MA (2019) de Tate Taylor [Critique]


Évaluation du dossier : 2.5/5 []
Maggie est une adolescente qui vient d'emménager dans une petite ville de l'Ohio. Un jour, accompagnant ses nouveaux amis auprès desquels elle veut s'intégrer, elle demande à Sue Ann, une femme solitaire, de leur acheter de l’alcool. Cette dernière accepte, y voyant une opportunité de se faire des amis plus jeunes qu'elle et finit par leur proposer de boire en sûreté dans le sous-sol de sa maison. D'abord confiante, Maggie commence à soupçonner des intentions peu avouables de la part de cette femme visiblement instable psychologiquement...

Avec Ma, l'actrice Octavia Spencer rejoint le cercle fermé des femmes psychotiques au cinéma. Si Greta, sorti aussi cette année, proposait quelque chose de formellement plus abouti, Ma souffre d'un scénario faillible que ne parviennent à compenser ni la performance de l'actrice ni les quelques séquences malaisantes.

En matière de femmes submergées par le sentiment de rejet et de trahison jusqu'à en devenir de véritables furies, impossible d'oublier l'image de Jessica Walter, armée d'un couteau dans Un frisson dans la nuit ou encore de Kathy Bates inoubliable dans Misery, une masse à la main, toutes deux s’apprêtant à libérer à leur manière leur trop-plein de rage et de frustration. Si malheureusement, l'écrin est ici très loin du niveau de ces œuvres signées par Clint Eastwood pour la première et Rob Reiner pour la seconde, le personnage interprété par Octavia Spencer (Jusqu'en enfer, Pulse) n'en fascine pas moins, sans doute grâce justement, à une actrice convaincante, qui porte le film sur ses épaules, coiffant dans la foulée la casquette de productrice exécutive. Elle parvient à transcrire à l'écran la détresse de cette femme perturbée mentalement, traumatisée et qui n'a pas digéré certains évènements de ses années lycée. En résulte un caractère présenté progressivement comme serviable, un peu décalé, puis malsain, et enfin nuisible, mais toujours avec cette touche d'humanité déroutante – mais suffisante – pour la rendre tragique. En face, Diana Silvers (Glass) lui tient tête dans le rôle de Maggie, d'abord envoûtée, comme ses amis, par l'apparente bonté de Ma mais qui va progressivement devoir réviser son jugement et, surtout, parvenir à conduire son entourage à prendre conscience du potentiel danger qu'elle représente en réalité, y compris pour sa mère, interprétée par Juliette Lewis (Tueurs nés, Strange Days) que l'on retrouve avec plaisir sur ce projet.


Si l'interprétation ne pose pas de soucis majeur, Ma souffre en revanche de son positionnement un peu bâtard et d'une promo sans doute trop axée horreur alors qu'il s'oriente, du moins durant sa première heure, vers le thriller psychologique, pas toujours fin puisqu'il épouse les travers du teen movie américain, mais pas non plus déplaisant grâce au personnage central qui suscite autant une curiosité amusée qu'une inquiétude progressive. Il est sans doute le fruit du savoir-faire du réalisateur, Tate Taylor, spécialisé dans le drame, puisqu'on lui doit notamment La Couleur des sentiments ou La Fille du train ainsi que des épisodes de Filthy Rich et Grace and Frankie. Malheureusement, il doit broder avec les faiblesses du scénario de Scotty Landes. Trop elliptique, il semble précipiter les choses et offre des situations peu crédibles, la fin et son festival d'idées choc farfelues synthétisant à elle seule ce problème, qui dénotent avec le traitement réaliste du personnage principal longtemps adopté. Cette approche engendre des scènes qui ne sonnent pas toujours très justes, bien que parfois saisissantes comme celle de la voiture folle, ou de la transfusion sadique où l'on pense forcément au personnage d'Annie Wilkes dans Misery.



Très imparfait, Ma demeure toutefois, si l'on n'est pas trop exigeant, une petite curiosité estivale puisqu'elle ne rentre pas dans une case précise, jusqu'à souvent donner l'impression que le scénario tente de faire rentrer des cubes dans des trous ronds. Malheureusement, cette production sortie de l'écurie Blumhouse souffre de son manque d'ambition et de son climax raté qui aurait mérité une évolution plus réaliste pour en rendre la tragédie humaine bien plus percutante. Avec sa morale lorgnant du côté du conte populaire Hansel et Gretel avec ses enfants naïfs pris dans la toile d'une sorcière cruelle et mal intentionnée, Ma laissera au final un arrière-goût de projet très prometteur malheureusement inabouti. Vraiment dommage...
N.F.T.



EN BREF
titre original : Ma
distribution : Octavia Spencer, Diana Silvers, Juliette Lewis...
pays d'origine : États-Unis
budget : 5 000 000 $
année de production : 2019
date de sortie française : 5 juin 2019
durée : 99 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 2.5/5


† EXORCISME †

▲ Pitch
▲ Octavia Spencer
▲ Le traitement psychologique de Ma

- DÉMYSTIFICATION -

▼ Long à démarrer
▼ Manque d'horreur
▼ Facilités scénaristiques

LE FLIP
Ma en mode espionnage sur les réseaux sociaux...

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