[Critique] CONJURING 2 : LE CAS ENFIELD (2016) de James Wan

Évaluation du dossier : 5/5 [♥♥♥]
 
En 1977, Lorraine et Ed Warren se rendent dans le nord de Londres pour venir en aide à une mère qui élève seule ses quatre enfants dans une maison hantée par des esprits maléfiques. Il s'agira d'une de leurs enquêtes paranormales les plus terrifiantes…

James Wan aime le cinéma d'épouvante probablement autant qu'il apprécie les challenges. Partir sur Fast & Furious 7 était vraiment gonflé et presque aussi inattendu de sa part que le dramatique accident qui allait coûter la vie à Paul Walker en pleine production du film. Une tragédie qui explique en partie le laps de temps écoulé depuis Conjuring : Les Dossiers Warren.

Ainsi, trois ans plus tard, bien que dans le cas de James Wan, on n'ait pas été déçu par Insidious : Chapitre 2, jusqu'alors la seule véritable suite réalisée par le créateur de la saga Saw, on ne peut s'empêcher de ressentir l'appréhension du syndrome de la suite moisie.


Le retour du célèbre couple chasseur de démons était quasi inévitable tant le concept du film peut se nourrir indéfiniment des nombreux dossiers surnaturels accumulés au fil des années par Ed et Lorraine Warren. La bonne nouvelle fut d'abord que notre réalisateur fétiche remettait le couvert, mais qu'en plus, les producteurs, sans doute grisés par les résultats exceptionnels du premier épisode qui le classe parmi les plus gros succès du cinéma d'horreur au box office, lui ont alloué une enveloppe de 40 millions de dollars, soit deux fois plus qu'en 2013.

Un poil excédé par des bandes-annonces qui en dévoilaient trop à cette époque, mon but ultime était d'en savoir le moins possible sur ce nouveau volet. Mission difficile tant les distributeurs, internet et les médias en général aiment à étaler un maximum d'images choc pour achalander le passant. Heureusement le supplice est enfin terminé et j'ai pu découvrir cette suite sans en connaître les moment les plus percutants à l'avance et conserver intact l'effet de surprise.


Et le moins que l'on puisse dire est que l'on est servi. Depuis l'introduction qui traite de l'une des affaires les plus célèbres du couple et sans doute de la galaxie, jusqu'à un final au climax éprouvant, James Wan fait preuve une nouvelle fois d'un savoir-faire inaltérable en matière de cinéma d'épouvante. Mieux, plutôt que se contenter de ce qu'il a déjà fait, il va encore plus loin pour parvenir à ses fins et, porté par une inspiration toujours intacte, réussit toujours à surprendre les spectateurs les plus aguerris.

Là où l'on pourrait imaginer une sorte de mécanique routinière s'installer, le réalisateur de Dead Silence mise sur sa narration et y met suffisamment les formes pour emporter son public toujours plus loin dans l'histoire. En résulte, au delà des performances techniques – lumières, costumes, décors, teinte de l'image, tout est mis en œuvre pour vous plonger en plein cœur de l'année de sortie de Star Wars – un métrage jalonné de moments de trouille aussi nombreux que généreux, à vous filer des frissons et vous faire décoller de votre fauteuil. Ainsi, Conjuring 2 : Le cas Enfield est porté par une narration béton qui sous couvert de faits "réels" et d'une réalisation immersive, sème le doute sur ce qui relève de la réalité factuelle et ce qui est le fruit de l'imagination du personnage. Néanmoins, ce degré de réalité de l'histoire n'est plus vraiment important. Le public, cartésien ou non, qui veut sa dose d'émotions fortes se laissera happer volontiers par cette histoire de famille monoparentale mais unie, dont la situation financière critique l'empêche de fuir cette maison hantée par une entité terrifiante.


Si c'est bien sur ce terrain que Wan souhaite nous faire glisser, le contrat du film est rempli. Conjuring 2 : Le Cas Enfield voit ses ambitions récompensées et surpasse le premier opus – pourtant déjà remarquable – à tous les niveaux. Tant mieux, d'autant que son réalisateur, particulièrement inspiré ici, maîtrise parfaitement l'art du dosage, alternant avec habileté séances de flip, drame social, vie de famille, romance et même une touchante reprise acoustique d'Elvis. Il détourne ainsi l'attention des tourments des Hodgson afin de mieux cueillir le public lors d'un prochain plongeon au cœur de l'horreur.

Autre plaisir et pas des moindres au visionnage de Conjuring 2 : Le Cas Enfield : on retrouve la brillante Vera Farmiga (Bates Motel, Esther) et l'excellent Patrick Wilson (Insidious, Prometheus) dans les rôles de Lorraine et Ed Warren, véritables chasseurs de fantômes à la ville. Ils incarnent avec brio ce duo uni par un amour indéfectible qui semble les protéger du mal qu'ils affrontent. Ils sont animés d'une bonne dose d'empathie pour leur prochain qui les pousse à mettre les pieds dans des affaires pour le moins glauques malgré les conséquences négatives que cela peut avoir sur leur propre vie de famille. Cette relation est la colonne vertébrale de la saga "Conjuring" et James Wan a su la retranscrire avec ingéniosité et sensibilité. Et si nous laisserons chacun se faire une opinion sur le côté réaliste ou non des cas qu'ils ont eu à traiter, à peu près tout le monde devrait tomber d'accord sur le fait que cette suite cumule une nouvelle fois réussite artistique et spectacle populaire ultra flippant.
N.F.T.


EN BREF
titre original : The Conjuring 2
pays d'origine : États-Unis
budget : 40 000 000 $
année de production : 2016
date de sortie française : 29 juin 2016
durée : 134 minutes
adrénomètre : ♥♥♥
note globale : 5/5

† EXORCISME †
▲ Flippant
▲ Réalisation soignée
▲ Le couple Warren

- DÉMYSTIFICATION -
Parfois un peu too much pour du "faits réels"
▼ L'ouverture qui aurait mérité un film entier
...

LE FLIP
La bonne sœur

LIRE AUSSI

Conjuring : Les dossiers Warren
Insidious
Amityville


Commentaires

En cours de lecture