[Critique] UNFRIENDED (2015) de Levan Gabriadze

Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥]

Une jeune lycéenne se suicide après qu'une vidéo compromettante d'elle ait été publiée sur Internet. Un an plus tard, six de ses amis se connectent, un soir, sur skype, pour chater entre eux. Mais une septième personne, inconnue des autres, se connecte également. Cet intrus se montre très vite sous un visage inquiétant et menace les six amis de tuer le premier qui se déconnectera. Peu à peu, les événements tragiques qui ont marqué la bande, un an plus tôt, refont surface et se montrent sous un nouveau jour.

À l'heure où tout semble avoir (déjà) été proposé en matière de found footage, la sortie d'un nouveau "Blumhouse", l'un des studios porte-étendards du genre via notamment l'increvable franchise Paranormal Activity, laisse légitimement augurer un vulgaire produit d'exploitation, pas cher et rentable.

Contre toute attente et heureusement pour lui, a contrario des Paranormal Activity, Unfriended s'offre deux atouts de tailles. D'une part, il développe suffisamment son concept pour le rendre intéressant – par exemple, on ne quitte jamais l'ordinateur du personnage principal et le captage en temps réel accentue le côté réaliste – et surtout, il offre un discours au final plutôt pertinent sur l'omniprésence d'internet et des réseaux sociaux dans les rapports entre êtres humains. S'attaquant de front aux dangers inhérents à une utilisation irresponsable de ces sites au pouvoir viral effrayant, c'est autour de cette inconscience, boostée à l'individualisme – ici respect et solidarité montrent très vite leurs limites – que va se construire l'intrigue de Unfriended. Le déni tient également une place de choix dans le métrage, comme pour dénoncer une génération surfaite, biberonnée au virtuel, aux émissions de téléréalité et autres cultes de l'apparence et de la superficialité. En tout cas prête au pire pour dissimuler ses propres défauts dans les travers et erreurs des autres...


On ne peut pas nier à Unfriended sa réussite en matière de tension, cette dernière allant crescendo du début à la fin du métrage. Malheureusement, il n'est pas aussi effrayant que l'on aurait pu l'espérer. À noter cependant quelques moments anxiogènes via des scènes doucement gores et souvent percutantes qui viennent vous chatouiller au moment ou vous pensiez pouvoir piquer un petit somme. 

On apprécie également son traitement ludique, puisqu'un jeu vicieux se met progressivement en place, permettant de révéler inexorablement les personnalités de chaque protagoniste à l'occasion d'un grand déballage de plus en plus explosif à mesure que le film avance. On fait alors face a un survival moderne dont le tueur s'invite autant sur internet que dans les personnages, sous forme de possession, à la manière de L'Exorciste. Les connaisseurs apprécieront d’ailleurs le nom du personnage principal, Blair Lily, qui parlera forcément aux amateurs du film de William Friedkin.

Tourné en temps réel, du point de vue de l'une des protagonistes, on finit par se trouver entraîné dans cet enchaînement judicieux de navigation internet, de discussions en chat sur Facebook, Skype, et même Chatroulette, ces sites étant mis à contribution pour faire avancer l'intrigue. 


Véritable petite curiosité à découvrir, pour son concept ludique, plutôt que son argument horrifique, le message de Unfriended est clair : ne pas faire n'importe quoi avec les réseaux sociaux, puisqu'une vidéo, une photo, même amusante de premier abord peut s'avérer humiliante, et sa mise en ligne détruire une vie. Le public ado, forcément en tête de ligne, se reconnaîtra uniquement en partie dans cette peinture brutale et peu nuancée d'une jeunesse hyper connectée.

Toutefois, malgré un discours manichéen ultra simpliste, il est difficile de nier cet excès de bêtise banalisé aujourd'hui par une téléréalité désespérément irresponsable vis-à-vis des plus jeunes, moins enclins au recul. L'adulte, de son côté, ne pourra qu'apprécier et valider le message derrière Unfriended autour des dérives d'internet lorsque son utilisation n'est pas suffisamment réfléchie. Un concept simple, certes, mais solide sur la durée. Que demander de plus ?
N.T.


EN BREF
titre original : Cybernatural
pays d'origine : États-Unis / Russie / Pologne / Allemagne / Porto-Rico
budget : 1 000 000 $
année de production : 2015
date de sortie française : 24 juin 2015
durée : 83 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5

† EXORCISME †
▲ Concept original et correctement exploité
▲ Doucement gore
▲ Le message

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Peu effrayant
▼ L'abus de fôtes d'orthographe en VF
▼ Excessivement manichéen

LE FLIP
La purée de doigts...

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