UNFRIENDED: DARK WEB (2018) de Stephen Susco [Critique]

Évaluation du dossier : 4/5 []

Un jeune homme trouve un ordinateur portable et le ramène chez lui. Dans les dossiers, il déniche d'inquiétants fichiers cachés qu'il s'empresse de montrer à ses amis sur Skype. Sans le vouloir, tous se retrouvent dans les tréfonds du Dark Web et découvrent rapidement que quelqu'un les observe, prêt à tout pour récupérer son portable et protéger ses secrets.


Exit les fantômes revanchards, Unfriended: Dark Web se démarque de son prédécesseur par son ancrage réaliste et jette ses protagonistes en pâture à des meurtriers planqués au cœur du Dark Web.


Unfriended premier du nom avait été une plutôt bonne surprise. Tendu et immersif il plongeait le spectateur, via un simple bureau d'ordinateur, au cœur des travers relationnels des réseaux sociaux. Avec Unfriended: Dark Web le grand déballage sur internet n'est plus à l'ordre du jour, le récit se concentrant davantage sur des actions bien plus pernicieuses, où piratages et bidouilles vidéo permettent au bad guy de l'histoire de parvenir à ses fins. Dès  lors, on constate à quel point ce concept, posé sur un postulat de base simplissime – des personnages ou leurs proches, menacés de mort s'ils parlent ou se déconnectent des réseaux – s'avère efficace, puisqu'à partir de là, tout peut arriver.


Pour la première fois derrière la caméra, on trouve le scénariste Stephen Susco, à qui l'on doit notamment l'écriture de The Grudge et sa suite malade The Grudge 2, versions américaines. Il ne s'agit donc pas d'un novice complet dans le genre. Il pousse ici le concept presque dans ses retranchements puisque les capacités en piratage de l'agresseur, lui permet de tout contrôler, des ordinateurs aux téléphones portables, en passant par les appareils médicaux, n'hésitant pas à recourir au swatting pour arriver à ses fins. En outre, le cinéaste apporte une petite touche d'humour bien dosée, amplifiant la proximité entre le personnage principal et le public qui se reconnaîtra dans certains réflexes amusants liés au surf sur internet. Unfriended: Dark Web, plus encore que son prédécesseur, fascine par les informations et les émotions qu'il fait passer au travers d'un simple écran d'ordinateur, celui partagé avec Matias, interprété par Colin Woodell (Paranoïa, Devious Maids), en temps réel. On peut souligner le travail de montage précis d'Andrew Wesman, déjà mobilisé à ce poste pour le premier volet. Il parvient à trouver le bon rythme, mettant sons et images en mouvement sur l'écran au service de l'immersion, tout en restant, la plupart du temps, crédible, ce qui n'est pas toujours simple lorsqu'il s'agit de dramatiser quelque chose d'aussi commun qu'une activité sur PC.


Pour évoquer les points faibles du métrage, les scènes véritablement horrifiques font une nouvelle fois défaut. Trop de meurtres manquent de réelle audace, s'avèrent prévisibles lorsqu'ils ne se font pas carrément hors-champ, semant la frustration après un suspense qui allait pourtant crescendo. Que l'on ne montre pas le monstre derrière la porte pour faire tourner l'imagination plein pot est une chose, mais le film aurait surement gagné à faire face plus frontalement aux thèmes qu'il aborde, le snuff movie en tête de ligne. On reste donc un peu sur sa faim lorsque l'on s'attend à être secoué. Dommage tant Unfriended: Dark Web avait toutes les cartes en main pour s'avérer effroyable. Heureusement, l'aspect thriller est en revanche réglé comme du papier à musique, faisant monter le stress à plusieurs reprises. 


Stephen Susco maîtrise à la perfection son sujet et s'amuse avec les outils à sa disposition pour le traiter. Sa réalisation réussit à convaincre et immerger le spectateur dans cette descente dans les enfers d'internet. Il s'intéresse ici aux thèses conspirationnistes et à l'économie parallèle du crime – évoquées déjà dans Tesis d'Alejandro Amenábar – que les personnages ont le malheur d'affronter "IRL". Unfriended: Dark Web n'étant plus seulement un teen movie de base avec des personnages que l'on a envie de voir se faire dessouder – les personnages sont ici plus attachants – mais s'avérant bien plus mâture dans l'angle qu'il adopte pour traiter ce sujet, prenant bien soin de toujours placer le spectateur aux premières loges. Trop adoucie dans sa forme, mais plus radicale sur le fond, cette séquelle vient rejoindre les bobines qui nous interrogent sur la dangerosité des réseaux sociaux telles Unfriended ou Friend Request et constitue sans aucun doute un incontournable de la fin d'année 2018 pour les amateurs de frisson 2.0.
N.F.T.


EN BREF
titre original : Unfriended: Dark Web
distribution : Colin Woodell, Stephanie Nogueras, Betty Gabriel...
pays d'origine : États-Unis
budget : 1 000 000 $
année de production : 2018
date de sortie française : 26 décembre 2018
durée : 92 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 4/5

† EXORCISME †
▲ Usage immersif de l'écran
▲ Petites touches d'humour
▲ Scénario intelligent

 - DÉMYSTIFICATION -
▼ S'essouffle dans sa dernière partie
▼ Manque d'horreur graphique
▼ Prévisible

LE FLIP
La découverte des fichiers dans le PC.

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