[Critique] UNDER THE SHADOW (2016/2017 - VOD) de Babak Anvari

Évaluation du dossier : 3.5/5  [♡] 
 
Téhéran, 1988. Alors que son mari est appelé au front durant la guerre entre l'Iran et l'Irak, Shideh se retrouve seule avec sa fille, Dorsa. Mais bien vite celle-ci commence à adopter un comportement troublant et Shideh se demande si sa fille n'est pas possédée par un esprit...

D'abord projeté au festival du film de Sundance de 2016 et désormais récompensé du prix du jury au festival du film fantastique de Gérardmer 2017, Under the Shadow jouit d’un accueil critique assez élogieux. Qualifiée comme le successeur de Dark Water, cette production entièrement tournée en persan est-elle à la hauteur de sa réputation ? 

Jeune réalisateur britannique d’origine iranienne, Babak Anvari signe ici son premier long-métrage. Une œuvre très personnelle, heureusement aux antipodes des navets horrifiques tirés à la chaîne. En plus d’une évidente maîtrise de l’image et de l’action hors-champ, ce jeune cinéaste choisit de concentrer le récit sur ses personnages et sur leurs interactions à l’instar du Mister Babadook de Jennifer Kent. Comme pour ce dernier, il est question d’une relation mère-enfant qui va se détériorer à mesure que les phénomènes surnaturels se montrent de plus en plus accablants, à l’exception près que dans Mister Babadook, cette animosité finissait par se muer en pulsions meurtrières.


Côté scénario, l’action se déroule à Téhéran durant la Guerre entre l'Iran et l'Irak, un postulat intéressant, car le contexte historique hostile permet d’accroître un malaise déjà palpable à l’image de Les Autres, situé durant la Seconde Guerre mondiale. Et comme pour ce chef-d’œuvre d’Alejandro Amenábar (Regression, Tesis), c’est l’absence de la figure paternelle qui va être un élément déterminant vis-à-vis de l’effondrement du cocon familial. D’ailleurs, à plusieurs reprises, Anvari dénonce de manière subtile et détournée, une domination masculine accusatrice et culpabilisante qui aura pour effet de rendre encore plus fort le personnage principal féminin. De plus, on remarque non pas une critique, mais une description objective de ce système iranien en évitant tout jugement maladroit, ce qui témoigne une fois de plus de l’intelligence du projet. 


En revanche, à trop vouloir prendre son spectateur à contrepied en jouant sur l’aspect psychologique et dramatique, Under the Shadow finit par diluer sa fibre horrifique. Les apparitions spectrales s’avèrent trop timides et ponctuelles et finissent par laisser un goût d’inachevé. On aurait parlé d’un chef-d’œuvre si Anvari avait su imposer sa démarche d’auteur tout en installant un niveau d’effroi digne des plus grands. Reste à déterminer si un degré de peur supérieur n’aurait pas occulté l’intention première du film, à savoir l’allégorie surnaturelle d’une oppression sociale et morale.


Peut-être en deçà des attentes, Under the Shadow n’en reste pas moins une œuvre dont l’épouvante a le mérite de servir un propos. Intelligente et judicieuse sans pour autant en être ennuyeuse, cette petite production laissera un bon souvenir en s’éloignant des canevas habituels. En rappelant qu’il s’agit d’une première réalisation au format long, on ne peut que souhaiter à ce jeune cinéaste un avenir aussi brillant qu’il est aujourd’hui prometteur.
N.M.


EN BREF
titre original : Under the Shadow
distribution : Narges Rashidi, Avin Manshadi, Bobby Nadery, Arash Marandi...
pays d'origine : Royaume-Uni / Iran / Jordanie / Qatar
année de production : 2016
date de sortie française : 7 janvier 2017 (VOD - Netflix)
durée : 84 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5

† EXORCISME †
▲ Personnages approfondis
▲ Réalisation soignée
▲ Un propos derrière l'épouvante

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Apparitions spectrales trop timides
▼ Manque d'action
▼ Position féministe qui peut gêner ses contradicteurs

LE FLIP
La petite est cachée sous le lit...

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