JU-ON: Origins (2020 - SVoD) de Shô Miyake [Critique]

Évaluation du dossier : 4/5 []
 
Un chasseur de phénomènes paranormaux cherche désespérément une maison maudite où une mère et son enfant ont été les victimes d'un drame il y a bien longtemps...


Après moult suites, remake et reboot, la franchise Ju-on (The Grudge) ne cesse de se rappeler à notre mémoire, à l'image de ses esprits vengeurs bien décidés à nous tourmenter pour ne pas tomber dans l'oubli...
 
Plus concrètement, vu le succès international de la franchise, on se doute un peu pourquoi... Si Takashi Shimizu (The Grudge 2, Vol 7500 : aller sans  retour), à l'origine d'une œuvre qu'il conceptualise (avec un coup de pouce de Kiyoshi Kurosawa, excusez du peu !) alors qu'il était étudiant en cinéma à Tokyo, manque étrangement à l'appel de ces origines (trop occupé peut-être à mettre sur pied Inunaki : Le Village oublié), on retrouve toutefois à l'écriture des noms qui tendent à rassurer immédiatement. À commencer par le producteur Takashige Ichise à qui l'on doit l'essentiel des films de Shimizu et Hideo Nakata, avec lequel il co-écrira le formidable Dark Water. Nous retrouvons aussi Hiroshi Takahashi, scénariste attitré et chevronné de la saga Ring.


Au fil des six épisodes de cette première saison, nous parcourons le temps, aidés en cela par un journaliste fasciné par cette maison (on découvrira progressivement pourquoi) et qui cherche à la trouver et en percer les mystères. L'ensemble tient debout grâce à un jeu parfaitement orchestré sur les niveaux de réalité. En effet, la série annonce dès son démarrage revenir sur les faits réels qui ont inspiré le mythe et sa descendance filmographique. Une émission de télévision est donc là pour assurer le spectateur que, cette fois, on est bien dans la réalité brutale, effrayante et loin des artifices horrifiques propres à divertir le spectateur que la saga avait jusqu'ici mis en place.


On démarre en 1988, pour plonger rapidement dans le bain. L'ultra violence est présente partout : inceste, viol en réunion, enfant battue... le ton est donné, la couleur de la série sera clairement noire. Une noirceur qui semble envahir des personnages incontrôlables et qui n'ont que la violence à donner en réponse à leur trop-plein de frustration. Les situations dramatiques s'égrènent au fil des épisodes, parfois à la limite du supportable, le psychologique prenant clairement le pas sur l'aspect surnaturel. Finalement, c'est un juste retour des choses lorsque l'on visionne les première œuvres qui ont popularisé la J-horror à la fin des années 90. Des métrages qui savaient user des décors, du contexte social et de la détresse psychologique de ses personnages pour fabriquer un perturbant climat de tension. Attention toutefois, l’horreur plus graphique est aussi présente : difficile notamment d’oublier cette césarienne improvisée et son fruit qui déterminera les prochaines victimes de la malédiction. Alors que la série nous fait parcourir le fil des années, les pièces du puzzle se reconstituent pour nous mener à l'origine du mal. On s'interroge alors sur sa source qui se montre autant l'expression d'une rancune ravageuse jaillie d'outre-tombe, qu'un un mal-être domestique profond tapi derrière les murs de ces habitations. L’ambiguïté est donc de mise et chacun se fera son opinion sur le sujet.


Formellement très sobre mais pas moins efficace, Ju-on: Origins conserve aussi cette multiplication des arcs narratifs qui a fait la signature de la saga, avec plusieurs personnages qui s'alternent, au point qu'on en perd parfois un peu le fil. Mais rien de véritablement gênant puisque nous finissons toujours par retomber sur nos pattes grâce au personnage principal de la série, l'enquêteur Yasuo Odajima interprété par Yoshiyoshi Arakawa, qui fait ici office de fil rouge.

Bien qu'on aurait aimé un peu plus de scènes flippantes, on apprécie de manière globale cette nouvelle série. Pour sa recherche formelle épurée, son scénario fouillé, son atmosphère lourde et son éloignement des effets de fête foraine. Le sentiment d'exigence qui transpire de chaque épisode en fait un produit bien supérieur à la gênante tentative de remettre la saga sur les rails en janvier 2020 et rien que pour cela, on vous la conseille !
N.F.T.


EN BREF 
titre original : Ju-on: Origins
distribution : Yoshiyoshi Arakawa, Yuina Kuroshima, Koki Osamura...
pays d'origine : Japon
budget : N.C.
année de production : 2020
date de sortie française : 3 juillet 2020 (Netflix)
durée : 180 minutes
adrénomètre : ♥ 
note globale : 4/5
 
† EXORCISME † 
▲ Retour à une psychologie plus fouillée
▲ Pas de jump scares inutiles
▲ Noirceur malaisante

- DÉMYSTIFICATION - 
▼ Peu effrayant
▼ Court
▼ Grande quantité d'arcs narratifs

LE FLIP 
La dame en blanc...

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