L'EXPÉRIENCE INTERDITE - FLATLINERS (2017) de Niels Arden Oplev [Critique]

Évaluation du dossier : 2.5/5 []
Cinq étudiants en médecine se lancent dans une action aussi audacieuse que dangereuse afin de vivre des expériences de mort imminente. Sur eux-mêmes, volontairement, ils provoquent des arrêts cardiaques pendant de courtes périodes et reviennent à la vie. Très vite, ils vont devoir affronter non seulement leur part d’ombre et leur passé, mais plus effrayant encore, les phénomènes paranormaux liés au fait qu’ils sont revenus de l’au-delà… 


Imparfaite mais attachante, la version originale de L'Expérience interdite, sous la houlette de Joel Schumacher, avait le mérite de faire une proposition thématique et esthétique plutôt pertinente.


A contrario, cette relecture, hormis le petit coup de dépoussiérage, peine à lui arriver à la cheville. La faute essentiellement à de nombreuses et incompréhensibles maladresses qui minent le projet. À commencer par la présence de Kiefer Sutherland (Twin Peaks: Fire Walk with Me, Génération perdue), un rescapé du casting original qui, pour une raison qui nous échappe totalement, revient bien, mais pour y interpréter un autre personnage, de surcroît médecin. Comment est-il possible que les scénaristes ne percutent pas en se disant "Mais c'est bien sûr, faisons revenir le personnage de Nelson Wright tourmenté dans sa jeunesse par la mort du jeune Billy Mahoney pour en faire un personnage central" ? Comme si sa tronche pourtant si particulière n'allait pas perturber la lecture du film, surtout auprès des connaisseurs de la version de 1990. Après les caméos navrants des ex-Ghostbusters dans la version de 2016, Sony serait-il passé maître dans l'art de la frustration cinématographique ? Sauf qu'en réalité, le retour de Kiefer Sutherland dans ces conditions a plus tendance à évoquer un projet de suite avorté qu'un innocent clin d’œil à l'original.



Pourtant, avec un sujet aussi passionnant et vaste que l'exploration post-mortem, le projet partait avec de sérieux atouts séduction, ne serait-ce qu'auprès de la communauté de fans de cinéma fantastique et de science-fiction. D'ailleurs, quand le développement de la thématique transpirait dans la mise en scène et la vision esthétique de Joel Schumacher, le traitement du Danois Niels Arden Oplev, s'avère froid, fade, sans éclat ni réelle proposition. L'exploration de la mort n'est dès lors plus un prétexte à une vision esthétique mais à quelques effets numériques désespérants ou à une accumulation de jump scare qui ratent leur cible la plupart du temps faute d'atmosphère suffisamment étouffante.

Pire, il est difficile de situer les véritables intentions du réalisateur, les allusions à la religion lors du premier trip (voyage au-dessus puis dans une église, plans de vitraux, gros plan du Christ...) laissant entendre qu'elle aura sa place à jouer ici. Seulement, à aucun moment cet élément n'est exploité, ne serait-ce qu'en tant que piste. Certes, le film parle bien de péchés, de leur expiation, du pouvoir suggestif de la conscience, du pardon, mais semble totalement se défausser des symboles et questions théologiques qui découlent de ce premier voyage. Sans jamais creuser la question métaphysique, scientifique ou religieuse propre à la mort, il ne reste pour le spectateur qu'un voyage paranormal un peu simpliste et sans véritables éléments de réflexion.


Heureusement, le casting est plutôt honorable, bien qu'il prenne ses distances avec celui du premier film, plus bankable. À Kiefer Sutherland, Julia Roberts, William Baldwin, Oliver Platt ou encore Kevin Bacon succèdent Ellen Page (Super, Inception) dans le rôle de la savante folle à l'origine de l'expérience, Diego Luna (Rogue One: A Star Wars Story) dans celui du raisonné docteur mulet-chignon, Nina Dobrev (Scream Girl, Vampire Diaries), James Norton (Black Mirror, Doctor Who) et Kiersey Clemons, font quant à eux le job et convainquent dans la vie comme dans la mort.

Pas aussi affreux ou imbuvable que sa réputation le suggère, on se surprend, avec un niveau d’exigence minimum, à se prendre au rythme du film. Ce qui n'est pas difficile, devant l'universalité du thème qu'il porte. S'il peut donc être vu pour la détente, son manque de contenu, d'apport thématique et artistique en font au final une œuvre fade, sans consistance, inutile et qui ne souffre pas la comparaison avec son modèle.  D'ailleurs en 1 h 50, on a largement le temps de se convaincre que ce remake maladroit au possible a visiblement des choses à raconter, mais au final pas grand chose à dire.
N.F.T.

 
EN BREF
titre original : Flatliners
distribution : Ellen Page, Diego Luna, Nina Dobrev, James Norton...
pays d'origine : États-Unis / Canada
budget : 20 000 000 $
année de production : 2017
date de sortie française : 22 novembre 2017
durée : 110 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 2.5/5

† EXORCISME †
▲ Le sujet
▲ Rythme convenable
▲ Le casting

- DÉMYSTIFICATION -
▼ La vision de la vie après la mort
▼ Mise en scène académique
▼ Traitement thématique superficiel

LE FLIP
Un petit tour d’ascenseur fou !

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