THE CLOVERFIELD PARADOX (2018 - SVoD) de Julius Onah [Critique]

Évaluation du dossier : 3/5 []

2028. À la suite d'un incident avec un accélérateur de particules, les membres d'une équipe scientifique à bord d'une station spatiale découvrent que la Terre a disparu. Initialement envoyés en orbite pour sauver la planète d'une destruction imminente, ils vont alors être confrontés à une nouvelle et sombre réalité.


Après un found footage de science-fiction immersif, puis un huis clos aussi tendu qu'inattendu, c'est cette fois en s'annonçant la veille de sa sortie sur Netflix que la franchise Cloverfield opère un retour remarqué.


Bien que vivement critiqué sur la toile, ce type de sortie peut être vu comme un juste retour de bâton : soit une dispense de multiplexe aux tarifs prohibitifs et au public parfois trop en phase avec l'ère de l'homo smartphonus. Et depuis quelques temps, les plateformes (S)VOD et e-cinema, même si elles ne mettent pas encore en péril la fréquentation des plus vastes salles obscures à l'expérience audiovisuelle inégalable, mettent au moins en garde leurs exploitants. Mais au-delà de cela, c'est surtout la Paramount qui a saisi l'occasion de s'éviter le naufrage financier pressenti si The Cloverfield Paradox était sorti en salle. Sans oublier que pour 50 millions de dollars, Netflix s'offre dans la foulée un coup de pub magistral tout en appuyant sa volonté de devenir un acteur majeur du cinéma du futur.


Pour ce qui est de l’œuvre en question, située cette fois dans l'espace, elle inscrit la franchise Cloverfield dans quelque chose de toujours aussi insaisissable pour qui tenterait de la définir. Chacun de ses volets ne développant que de discrets ponts entre eux, on en vient à se poser une troublante question : qu'est-ce qui fait moins du Cloverfield qu'un Cloverfield ? En effet, il y a quelque chose de fascinant à vouloir se démarquer si ostensiblement de la saga, ne serait-ce qu'en s'associant à des genres à chaque fois différents. Une réponse toute simple et amusante explique cependant cela : la décision par deux fois de faire un Cloverfield à partir d'un scénario qui, à la base, n'a rien à voir avec les productions de J.J. Abrams. Abramscadabra !

En découle une sensation un peu schizophrène dans la mise en phase de chaque film, aussi pertinente soit-elle, mais surtout de facilité, comme cela est souvent reproché à The Cloverfield Paradox depuis sa sortie. Ce deuxième long-métrage de Julius Onah (The Girls in Trouble) développe des thématiques scientifiques modernes telles le boson de Higgs ou la physique quantique, sur fond d'univers parallèles, de vie extraterrestre, de voyage temporel. Pour les fans de SF, de Stephen King (The Mist) ou des séries La Quatrième Dimension et Stranger Things, l'approche un peu fourre-tout du film a tendance à pas mal décevoir. Dommage, d'autant que la photographie soignée de Dan Mindel (Star Wars VII, John Carter, La Porte des secrets) parvient à embarquer le spectateur dans ce futur agonisant, parfois angoissant, d'autres fois délirant et où tout peut arriver. Donnant naissance à des scènes aussi glaçantes que drôles, autour d'un bras, ou d’œil notamment...


Desservi par une intrigue aux airs simplistes à base de dimensions parallèles et de voyages temporels qui peuvent justifier à peu près tout et n'importe quoi, on ne peut toutefois réfuter à The Cloverfield Paradox ses qualités visuelles, son casting efficace, bien qu'handicapé par une écriture parfois grossière, au sein duquel figure Daniel Brühl (Inglorious Basterds, Intruders), ainsi que son coup de communication imparable qui saisit une fois encore le public là où il ne s'y attendait pas. Généreuse mais convenue, ambitieuse mais maladroite, cette production de science-fiction mérite toutefois que l'on s'y intéresse, ne serait-ce que pour ses petites touches d'humour et ses scènes d'action et de tension plutôt efficaces. Et tout cela à un tarif défiant toute concurrence... Pour les déçus, peut-être auront-ils plus de chance avec Overlord, une suite annoncée dans la foulée, déjà tournée et située durant la Seconde Guerre mondiale. Elle est sortira le 24 octobre prochain.
N.F.T.

 
EN BREF
titre original : The Cloverfield Paradox
titre alternatif : God Particle
distribution : Gugu Mbatha-Raw, David Oyelowo, Daniel Brühl, John Ortiz, Chris O'Dowd...
pays d'origine : États-Unis
budget : entre 26 et 55 000 000 $
année de production : 2018
date de sortie française : 4 février 2018 (Netflix)
durée : 102 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3/5

† EXORCISME †
▲ Sortie surprise
▲ Volet SF sympa
▲ La photographie soignée

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Quelques facilités dans l'intrigue
▼ Impression de déjà-vu
▼ Personnages parfois mal développés

LE FLIP
Une femme coincée dans un mur de câbles...

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