[Critique] SILENT HILL DOWNPOUR (JV - 2012) de Vatra Games

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Le détenu Murphy Pendleton est en cours de transfert vers une prison de haute sécurité lorsque son bus, pris dans un orage torrentiel nocturne, plonge dans un fossé. Saisissant sa dernière chance de liberté, il prend la fuite et doit se diriger vers Silent Hill pour espérer quitter les lieux. Mais la ville ne le laissera pas partir aussi facilement, car là-bas, nul ne fuit éternellement ses plus noirs secrets...

Depuis 1999 et son fascinant premier opus, la série des Silent Hill n'a cessé de surprendre, développant un univers sombre et malsain, dont la dimension symbolique fascine et suscite à elle seule le respect.
Pour les fans de la première heure, mis à part un petit égarement formel avec Silent Hill 4, pas prévu au départ pour rejoindre la franchise, et joué à la première personne, le jeu a toujours respecté les principaux axes qui ont fait son succès. À savoir des phases d'exploration et de recherche angoissantes, ponctuées de rencontres effrayantes avec des entités issues d'un bestiaire original et efficace. Silent Hill c'est aussi la confrontation de la réalité à une dimension sordide, porte ouverte à tous les délires visuels, et offrant un dépaysement garanti au gamer fan d'univers horrifiques.

Fort heureusement, Silent Hill Downpour ne déroge pas à la règle. Toujours édité par Konami et développé par Vatra Games, un studio Tchèque peu prolifique, ce nouvel opus destiné aux consoles Next-Gen, poursuit l’œuvre initiée par Team Silent. Il joue la carte de l'action progressive, mais surtout, contrairement à ses prédécesseurs, réduit de manière drastique son bestiaire et les phases de combat, puisque même face à l'ennemi, il est la plupart du temps possible de choisir la fuite. Un choix qui peut, par ailleurs, avoir des conséquences sur la conclusion de l'aventure. Cependant, cela n'entache en rien le plaisir du jeu, et quelques moments mémorables sont au programme, comme la visite d'une ancienne mine à bord d'un mini train, fantôme cela va de soi, ou encore une excellente quête secondaire située dans un cinéma, qui ravira les cinéphiles d'une part, mais encore plus les amateurs d'ambiances dignes d'un film d'épouvante. 


De bonnes idées visuelles sont également à mettre au crédit de Silent Hill Downpour, comme cette chambre aux lumières psychédéliques, dans laquelle il faudra restituer un objet volé, ou plus gore, lors d'une séance de recherche de clé dans les entrailles d'un cadavre, le joueur devant alors se guider avec les vibrations de la manette, les unités de lieux totalement insaisissables sont toujours de la partie et l'on retrouve même un système de pièce identique au remarquable FPS Prey, on songe aussi dans une certaine mesure à l'esthétique du hit de David Cage, Heavy Rain, la pluie étant par ailleurs extrêmement présente et dans le jeu, et dans son titre, "downpour" signifiant "averse" en anglais. La présence de QTE (quick time event), accentue l'aspect ciné interactif, et déterminera la cinématique qui conclura votre aventure. Tout comme les quelques quêtes secondaires renforcent la durée de vie du jeu -entre sept heures pour les adeptes du vite fait bien fait, et une trentaine d'heures pour ceux qui préféreront prendre leur temps et tout compléter- et l'on apprécie une véritable richesse niveau gameplay, le jeu alternant action, énigme, exploration, et plate-forme


Graphiquement, la déception est, en revanche, bel et bien au rendez-vous. Le héros semble parfois porter des vêtements en plastique, les cinématiques -point fort des premiers jeux- sont peu attrayantes, et on demeure bien en dessous des capacités de la machine. D'autant que le jeu lague assez souvent. Inacceptable au regard de ce qui se fait aujourd'hui... L'exploitation limitée des vibrations est également dommage, même si du coup, leur utilisation dans des moments stressants, accentue l'effet d'angoisse. Idem du côté de la 3D, pauvre et inefficace, on se retrouve avec des effets de profondeur très légers qui auraient mérité d'être plus accentués, notamment lors de la séquence du train, ou lorsque le personnage tombe et glisse sur de grandes étendues. En gros, mieux vaut laisser tomber les lunettes, qui font ici figure de gadget bien inutile. Niveau son, pas de dolby, on devra aussi se contenter d'une petite stéréo surround. La bande son offre toutefois son lot d'effroi et participe à cette ambiance pesante, au travers de laquelle quelques sursauts guettent. À noter la présence au niveau du score, de Daniel Licht, connu pour son travail sur la série Dexter. Toutefois ces lourds défauts ne sont pas insurmontables et le fan indécrottable de la saga passera outre tant l'univers du jeu est passionnant et immersif.

La jouabilité ne laisse pas apparaître de problème majeur, le personnage est facilement maniable, exception faite de quelques ouvertures de porte agaçantes, ou de problèmes de caméras lors des combats. Si on apprécie le système de sauvegarde automatique, qui permet de se focaliser sur l'histoire, plutôt que sur la question de la gestion des sauvegardes, on regrette que, contrairement à un jeu comme Assassin's Creed, il soit impossible, une fois le jeu terminé, de retourner à Silent Hill pour compléter les quêtes secondaires et récupérer les succès/trophées manquants. Ce qui implique, ici, de refaire le jeu deux fois au minimum pour débloquer toutes les récompenses.


[SPOILER : Pour ceux qui s'intéressent à ce que Silent Hill Downpour raconte, en tout cas pour son scénario généralement accepté comme canonique, on y suit le personnage de Murphy Pendleton, un père de famille qui n'a jamais pu se remettre de la disparition de son fils Charlie, victime de Napier, un tueur pédophile. Il se fait jeter en prison en volant une voiture de police, et grâce à l'aide de Sewell, un maton corrompu, il venge la mort de Charlie. Mais, devenu redevable envers ce gardien de prison sans scrupule, il doit s’acquitter de sa dette en assassinant un autre surveillant avec lequel il entretient d'excellentes relations... ]

Voici en gros le terreau fertile sur lequel va pousser cette nouvelle aventure de Silent Hill, créant sa symbolique coutumière autour du sentiment de culpabilité destructeur qui dévore Murphy. Ce dernier est, d'une manière ou d'une autre, confronté à divers concepts qui le concernent, qu'il s'agisse du deuil chaotique de son fils, du poids de la justice et du difficile, voire impossible rééquilibre des choses, du jugement, celui des hommes mais aussi de sa propre conscience, du pardon. Rien à redire à ce niveau, se plonger dans l'imagerie et dans la signification des événements de Silent Hill, en les liant à l'esprit tourmenté de Murphy, est toujours aussi passionnant et peut alimenter des heures de riches discussions chez les aficionados.

Car oui, malgré ses défauts importants, quasi impardonnables pour une franchise aussi populaire et graphique, Silent Hill Downpour offre quelques bons moments de jeu, sachant varier son gameplay, et enchaîne les clins d'oeil au fantastique que tout amateur de frisson saura apprécier à sa juste valeur.
N.T.  

EN BREF
titre original : Silent Hill Downpour
pays d'origine : Japon / République Tchèque
année de production : 2012
date de sortie française : 29 mars 2012
durée : entre 7  et 30 heures.
adrénomètre : ♥♥
note globale : 3/5


† HANTISE
▲ Gameplay varié
▲ Nombreuses références fantastiques
▲ Flippant

 -  DÉMYSTIFICATION -
▼ Les graphismes
▼ 3D sans intérêt
▼ Son stéréo

LE FLIP 
L'attaque des mannequins fantômes dans l'obscurité.

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