[Critique] BLAIR WITCH (2016) de Adam Wingard

Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥♥]

James et un groupe d'amis décident de s'aventurer dans la forêt de Black Hills dans le Maryland, afin d'élucider les mystères autour de la disparition en 1994 de sa sœur, que beaucoup croient liée à la légende de Blair Witch. Isolé au fond des bois, le groupe est assailli par une présence menaçante. Peu à peu, ils commencent à comprendre que la légende est bien réelle et bien plus terrifiante que ce qu'ils pouvaient imaginer...
 
Dire qu'on l'attendait relève de l'euphémisme. Du coup avec Blair Witch on a un peu l'impression de rendre visite à une vieille tante en se replongeant 15 ans après au cœur de la mystérieuse forêt de Black Hills à la recherche de tatie Kedward, nourrissant même l'espoir de lui soustraire quelques réponses quant au sort de Josh, Mike et Heather, héros bien malgré eux du Projet Blair Witch.

Car les théories pleuvent depuis des années, souvent farfelues – l'une des plus délirantes étant Heather victime d'un complot fomenté par ses deux compagnons – et il était sans doute grand temps de se concentrer de nouveau sur l'essentiel : la malédiction de la sorcière de Blair. Des réponses, les protagonistes de Blair Witch vont en trouver sur place. Peut-être pas tout à fait celles qu'ils cherchaient, certes, mais le voyage sans retour vers l'horreur vaudra le détour, du moins pour le public.


Après un deuxième volet pas si affreux et surtout un premier film au succès fulgurant qui allait populariser le found footage tout en expérimentant l'effet viral d'internet, il aura fallu attendre 15 ans pour que le hasard fasse se rencontrer Adam Wingard (You're Next, V/H/S...) et l'équipe de Lionsgate et enfin laisser germer et aboutir cette suite en un temps record. Le buzz cette fois tiendra essentiellement de l'effet de surprise lorsque The Woods, au trailer pour le moins excitant, ne dévoilera sa véritable nature que quelques semaines avant sa sortie.

Inutile cependant de se leurrer. Blair Witch passant du statut de précurseur à celui de sa propre copie, mais aussi de celle des centaines de found footage sortis depuis, difficile de compter sur un renouvellement profond du sous-genre. Ainsi, très vite, on se sent en terrain familier : le found footage et les effets shaky cam, les jeunes inconscients qui défient les croyances locales et finissent par pleurer, Coffin Rock, Rustin Parr, tout ou presque y est. De plus, on apprécie la volonté de dessiner des personnages très premier degré mais pas pour autant exemptés de recul. Du coup on s'amuse avec eux lorsqu'ils peinent à contenir leurs rires alors qu'un couple originaire du secteur semble convaincu de la véracité de la légende locale. Une idée scénaristique comme une autre mais qui amplifie le réalisme, au même titre que l'emploi du found footage et ses coupes grossières du genre film de famille.


Niveau flip, Blair Witch flanque effectivement la pétoche. Au début parce qu'il enquille d'agaçants fake scares qui consistent essentiellement en l'intrusion de personnages dans le champ de la caméra. Heureusement, dans ce domaine les choses vont crescendo et l’œuvre propose un dernier segment dans la maison de Rustin Parr tendu comme un string, intense et étouffant, empruntant autant au FPS qu'au [Rec] de Jaume Balagueró. De plus, on a beau se dire qu'on ne nous la fait plus, il faut bien admettre que le cadre est toujours aussi anxiogène, les bois et la nuit, à eux seuls, faisant une bonne partie du boulot.

Pour accentuer le malaise, Blair Witch reprend (bouh les vilains !) aussi ce qui créait l'angoisse dans Grave Encounters : les distorsions temporelles. Ainsi, l'heure n'est plus raccord avec la nuit, les personnages tournent en rond et, 2016 oblige, les caméras se multiplient, discrètes, elles sont directement accrochées aux oreillettes des personnages autorisant des champs-contrechamps plus "cinématographiques".


Loin d'être uniquement bourrée de qualités, cette deuxième suite n'est pas exempte de soucis de cohérence. Par exemple en 2016, cela fait déjà de nombreuses années que dans les films d'horreur, on n'envoie plus personne pisser ou aller chercher du bois à 2 kilomètres du campement. Et bien que l'on soit justement dans un film d'horreur et qu'il faille trouver de bonnes raisons pour trucider de pauvres âmes, il est toujours agaçant de voir les personnages aller au casse-pipe sans se poser les bonnes questions. Spoiler : enfin les fans ressentiront aussi une frustration de découvrir que malgré son pitch évoquant Heather, le personnage soit absent du film.

Alors, 15 ans après Le Projet Blair Witch, qu'en est-il du mystère de la sorcière de Blair ? Bien qu'il ne propose absolument rien d'original, se rapprochant du premier film, le mystère est toujours aussi pesant et la balade nocturne en forêt est toujours aussi éprouvante. De son côté, Adam Wingard reprend une partie de la recette d'origine tout en s'autorisant des incursions au-delà de la simple suggestion puisqu'avec une enveloppe de 5 millions, il pouvait se montrer plus démonstratif. 
N.F.T.
EN BREF
titre original : Blair Witch
pays d'origine : États-Unis
budget : 5 000 000 $
année de production : 2016
date de sortie française : 21 septembre 2016
durée : 90 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 3.5/5

† EXORCISME †
▲ Le plaisir de retrouver la franchise
▲ Angoissant
▲ La dernière partie

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Overdose de fake scares
▼ Des incohérences
▼ Rien de neuf sur la sorcière

LE FLIP
Une course poursuite effrénée dans une maison en ruine.

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