HISTOIRES D'OUTRE-TOMBE (1972/1974) de Freddie Francis

Évaluation du dossier : 3.5/5 []


Dans les catacombes, cinq personnes entrent dans une pièce dont la porte se referme sur eux. Aux visiteurs, sachant que tous nourrissent de noirs desseins, le gardien de la crypte pose la question : « Quels sont vos projets d’avenir quand vous sortirez ? » Entre une meurtrière en prise avec un père Noël psychopathe, un propriétaire puni par le fantôme du vieillard qu'il a délogé, l’homme d’affaires piégé par trois vœux, un accidenté de la route appelé à revivre la même situation et le directeur d’un institut pour aveugles confronté à la colère de ses pensionnaires, chacun teste le monstre qui se cache en lui.

L'éditeur ESC, toujours très inspiré, semble avoir jeté son dévolu sur les perles du studio Amicus en sortant une série de films à sketches de qualité, sortis dans les années 60 et 70. Histoires d'outre-tombe en est l'un des plus dignes représentants.

Histoires d'outres-tombe, réalisé par Freddie Francis, s'inscrit dans la production d'une série de films par le studio Amicus tels Asylum en 1972 ou Le Caveau de la terreur en 1973, tous deux signés Roy Ward Baker. En effet, la firme, qui marcha dans les pas de la Hammer, sans l'avoir vraiment rattrapé, se spécialisera dans le film à sketches à partir de 1965 avec Le Train des épouvantes qui réunissait sur la même affiche les monstres sacrés de l'époque que sont Christopher Lee et Peter Cushing, devant la caméra de ... Freddie Francis.




Avant d'être un réalisateur inspiré, il est important de souligner que Freddie Francis est un directeur de la photographie talentueux, par deux fois oscarisé, on lui doit notamment les images des Innocents, d'Elephant Man ou encore d'Une histoire vraie. Tales from the crypt, titre original de Histoires d'outre-tombe, est en partie inspiré des bandes dessinées horrifiques du même nom, éditées dans les années 50 par EC comics. Immanquablement, cela évoquera aussi Creepshow puisque Stephen King et George A. Romero ont toujours revendiqué l'influence forte de la publication dans leur travail.

Si l'on retrouve souvent des déséquilibres notables inhérents à ce type de long-métrage, ce n'est pas vraiment le cas ici. Chaque histoire, traitant de thématiques différentes, suscitent un véritable intérêt, même si le dernier segment, plus long, ralentit forcément le rythme général. Cela n'empêche pas, en tout cas, de retrouver toute la charge ironique qui fait le charme de Creepshow notamment, mais aussi de la série Les Contes de la crypte puisque dans chaque histoire, les personnages sont maltraités et confrontés aux conséquences de leurs actes. Ici, un groupe de cinq personnes se retrouve piégé dans des catacombes qu'il visitait. Il croise le gardien de la crypte qui raconte à chacun d'entre-eux une histoire les concernant.

Dans l'épisode d'ouverture, une femme qui vient d'assassiner son mari est en prise avec un père Noël psychopathe. Il s'agit là sans doute de l'épisode le plus flippant et le plus marquant, interprété par la talentueuse Joan Collins avant qu'elle ne devienne la détestable Alexis Carrington de Dynastie. Ironiquement, le récent reboot de la série ne lui a pas permis de revenir mais elle ne perd pas au change puisqu'elle participe la même année à la saison 8 d'American Horror Story...



Dans le segment suivant, on suit la descente aux enfers d'un propriétaire puni par le fantôme du vieillard qu'il voulait jeter hors de chez lui. Ici, on appréciera la dimension sociale d'un sujet pas si innocent qu'il en a l'air et la prestation de Peter Cushing en vieillard broyé par le système et injustement maltraité. C'est ensuite au tour d'un homme d'affaires de devenir le centre du récit au cours duquel il est piégé par trois vœux émis par sa gourde de femme. Inutile de préciser que ces souhaits, pris au pied de la lettre, vont lui faire vivre un véritable enfer. Après cela, on s'intéresse à un accidenté de la route – et mari volage – qui se voit condamné à revivre la même situation à l'infini. Enfin, le dernier récit, le plus long, raconte la violente revanche de pensionnaires d'un institut pour aveugles, contre le directeur tyrannique qui pousse l'un des leurs à la mort. L'ensemble s'achève avec la conclusion de l'histoire en introduction, prévisible mais pas moins sympathique pour son esthétique et plus globalement son cachet de film d'époque qui n'a cependant rien perdu de son attrait, grâce, notamment, au travail de restauration de l'éditeur.

Souvent considéré comme l'un des meilleur films à sketches et cité par les plus grands (George A. Romero et Stephen King notamment), Histoires d'outre-tombe, projet inspiré chapeauté par le studio Amicus, n'a rien à envier aux productions moins modestes ou plus modernes et cela grâce à un charme d'époque manifeste. Sans oublier son casting solide, au sein duquel figurent Peter Cushing (Frankenstein s'est échappé !, La Malédiction des pharaons), Ralph Richardson (Le Fantôme Vivant, Bandits, bandits), Patrick Magee (Orange Mécanique) ou encore Joan Collins. Une œuvre intemporelle qui se déguste alors comme un bon vin, sans modération aucune.
N.F.T.

EN BREF
titre original : Tales from the Crypt
titre alternatif : Contes d'outre-tombe, Les Horreurs de la crypte
distribution : Ralph Richardson, Joan Collins, Peter Cushing, Patrick Magee...
pays d'origine : Royaume-Uni / États-Unis
budget : 191 000 €
année de production : 1972
date de sortie française : 13 février 1974 - 10 septembre 2018 (Mediabook - Esc Editions)
durée :  92 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5

† EXORCISME †
▲ Réalisation soignée
▲ Histoires captivantes
▲ Le charme précieux des vieux classiques

 - DÉMYSTIFICATION -
▼ Dernier segment un peu long
▼ Peu effrayant
▼ Horreur soft

LE FLIP
Joan Collins aux prises avec un père Noël collant...

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