Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥♥]
Fondé en 1976 par le Dr Henry West, l’institut Atticus était spécialisé dans l’étude de personnes développant des capacités paranormales : parapsychologie, voyance, psychokinésie... Des milliers de personnes ont été étudiées, des dizaines d'articles ont été publiés, mais aucun cas étudié jusque-là n’avait préparé le Dr West et son équipe à l’arrivée de Judith Winstead. Son comportement étrange et ses pouvoirs dépassaient amplement ce qu'ils avaient observé jusque-là...
Plus rare et d'apparence beaucoup plus soignée que son proche cousin foutraque, le found footage, le documenteur parvient parfois à se faufiler dans les bac à DVD, ou mieux, dans les salles de cinéma, pour nous offrir une petite pépite suffisamment bien foutue et nous convaincre de ses mensonges qui se prennent pour la réalité. Le Projet Atticus fait partie de cette catégorie.
Loin de prendre son sujet à la légère, Chris Sparling – à l'instar de Barry Levinson qui s'était déjà prêté à cet exercice de style pour The Bay – adopte et, visiblement, maîtrise, la dramaturgie documentaire, confrontant fausses images d'archives et témoignages récents des divers protagonistes de l'expérience, en passant par des commentaires explicatifs en voix off, illustrés de photographies "d'époque"... Un soin et un sérieux dans le traitement des supports, qui permettent à ce Projet Atticus, sans toutefois les dépasser, de concurrencer d'autres réussites du genre telles The Bay ou encore les inédits et pourtant formidables Lake Mungo et The Tunnel.
À l'aise dans l'art du conditionnement et de la suggestion, Chris Sparling renforce la crédibilité de son faux documentaire en glissant notamment quelques dialogues qui font mouche dans la bouche de ses intervenants. Des petites formules simples, du type "On était trop exaltés pour avoir peur" ou encore "Même vous en regardant ce film vous invitez le diable chez vous" et "On avait notre Nina Kulagina" d'apparence inoffensives, mais extrêmement efficaces pour semer un certain trouble et créer un climat pesant.
Complètement bidon, enfin excepté le personnage évoqué de Nina Kulagina qui a réellement existé, il suffit au final de très peu d'effort pour se laisser porter par cette histoire de possession plutôt plaisante, d'autant plus crédible qu'elle recourt à une batterie d'effets spéciaux "à l'ancienne". Bien sûr, les plus regardants s'exposent à se gâcher le visionnage en pointant des anachronismes techniques sans importance, puisque Le Projet Atticus s'attache à fournir une bonne histoire et des frissons plutôt qu'un grand film historique.
Côté casting, cela ne fonctionne pas moins, principalement grâce au jeu faussement flegmatique et mono-expressif (celui qui fait peur, ça tombe bien !) de Rya Kihlstedt (Deep Impact, Dexter) dans le rôle de la troublante Judith Winstead. À ses côtés, on retrouve William Mapother (The Grudge, The Zodiac) dans le rôle du docteur rongé par ses recherches et à l'esprit vacillant, Henri West.
Doté d'un scénario simple mais habile, à base de recherches en paranormal qui virent à la possession démoniaque, impliquant les autorités gouvernementales, sur fond de guerre froide, Le Projet Atticus tire son épingle du jeu grâce à ses choix narratifs immersifs et son casting brillant, au service d'une mise en scène de bonne facture – la reconstitution des années 70 fait dans la simplicité mais ne s'en avère pas moins convaincante. D'ailleurs on ne s'étonne qu'à moitié que Chris Sparling soit à l'origine du scénario de Buried, ce huis-clos tendu et minimaliste, qui avait fait son petit effet à l'époque. S'il est difficile aujourd'hui de faire original dans le monde du faux documentaire et du film de possession Le Projet Atticus n'en demeure pas moins une bonne surprise à découvrir.
N.T.
EN BREF
titre original : The Atticus Institute
pays d'origine : États-Unis
budget : petit
année de production : 2015
date de sortie française : 18 mars 2015 (DTV - M6 Interactions)
durée : 92 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 3.5/5
† EXORCISME †
▲ Le langage documentaire
▲ Le mélange paranormal / possession
▲ Les desseins gouvernementaux
- DÉMYSTIFICATION -
▼ Un film de possession de plus
▼ Ne révolutionne pas le genre
▼ Quelques anachronismes
LE FLIP
Jusqu'alors attachée à son siège, Judith Windstead finit par disparaître du champ de la caméra tandis que les éclairages s'allument par intermittence...
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Une excellente surprise, ce n'est pas un monstre d'epouvante, son scenario est peu original mais son deroule lui l'est.
RépondreSupprimerQuelques frissons par ci par la, mais pas de chair de poule.
Je le recommande vivement a ceux qui ne misent pas tout sur l'adrenaline !