[Critique] PHANTASM II (1988/1989) de Don Coscarelli

Évaluation du dossier : 3/5 []

Six ans après les évènements qui ont transformé son adolescence en cauchemar, Mike Pearson sort de l’hôpital psychiatrique où il était soigné depuis tout ce temps. Toujours marqué par son passé, il est prêt à mener un combat sans merci contre le sinistre Tall Man, un effrayant croque-mort qui se livre à un trafic de cadavres qu'il envoie vers une autre dimension. Reggie rejoint très vite Mike et tous deux prennent la route vers l'Oregon. Ils découvrent que leur vieil "ami" a fait beaucoup de dégâts sur son passage... 

Presque 10 ans après un premier volet qui aura fortement marqué les esprits et engendré de belles recettes, Don Coscarelli offrait enfin une suite à son Phantasm.
Avec un budget plus confortable de 3 000 000 $ contre 300 000 $ en 1979, Phantasm II se concentre toujours sur le jeune Alex, devenu grand, ainsi que son marchand de glace de tuteur, avec lequel il constitue un duo fermement décidé à mettre un terme aux agissements de l'affreux Tall Man. 


Dans cette suite, Don Coscarelli, qui a entre-temps réalisé Dar l’Invincible, s'attache moins à la thématique du deuil, sujet central du premier volet, qu'au potentiel explosif du thème de la vengeance, n'hésitant pas à faire flirter Phantasm II avec le revenge movie. D'ailleurs avec ses voix off sentencieuses, ses routes désertiques, ses villes fantômes et le sentiment de chaos que le Tall Man laisse derrière lui, on lui prête volontiers des airs post-apo dignes d'un épisode de Mad Max. Les héros muent en un duo de guerriers qui n'hésite pas à aller au charbon pour détruire l'homme en noir. Cependant, d'autres influences et clin d’œils plus directs jalonnent cette suite : le combo fusil de chasse et tronçonneuse ne manquera pas d'évoquer Ash et la série des Evil Dead, ce qui n'étonne pas vraiment puisque Don Coscarelli a rencontré Sam Raimi au début du tournage de cette séquelle. Pour la petite anecdote, c'est parce qu'il n'a pas pu offrir le petit rôle sollicité par le réalisateur de la trilogie Spider-Man que Don Coscarelli a eu l'idée de lui attribuer, le temps d'un bref plan, les cendres d'un défunt, décédé en 1977, l'année justement ou Raimi réalisait son premier long-métrage, It's Murder, avec un budget de 2000 $. 


Même s'il n'est pas aussi funky qu'un Freddy Krueger, que certains maquillages et autre délire plastique rappellent souvent à notre mémoire et qui doit sans doute beaucoup au premier volet de Phantasm, notamment pour ses délires oniriques ou encore son tueur et sa fâcheuse tendance à s'incruster dans les rêves de ses victimes, Phantasm II assoit le Tall Man au panthéon des croque-mitaines de cette époque, aux côtés des Jason Voorhees, Michael Myers, et autre Leatherface.

Bien que mieux doté financièrement, Phantasm II assume toujours ce petit côté artisanal, dans le bon sens du terme, propre au réalisateur, renforcé par une esthétique eighties plutôt plaisante et propice à entretenir une certaine magie. Ce que l'on comprend moins est la volonté des producteurs de remplacer Michael Baldwin, dans le rôle de Mike, par James LeGros (Ça tourne à Manhattan, Psycho, Zodiac) uniquement pour cet opus, puisqu'il reprend son rôle dès le film suivant. Reggie Bannister et Angus Scrimm sont en revanche toujours de la partie, dans les rôles respectifs du tuteur bienveillant et du Tall Man maléfique. Ils sont rejoints par les séductrices Paula Irvine (Phantasm III) et Samantha Phillips qui, de son côté, allait enchaîner de nombreuses productions à caractère plus ou moins érotiques.


Visuellement plus abouti - la photographie de Daryn Okada (Survival Quest, Halloween, 20 ans après) est plus soignée que pour le précédent opus -, Phantasm II est également plus généreux en effets spéciaux et ne cache plus rien. À ce titre, impossible de passer sous silence le travail des ténors du maquillage de l'époque tels Greg Nicotero, Mark Shostrom ou encore Robert Kurtzman, qui participeront à eux trois à de nombreux volets des sagas horrifiques les plus cultes des années 80 telles Les Griffes de la Nuit, Halloween, Massacre à la tronçonneuse, Evil Dead ou Poltergeist. Le gore est donc de la partie et le budget autorise également un fort nombre de cascades et d'effets visuels apocalyptiques. 

Moins décousu, plus riche en action, Phantasm II se démarque des longues errances atmosphériques et oniriques de son prédécesseur, pour offrir une suite nerveuse et toujours aussi généreuse. Au passage, ce volet assoit définitivement le Tall Man au sein du bestiaire du cinéma fantastique émergé des années 70-80, sans doute l'une des périodes les plus audacieuses et réjouissantes de l'horreur moderne.
N.F.T.


EN BREF 
titre original : Phantasm II
distribution : James LeGros, Reggie Bannister, Angus Scrimm, Paula Irvine...
pays d'origine : États-Unis
budget : 3 000 000 $
année de production : 1988
date de sortie française : 15 février 1989 - 27 juin 2017 en BD/DVD/combo (ESC Éditions)
durée : 97 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3/5

† EXORCISME †
▲ Plus généreux en action
▲ Gore
▲ Univers riche

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Changement (provisoire) d'acteur pour Mike
▼Aspect parfois décousu
▼ Un poil rocambolesque

LE FLIP 
Les assauts des nains maléfiques.

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