[Critique] APPARITIONS (2002) de Tom Shadyak

Évaluation du dossier : 2.5/5 [♥♥]

Le docteur Joe Darrow, chef des urgences, vient de perdre sa femme, Emily, disparue tragiquement lors d'une mission au Venezuela. Six mois après, alors que son corps n'a toujours pas été retrouvé, elle est encore très présente dans l'esprit du médecin. Il honore la promesse faite à son épouse en rendant visite à ses jeunes patients hospitalisés. Là, Jeffrey, un garçon qui a connu plusieurs expériences de mort imminente, affirme qu'Emily essaie de communiquer avec Joe par son intermédiaire. D'étranges phénomènes surviennent bientôt qui vont éprouver les croyances du docteur.

Au tout début des années 2000, le sujet des expériences de mort imminente (EMI) et autres communications post-mortem ont le vent en poupe.
La production, qui ne s'est pas réellement tarie depuis, abreuve régulièrement les amateurs de thrillers fantastiques avec plus ou moins de conviction de métrages abordant ce sujet. On se souvient notamment à cette époque du médiocre La Voix des Mort qui ne parvenait pas à tenir tête au brillant Sixième Sens de M. Night Shyamalan ou encore au flippant Hypnose de David Koepp.

Apparitions joue sur le même tableau et exploite l'efficace thématique du deuil mal accusé pour justifier son environnement surnaturel et suggérer la "probable" existence des fantômes. Le succès de cette formule de type "thriller + revenants" et sa présence régulière à l'affiche est la preuve que ce lien perpétué au delà de la mort fascine le public. Suffisamment en tout cas pour que les studios investissent régulièrement dans ce genre de scénarios, prenant bien garde toutefois à respecter le plus fidèlement possible les recettes éprouvées des productions existantes.


Ici, Kevin Costner porte sur ses épaules une bonne partie de la crédibilité du projet. Il fait d'ailleurs preuve d'un sens dramatique convaincant  – même si devenu rare depuis le naufrage de The Postman, il est difficile de contester ses talents d'acteuret interprète avec brio ce mari profondément marqué par la disparition de sa femme. D'autant que ce dernier, baigné dans les croyances cartésiennes que lui impose sa fonction, doit gérer tant bien que mal l'intrusion de l’irrationnel dans sa vie. Comparé par une nonne à un Christophe Colomb qui découvre l'Amérique, il bascule de l'autre té et finit par rejoindre le camp de ceux qui croient..

Le mise en scène de Tom Shadyak, jusqu’alors cantonné à la comédie – et éventuellement avec Jim Carrey – s'avère assez discrète même si l'ombre d'un Shyamalan, période Sixième Sens, est parfois perceptible. Une impression renforcée par le score de John Debney (Souviens-toi... l'été dernier, Dream House) carrément calqué sur celui de James Newton Howard pour le thriller à succès de Shyamalan. Malheureusement, tenter d'explorer de nouvelles contrées thématiques ne fait pas tout, Shadyak s'approprie maladroitement les codes du genre et ne parvient pas plus à y apporter un nouveau souffle. Ce manque d'originalité fait tache face à d'autres œuvres fantastiques qui sortent dans la même période comme le remarquable L'Échine du Diable de Guillermo Del Toro ou le surprenant Emprise de Bill Paxton.


Cependant tout n'est pas à jeter dans Apparitions, puisque l'adrénomètre connaît quelques ascensions en zone rouge notamment lorsqu'une présence surnaturelle est suggérée. À ce titre, la séquence du perroquet, malgré sa simplicité, fonctionne du tonnerre... En revanche le côté love story au delà de la mort, repris trois ans plus tard dans La Voix des morts, s'avère beaucoup moins convaincant dans sa conclusion.

S'il développe une intrigue au final plutôt immersive et essaye d'apporter une dimension émotionnelle à son métrage, Shadyak peine à convaincre le spectateur de son histoire de fantômes et ce malgré la petite surprise finale. La faute peuttre à un Kevin Costner sur lequel la caméra s'attarde beaucoup sans parvenir à créer un sentiment d'empathie pour son épouse. Bref, s'il peut paraître un brin simplet et opportuniste – à  ce propos on cherche encore les producteurs de Sixième Sens vantés sur l'affiche – Apparitions peu séduirepour peu que l'on ne soit pas trop regardant sur une marchandise à 60 000 000 $.
N.T. 

titre original : Dragonfly
pays d'origine : États-Unis / Allemagne
budget : 60 000 000 $
année de production : 2002
date de sortie française : 5 juin 2002
durée : 104 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 2.5/5

 † EXORCISME †
▲ Intrigue immersive
▲ Petite surprise finale
▲ Angoissant parfois

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Le score pompé sur celui de Sixième Sens
▼ Simpliste
▼ Manque d'originalité

LE FLIP
Une attaque de perroquet.

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