[Critique] DÉLIVRE-NOUS DU MAL (2014) de Scott Derrickson

Évaluation du dossier : 3/5 []
Le sergent Ralph Sarchie est flic dans le Bronx. Il endure chaque jour le pire de la nature humaine, ce qui affecte sa relation avec sa femme et sa fille. Complètement dépassé par une affaire mystérieuse, Sarchie va devoir s’allier à un prêtre renégat qui tente de le convaincre que les horribles événements qui se multiplient sont liés à des possessions démoniaques. Bientôt, les preuves que le Mal est à l’œuvre s'accumulent…

Après le choc Sinister asséné en 2013, on attendait Scott Derrickson au tournant. Un tournant qui n'en est pas vraiment un puisque le bonhomme, déjà à l'origine de l'éprouvant L'Exorcisme d'Emily Rose, choisit de revenir au film de possession inspiré de faits réels.

Alors qu'il avait à l'époque brillamment mêlé horreur et film de procès, c'est cette fois dans le monde du polar noir, que le cinéaste fait évoluer son histoire de possession. On songe parfois au cinéma de William Friedkin, dont les enquêtes entraînent souvent les protagonistes dans un univers sombre et cru. Un axe assez inhabituel dans le film de possédé, dont le porte-étendard est toujours L'Exorciste, de... William Friedkin. S'il lui emprunte aussi des éléments de French Connection, dont la recherche d'un certain réalisme, impossible, non plus, de ne pas penser à l'ambiance d'un autre monument du thriller, Seven de David Fincher, dont il atteint rarement, malgré l'emploi d'images choc, la puissance, en terme d'ambiance sinistre.


Côté mise en scène, on regrette sur un budget à 30 millions, le manque de réelles fulgurances. Non pas que Derrickson soit réputé pour ses mouvements de caméra, mais là, c'est vraiment le minimum syndical. Pire, le choix d'adopter des effets de caméra à l'épaule évoque les effets prisés des séries télé policières à la mode depuis New-York Police Blues, mais de manière tellement excessive que l'esthétique de Délivre-nous du mal évoque parfois un téléfilm de deuxième partie de soirée...

Toutefois, cette impression de film à petit budget est compensée par une première partie relativement immersive, on ne s'ennuie pas vraiment, le métrage alternant entre humour léger et polar noir. La deuxième moitié est moins brillante, le film se fourvoie dans les clichés du film de possession et n'apporte rien de neuf à un genre essoré depuis longtemps. Demeure, pour sauvegarder un semblant d'intérêt, l'existence réelle de Ralph Serchie, dont le film relate un retour vers la foi qui bouleversera la suite de son existence. Pour la petite histoire, c'est ce dernier qui sera à l'origine de L'Exorcisme d'Emily Rose, évoquant le cas Anneliese Michel alors que Derrickson travaillait déjà sur le premier jet de Délivre-nous du mal.


On regrette également le recours à des jump scares pas toujours du meilleur goût et qui apportent un côté superficiel à l'ensemble. De ce côté, on frise la catastrophe mais Michael Marino (Black Swan, Requiem for a Dream) assure une batterie de maquillages à l'ancienne efficace avec au programme scarifications, morsures, corps qui se disloquent, visages défigurés... Ce qui rattrape la poignée de jump scares principalement animaliers – peu convaincants, à l'heure ou le public connaît la recette par cœur.



S'il est difficile de ne pas faire la fine bouche face à un métrage dont le sujet a été généreusement traité au cinéma, et malgré un résultat en deçà des espérances, en terme d'épouvante principalement, Délivre-nous du mal se détache de justesse de la production habituelle en mêlant judicieusement surnaturel et exorcisme à une trame policière forcément plus percutante dans un contexte horrifique. Attention toutefois à ne pas être trop regardant sur la mise en scène fadasse, ni chercher à s'attarder sur un sous-texte empreint d'un prosélytisme religieux qui pourrait faire bondir les spectateurs les plus cartésiens...
N.F.T.

EN BREF
titre original : Deliver us from Evil
pays d'origine : États-Unis
année de production : 2014
date de sortie française : 3 septembre 2014
durée : 118 minutes 
budget : 30 000 000 $
adrénomètre : ♥
note globale : 3/5


† HANTISE
▲ Le mélange polar et horreur
▲Première partie très immersive
▲ La recherche d'un certain réalisme formel

-  DÉMYSTIFICATION -
▼ Mise en scène fadasse
▼Prosélytisme religieux
▼ Jump scares superficiels


LE FLIP
Une présence inopinée dans le reflet d'un miroir...

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Possédée
L'Exorcisme




Commentaires

  1. Il ne fait pas peur, sa c'est sur. Et c'est un peu dommage etant donne que certain passage, si ils avaient etait plus devellope aurais pu creer un reel stress. Cependant j'ai trouve le film de tres bonne facture, de plus le combo paranormal + musique des Doors m'a donnais envie d'en apprendre plus sur ce groupe et d'ecouter leur chanson, du coup j'adore ce groupe desormais !
    Bref, comme dis un film de tres bonne facture, film sympathique a l'horizon mais qui ne bouleverse pas le genre !
    P.S. : Je m’excuse aupres du site pour les nombreux avis que je poste, mais etant souvent en contradictions avec vous ;-p ...

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