[Critique] THE HOUSE AT THE END OF TIME (2013/2016 - DTV) de Alejandro Hidalgo

Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥]

Dulce vit dans une vieille maison avec son mari et ses deux enfants. Très vite, elle est victime d'hallucinations et pense devenir folle. Un soir, les siens meurent dans d'étranges circonstances. Accusée de meurtre, elle est condamnée à une lourde peine de prison. 30 ans plus tard, libérée mais assignée à résidence, elle revient sur les lieux du drame afin de comprendre ce qu'il s'est passé cette nuit-là...

Événement rare, voire inédit, l’arrivée d’un film d’épouvante vénézuélien dans nos contrées méritait bien une croix sur notre calendrier. Énorme succès au box-office dans son pays d’origine, The House at the End of Time a marqué quelques esprits dans le circuit des festivals et s’est donc vu offrir une distribution assez large, notamment en France par la voie du DTV.

Signant ici son premier long, Alejandro Hidalgo endosse également la plume du scénariste et le chéquier du producteur. Ayant également participé au montage, cet homme à tout faire du septième art prouve, avec un budget de seulement 300 000 dollars, que le talent et la passion sont les maîtres-mots pour nous faire oublier le manque de moyens, et ce dès les premières minutes grâce à une scène d’introduction efficace et angoissante.


Dulce, une mère de famille, se réveille après avoir perdu connaissance et, armée d’une lampe à huile pour seule défense contre l’obscurité, décide d’arpenter les couloirs de sa maison à la recherche des siens. Pas de chance, elle ne découvre que le cadavre de son mari, dont elle sera accusée du meurtre, son fils est quant à lui porté disparu. Après trente ans de prison, Dulce revient dans cette même bâtisse, déterminée à en percer les secrets et à savoir ce qu’est devenu son enfant. En plus d’être assez flippante, cette entrée en matière pose beaucoup de questions dont les réponses seront distillées tout au long du métrage.

À partir de ces quelques éléments scénaristiques, on devine déjà l’importance du personnage principal féminin dont l’instinct maternel fait office de moteur pour le récit, une grosse référence à d’autres réalisations hispaniques comme Les Autres d’Alejandro Amenábar (Tesis, Regression) et surtout L'Orphelinat de Juan Antonio Bayona. À ses côtés, on retiendra la prestation de Guillermo Garcia dans le rôle du prêtre, seule personne à croire en l’innocence de Dulce. La bienveillance de cet homme d’Église ne manquera pas de vous rappeler plusieurs personnages forts du cinéma avec bien sûr en tête d’affiche le père Damien Karras de L’Exorciste.


Scénaristiquement parlant, l’histoire se concentre sur la période avant le drame où d’étranges phénomènes commençaient déjà à se manifester et sur le retour de notre héroïne vieillie    d’un maquillage peu convaincant    après son incarcération. À l’image de The Mirror, ces deux époques seront fortement liées pour ne pas dire connectées. Les pièces du puzzle vont doucement s’assembler jusqu’à un final qu’on avait tout de même vu venir, mais qui présente son lot de rebondissements.

Qu’ils soient avertis : les assoiffés de trouille viscérale seront déçus, car si The House at the End of Time propose plusieurs jumpscares    pas toujours subtils   et quelques passages sous tension, l’angoisse ira decrescendo pour laisser sa place en fin de bobine à une déferlante d’émotions fortes qui arracheront une petite larme aux plus fleur bleue d’entre nous. Du coup, on constate ou on reproche, selon les affinités de chacun, que le drame familial finit par    trop ?    emboîter le pas au film de genre. Mais qu’importent les avis, quand l’épouvante est mise au service d’un scénario intelligent et bien construit, le résultat n’est définitivement pas à jeter. Mais comme toujours, tout n’est pas rose, le faible budget peut expliquer une photographie un peu terne à la limite du téléfilm et de grosses longueurs font pâtir le divertissement pur.


Finalement, même si cette production vénézuélienne est loin de faire surchauffer l’adrénomètre, elle reste une expérience cinématographique de qualité. Délaisser l’horreur pour jouer la carte du sentimentalisme ?  Libre à chacun de déterminer si, au final, le coup de poker est gagnant.
N.M.


EN BREF
titre original : La casa del fin de los tiempo
pays d'origine : Vénézuela
budget : 300 000 $
année de production : 2013
date de sortie française : 19 avril 2016 (DTV - Zylo)
durée : 101 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5

† EXORCISME
▲ Scénario bien construit
▲ Personnages attachants
▲ Un modèle de qualité au vu du faible budget

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Un léger cachet téléfilm
▼ Quelques longueurs en milieu de visionnage
▼ L'épouvante utilisée de manière superficielle

LE FLIP
Les apparitions d'un vieillard armé

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