[Critique] SILENT HILL : REVELATION 3D (2012) de Michael J. Bassett

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Depuis son plus jeune âge, Heather Mason change d’adresse très souvent avec son père, sans vraiment savoir pourquoi. Un jour où ils n'ont pas eu le temps de prendre une nouvelle fois la fuite, Heather se retrouve prise au piège et doit se rendre à Silent Hill pour sauver son père. Heather va devoir affronter un cauchemar qui devient de plus en plus réel et découvrir qui elle est vraiment...

Tout comme son prédécesseur, Silent Hill : Revelation 3D offre de belles réussites ponctuées de petites déceptions plus ou moins fâcheuses, selon les sensibilités.


La première à dépasser étant ce sentiment de négation par rapport à la conclusion du film de Christophe Gans. Alors que Silent Hill, premier du nom, enfermait nos héroïnes dans l'univers sombre et malade de la ville fantôme éponyme, Michael J. Bassett va à la repêche et parvient à récupérer la petite Sharon, sauvée par sa mère grâce à un sceau magique. Malheureusement incomplet, seule la gamine a pu revenir. Son double maléfique Alessa, qui la hante régulièrement dans ses cauchemars, demeure toutefois là-bas et elle n'a bientôt plus d'autre choix que de s'y rendre, afin de retrouver son père, fraîchement disparu...

Vous l'aurez compris, pour accepter cette suite, il faut déjà accepter de se prendre dans la tronche une ellipse de 7 ou 8 ans. Et surtout de se farcir une première partie lourdement introductive. Alors que la franchise fonctionne beaucoup sur le mystère, on sent que Revelation fait dans l'accessible, la simplification, au risque d'y perdre au niveau de l'impact.

Ce choix scénaristique, qui rejette toute ambiguïté, on le doit au britannique, Michael J. Bassett. On se souvient de sa Tranchée (Deathwach) en 2002, un film traitant de surnaturel dans les tranchées de la première guerre mondiale, et qui avait fait sa petite sensation lors du festival de Gérardmer en 2003. Comme Christophe Gans, réalisateur de la première adaptation, Bassett, également scénariste -il succède à ce poste à Roger Avary- se revendique comme un véritable fan de la série de jeux vidéo. Un détail important pour être sûr d'en prélever toute la substantifique moelle et y recueillir le maximum des références iconographiques très fortes qu'elle véhicule, qu'elles soient religieuses, métaphysiques ou psychologiques, et qui ont su, au fil des années, parfaire son identité autant que son succès.


Côté casting, et malgré des dialogues parfois un peu fades, on ne relève pas de véritable faute de goût. Il faut dire que pour un budget réduit de plus de la moitié par rapport à l'adaptation de Gans, le film empile les références telles que Carrie-Anne Moss (Matrix, Memento), Sean Bean (Silent Hill, Le Seigneur des Anneaux), Radha Mitchell (Silent Hill, Evidence), Malcolm McDowell (Orange Mécanique, C'était Demain) ou Martin Donovan (Wind Chill, Dead Zone, la série) aux côté de jeunes nouveaux prometteurs comme Adelaide Clemens (X-Men Origins : Wolverine) et Kit Harington, issu de la série télé Game of Thrones. À noter également la ressemblance troublante des acteurs avec les vrais personnages du jeu vidéo, un bon point que les amateurs, tendance puriste, sauront apprécier.

Si l'angoisse est moins présente sur la durée que sur le premier film, paradoxalement, celui-ci fait plus peur et offre quelques moments de tension plutôt efficaces, offrant même les quelques jump scare syndicaux associés au genre. L'horreur graphique, moins explicite, est toutefois présente et reste fidèle, en partie, à l'ambiance malsaine des jeux video. Naturellement, les références au cinéma, qui ont elles-mêmes inspiré le jeu et son bestiaire si particulier, ne tardent pas à se faire sentir. On peut citer David Lynch et les points de vue de certains de ses personnages principaux ancrés dans une autre réalité, mais aussi L'Echelle de Jacob revendiqué comme une véritable influence par les développeurs du jeu. On ne s'étonne donc pas d'y retrouver un bestiaire tout aussi barré, et surtout cette idée du cauchemar, reflet d'une certaine réalité. Le film Hellraiser et l’œuvre de Clive Barker, également littéraire, ou la peinture et les œuvres de Francis Bacon ont aussi beaucoup contribué à la création de cet univers. Et heureusement, on retrouve aussi un peu de tout cela dans le film de Bassett.


Le travail sur les décors est remarquable et d'autant plus fort que l'intégration de la 3D (native ici) est assez convaincante, notamment en terme de profondeur de champ. En ce qui concerne les éclairages, Silent Hill étant un univers plutôt sombre et la 3D un procédé nécessitant beaucoup plus de lumière que sur un plateau classique, on imagine sans peine le travail effectué pour faire face à la difficulté. Et le challenge est réussi puisque l'exploitation du relief est vraiment bluffante, les effets de jaillissements sont nombreux, tout comme les décorateurs ont su exploiter savamment les profondeurs de champ. Un vrai point positif qui met le film, au moins pour son utilisation du relief, en concurrence directe avec les quelques films qui ont su exploiter ce procédé avec brio, tels Avatar ou Hugo Cabret.

Au final, si Silent Hill : Revelation 3D s'avère aussi inégal que le premier film, on ressent chez son réalisateur, une volonté certaine de respecter le matériau d'origine tout en offrant une histoire plus accessible. Il tire son épingle du jeu grâce à une mise en image réussie et un travail appréciable sur les décors. Amplifié par l'effet de relief, il permet de s'immerger dans son univers, notamment lors d'une deuxième partie très (trop ?) axée "exploration", au point de le faire flirter avec le film d'aventure, offrant ainsi, à défaut d'une descente dans les enfers du jeu d'origine, un véritable moment de dépaysement...
N.F.T.

EN BREF
3D
titre original : Silent Hill : Revelation 3D
pays d'origine : France / États-Unis / Canada
année de production : 2012
date de sortie française : 28 novembre 2012
budget : 20 000 000 $
durée : 90 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 3.5/5

† HANTISE †
▲ L'utilisation du relief
▲ L'univers graphique
▲ Bestiaire

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Volet "exploration" excessif
▼ Dialogues un peu fades
▼ Première partie lourdement introductive

LE FLIP
Le lapin...

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