DÉCHARNÉS (2018/2019) de Mario Sorrenti [Critique]

Évaluation du dossier : 2/5 []

Alors qu'une équipe de scientifiques tente de repousser les limites de l'esprit humain en mettant au point un sérum révolutionnaire, l'expérience tourne mal et ouvre un passage entre le monde des vivants et celui des morts...

Décharnés, ou le film d’horreur à travers l’œil du photographe de mode Mario Sorrenti, est bien loin de convaincre. Cependant quelques éléments en font une petite curiosité pas totalement infréquentable.

Les choses partent déjà mal si l'on considère la traduction française de Discarnate par Décharnés qui est un contresens (et pourquoi au pluriel ?). "Désincarnés" serait plus approprié (et pas pire), d’autant que dans la V.O., la créature à l’œuvre est désignée par le terme "desencarnado". Bref, passons. C’est d’un total inconnu en matière de cinéma que nous vient Décharnés.  Et c’est donc avec d’autant plus de curiosité que l’on découvre ce premier long-métrage, voire premier métrage tout court, de Mario Sorrenti, photographe de mode italien vivant à New York, en apparence plus apte à fréquenter les tops modèles, Calvin Klein et les filles à poil que l’underground gore cinéphile.



Pourtant, dès les premières secondes le film s’engage sans complexe sur la pente de l’horreur et ne la lâchera plus. On y suit une équipe de scientifiques dirigée par le docteur Mason, ultra résolue à prouver l’existence de l’au-delà et à traquer toutes les bestioles, esprits et entités  potentielles illustres qui le peuplent. Pour cela ils sont épaulés par Maya et sa drogue ancestrale hallucinogène bien pratique pour voir plein de trucs surnaturels, et Casey, représentant du laboratoire financeur du projet. D’entrée de jeu, on sent bien que tout ce micmac fleure bon, voire fort la série B. Un rythme enlevé et une réalisation efficace et pas lourdingue pallient les "raccourcis" scénaristiques et l’absence d’originalité. Sorrenti ne s’embarrasse pas de détails. Pas le temps et probablement pas l’argent. C’est complètement incohérent, aussi tendu qu'un épisode des Experts, mais c’est léger et ça passe.



Les portraits sont brossés en un plan et deux répliques. On pense vite fait à du Mocky sous amphètes et champotes. Joyeusement, un bordel bon enfant s’étale. On ne comprend pas bien si on chasse des fantômes, des zombies, des goules, des boogeymen, ni qui a la possibilité de les voir et de les affronter et pourquoi. Mais c’est pas grave, avec la fatigue et deux bières on profite du décor de cette villa abandonnée aux allures d’hacienda, bien éclairée par Mario Sorrenti lui-même, et qui constitue le théâtre unique de cet authentique foutoir. C’est au bout d’une heure que l’on finit par jeter l’éponge, quand on ne comprend vraiment plus rien à ce fatras d’hallucinations et que justement, l’entité pourchassée en vient à s’incarner mais peu importe, il est trop tard et on a depuis longtemps compris la fin, ou alors on s’en fout carrément. De toute façon ça fait un bail que Sorrenti a quitté le navire et nous aussi.



Côté comédiens, on pointe les présences notables de l’artiste français performeur Olivier de Sagazan, habituellement sollicité pour des formats plus marginaux (clips, documentaires…), dans le rôle du monstre, et du plus conventionnel et expérimenté Thomas Kretschmann (Resident Evil: Apocalypse, Blade II, Le syndrome de Stendhal…). Notons la présence aussi de Nadine Velazquez (House of the Dead 2) et Josh Stewart (Insidious: la dernière clé, Beneath the Dark). Mais d’une façon générale tous les acteurs tirent leur épingle du jeu. Dans la foulée saluons également Harald Kloser et Thomas Shobel, co-auteurs d’une bande-son aux inflexions électroniques à des années-lumières des insupportables stéréotypes habituels.

Au moins, et même si on l’a déjà oublié avant l’avènement de son générique final, ce premier film s’avère-t-il sans prétention, plutôt frais et spontané malgré tous ses clichés et casseroles au mètre carré. En cas de récidive, tout le mal que l’on souhaite à Mario Sorrenti est qu’il se paie un (vrai) scénariste.
M.V.



EN BREF
titre original : Discarnate
distribution : Matt Munroe, Chris Coy, Thomas Kretschmann, Nadine Velazquez, Josh Stewart, Bex Taylor-Klaus...
pays d’origine : États-Unis
budget : N.C.
année de production : 2018
date de sortie française : 9 avril 2019 (VOD/BD/DVD - Factoris Films)
durée : 84 minutes
adrénomètre : ♠ 
note globale : 2/5

† EXORCISME † 
▲ Mise en scène
▲ Photographie
▲ Bande-son

- DÉMYSTIFICATION - 
▼ Scénario insuffisant
▼ Aucune intensité
▼ Manque d'originalité

LE FLIP
Le boogeyman vient vous chercher dans votre lit.

LIRE AUSSI
L'Expérience interdite
Lazarus Effect
Le Projet Atticus



Commentaires

En cours de lecture