[Critique] FEBRUARY (2015/2016 - DTV) d'Oz Perkins

Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥]

Parce que leurs parents ne sont pas venus les chercher pour les vacances d'hiver, Rose et Kat sont retenues dans la prestigieuse institution pour jeunes filles où elles suivent leurs études. Joan, elle, s'y rend lors d'un pèlerinage sanglant à travers les paysages gelés. Au fur et à mesure qu'elle s'en rapproche, Kat est assaillie de visions terrifiantes et son comportement devient de plus en plus étrange.

Encore peu connu du grand public, Oz Perkins a pourtant un pied dans le cinéma depuis un bail. Il est seulement âgé d'une dizaine d'années lorsqu'il fait ses débuts en tant qu'acteur dans Psychose 2 en 1983, aux côtés de son père Anthony, pour y interpréter Norman Bates enfant.

Avant le surprenant I Am the Pretty Thing That Lives in the House l'adepte de l'horreur tranquille, Oz Perkins se risquait déjà avec February, produit en 2015, à perdre une partie du public réfractaire aux intrigues lentes et alambiquées. Il serait une nouvelle fois dommage de ne pas creuser un peu sa démarche tant il excelle à créer ce climat mystérieux et vénéneux dans lequel viennent s’entremêler les troubles de Kat, adolescente au comportement étrange et ceux de Joan, routarde au passé obscure, dont les flashs récurrents témoignent d'une violence intérieure latente.


Alors oui, on songe beaucoup à Twin Peaks et on reconnaît une Audrey Horne en puissance dans presque chacune des écolières de l'institut lors d'une séance photo ou d'un spectacle de fin d'année. On se rapproche aussi souvent du duo Lynch/Badalamenti avec ce montage énigmatique, aux intrigues lentement révélées, accompagnées d'une bande-son atmosphérique angoissante omniprésente et composée une nouvelle fois par le petit frère, Elvis Perkins.

Ce montage façon puzzle qui illustre un esprit malade ou corrompu par le mal, on le connaît déjà. On pourrait d'ailleurs se contenter de le rapprocher du Spider de David Cronenberg ou du brillant 2 Sœurs de Kim Jee-Won et l'accuser de vilement recopier la recette de ses prédécesseurs. Cependant, si c'est le cas, l'ensemble fonctionne très bien et le soin apporté aux ambiances, aux teintes, aux jeux de regards, aux non-dits et aux situations faussement anodines, parvient à générer des réactions de l'ordre du ressenti plutôt que des émotions immédiatement identifiables.


Ainsi, si l'ennui guette au détour d'une séquence, c'est seulement parce que le réalisateur semble refuser de prendre la main du spectateur une bonne partie du film, n'acceptant d'en dévoiler clairement les clés que dans son troisième tiers. February prend dès lors une toute autre dimension et s'oriente, enfin, vers l'horreur. Psychologique lorsque le vernis de la réalité commence à craqueler mais aussi graphique lors de séquences de meurtre acharnées au couteau. Il est d'ailleurs intéressant de voir comment Oz Perkins s'intéresse aux troubles de la personnalité et aux tueurs à l'arme blanche. Difficile de ne pas songer à son père, l'un des piliers fondateurs de l'horreur moderne aux côtés d'Alfred Hitchcock avec Psychose. L'hommage à ce chef-d’œuvre n'est donc jamais bien loin, notamment au détour d'une brève séquence de douche assez évocatrice.


Côté distribution, Oz Perkins a parfaitement su choisir son casting majoritairement féminin. En effet, qu'il s'agisse du joli minois de Kiernan Shipka qui n'est pas sans évoquer le travail d'Anya Taylor-Jones dans The Witch – du personnage ambigu interprété par Emma Roberts, ou celui plus rebelle joué par Lucy Boynton, toutes sont parfaites dans des rôles qui n'ont rien de facile.

Comme souvent avec les œuvres de ce calibre, le principal défaut de February, mais qui est aussi sa qualité, est de prendre son temps pour révéler son univers faussement erratique et en saisir toute la subtilité, ce qui déplaira assurément aux amateurs de sens immédiat. Pour les férus d’œuvres singulières et cérébrales, il serait dommage de passer à côté de cette curiosité ne serait-ce que pour découvrir un cinéaste de caractère à suivre de près.
N.F.T.


EN BREF
titre original : The Black Coat's Daughter
distribution : Emma Roberts, Kiernan Shipka, James Remar, Lucy Boynton
pays d'origine : États-Unis / Canada
année de production : 2015
date de sortie française : 15 novembre 2016 (DTV - TF1 Vidéo)
durée : 93 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5

† EXORCISME †
▲ Vraie proposition cinématographique
▲ Casting
▲ Atmosphère

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Lent
▼ Alambiqué
Spectateur livré à lui-même

LE FLIP
La vision derrière la vitre d'une personne en train de prier de manière étrange.

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