultés techniques que l'on imagine et les limites que le procédé implique. Pour arriver à ce résultat et mettre en boîte la bonne prise, il aura fallu sept nuits de tournage à raison de deux par nuit. Chapeau bas, et rien que pour cela, Night Shot se démarque et sort clairement du lot. Ensuite, le choix d'un véritable site prisé des amateurs d'urbex, le sanatorium d'Aincourt, apporte ce qu'il faut de mystère et surtout d'aura malsaine (d'autant plus en nocturne) pour vous flanquer sinon les miquettes, au moins un sentiment constant de danger. On ne sursaute pas beaucoup, c'est d'ailleurs bien dommage, mais quand cela arrive, l'atmosphère globale est si oppressante que cela se concrétise de manière intense. Idem lors d'un climax un poil gore qui vient conclure toute une série d'indices dévoilés au fil des déambulations du duo de reporters.
Globalement, si l'on n'est clairement pas en présence d'un found footage aussi intense que Grave Encounters ou aussi abouti que le Projet Blair Witch, auxquels on peut parfois être tenté de le rapprocher, Night Shot, n'est en réalité pas comparable, ne serait-ce que pour ses impératifs techniques. Et si l'on devait faire une comparaison, peut-être que l'on pourrait davantage le rapprocher de la série très recommandable de Fabien Delage, Dead Crossroads où la réalité pèse davantage sur la fiction. Comme elle, Night Shot fait le taf en matière d'atmosphère angoissante, surtout auprès d'un public peu familier du genre. Véritable curiosité technique, s'il ne convaincra sans doute pas les allergiques au found footage, Night Shot constitue une bonne séance d'urbex à domicile en toute sécurité, alors que les personnages, eux, plongent tout droit dans les entrailles de l'enfer...
N.F.T.
† EXORCISME †
▲ La performance technique
▲ Le site de tournage
▲ L'atmosphère glauque
- DÉMYSTIFICATION -
▼ Les pleurs incessants du personnage principal
▼ Frustrant en termes de flip
▼ Récit peu innovant
LE FLIP
Une rencontre inattendue dans les bois...
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L'avis de Mounir
Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥♥]
Trois ans après Cold Ground de Fabien Delage, Hugo König creuse de façon significative le sillon du found footage français, soutenu par la plateforme en ligne Shadowz. Un résultat en demi-teinte pour une entreprise louable, risquée et prometteuse.
Sur le papier, Night Shot présente tous les symptômes d’un succès annoncé. Du buzz, du found footage, une formule radicale, un lieu hanté… Étrangement, exceptée la plateforme de "screaming", les distributeurs ne se sont jusque-là pas bousculés pour soutenir l’entreprise. Une brise d’ostracisme soufflerait-elle parfois sur l’hexagone ? Les productions françaises de genre ne finissent-elles pas un peu systématiquement taxées, soit de franchouillardises, soit de sous-copies ? Est-ce de cette dernière catégorie que Night Shot ressortirait aux yeux de certains ? Certes, le film d’Hugo König ne déborde pas d’originalité et rappelle une foule de précédents, de Grave Encounters au Projet Blair Witch, mais il recèle bien des qualités.
Night Shot est un plan séquence d’une heure trente. Au-delà de la "simple" performance (quatorze prises ont été nécessaires), ce dispositif fonctionne car il permet ici de motiver le principe du found footage. Le film démarre en prenant son temps et c’est bien. Nathalie Couturier, en guide improvisée, et Hugo König derrière la caméra, jouent leur propre rôle et nous embarquent à leur rythme dans les étages d’un labyrinthe aussi délabré que tagué jusqu’au dernier centimètre carré. Le bâtiment dégage une atmosphère incroyable et constitue à lui seul une curiosité et un décor de rêve que le choix du noir et blanc vient exacerber. Un ton singulier s’installe dans la rencontre de la tension palpable du plan séquence, de quelques improvisations volontaires ou non, et du caractère spontané inscrit dans le scénario. Les deux protagonistes incarnent dès le départ un couple tout en contrastes assez réussi. Le personnage d’Hugo, dans la retenue et discrétion, restera en voix off. Nathalie prend pour elle tout l’écran et toutes les émotions.
Par touches successives et comme on pouvait le prévoir, la visite guidée tourne crescendo au cauchemar. Tout le catalogue des manifestations plus ou moins surnaturelles est passé en revue, des bruits non identifiés aux objets animés, jusqu’aux mises en scène de rites macabres. Mais n’est-ce pas ce que le spectateur attend aussi de ce genre de film ? Quand bien même tout sent le réchauffé à plein nez, l’état de confusion mentale qui transpire de la comédienne et qui monte dans les tours tient bien la baraque, saupoudré d’une dose de psychanalyse qui se défend.
Le travail sur la prise de son, augmentée d’effets, s’étend au-delà de la simple séquence de glitches et flirte avec l’hallucination auditive et la poésie, en total raccord avec l’esthétique underground du lieu. Il n’en reste pas moins que Night Shot peut agacer pour ses clichés, ses textes maladroits, son manque de cohérence, une issue chaotique prévisible. Si le film semble parfois sombrer dans la facilité, ce n’est pas du fait de son parti pris formel, mais d’un certain manque d’audace dans l’écriture. Malgré ses défauts, le film d’Hugo König, avec un budget qu’on imagine au ras des pâquerettes, fait preuve de radicalité et d’ambition, distille une assez bonne tension assortie d’un ou deux jump scares, et qualifie sans complexe le camp français pour le prochain tour.
M.V
† EXORCISME †
▲ Réalisation
▲ Bande-son
▲ Décor
- DÉMYSTIFICATION -
▼ Clichés
▼ Scénario
▼ Manque de cohérence
LE FLIP
Une planche Ouija s’énerve toute seule...
EN BREF
titre original : Nightshot
réalisation : Hugo König
distribution : Hugo König, Nathalie Couturier
photographie : Hugo König
pays d'origine : France
budget : N.C.
année de production : 2018
date de sortie française : 19 juin 2020 (SVoD - Shadowz)
durée : 91 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 3/5
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