[Critique] GRAVE ENCOUNTERS 2 (2012/2016 - VOD) de John Poliquin

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À sa sortie, le found footage horrifique Grave Encounters est rapidement devenu un phénomène que beaucoup ont pris pour une fiction. L'étudiant en cinéma, Alex Wright, aussi obsédé par le film que les 20 millions de personnes qui ont consulté son trailer sur YouTube, veut prouver qu’ils se trompent et qu'il décrit des faits réels. Alors que lui et ses amis enquêtent sur ces événements, ils décident de visiter l’hôpital psychiatrique où se déroule l'action du film. L'équipe va bientôt devoir affronter un mal indicible...

Les initiés au found footage en perpétuelle recherche d'une once d'émotion forte le savent : le sous-genre, capable du pire comme du meilleur, mise avant tout sur son économie de moyens.
Voilà pourquoi la majeure partie de ces films sont monotones, avec pour principal objectif de surfer sur la vague et s'offrir une part du gâteau. Pour cette raison, Grave Encounters a été une véritable bouffée d'oxygène. Certes, un comble pour un métrage qui cultive une certaine claustrophobie, mais difficile de nier que ce dernier apportait enfin des choses nouvelles tout en démontrant que l'on peut innover dans le genre, aussi fauché soit-il, et faire preuve d'un minimum d'ingéniosité pour se démarquer. Le résultat fut donc surprenant, flippant et bigrement malin. Et comme pour toutes les réussites, on est en droit de flipper sévère lorsqu'une suite est annoncée. L'effet de surprise étant l'un des principaux arguments du premier volet, difficile de ne pas douter de la légitimité d'une séquelle. C'est dans cet état d'esprit que j'entrepris le visionnage de Grave Encounters 2.

Si cette fois le fauteuil de "metteur en scène" revient à un petit nouveau, John Poliquin, le scénario est toujours un pur produit dérangé des Vicious Brothers, qu'ils ont structuré en trois parties. Et comme de coutume dans ce genre de métrage, il est conseillé de prendre son mal en patience durant la première période, principalement axée sur l'enquête qui se met en place autour du premier film et ses principaux protagonistes.

Dès les premières minutes, si l'on reste dans le cliché, le film de 2011 dénonçait la stupidité et la grande supercherie des documentaires paranormaux sensationnalistes on a quitté ceux de la téléréalité pour retrouver ceux du cinéma d'horreur d'une part, mais aussi du monde étudiant. Sexe, beuverie, drogue et musique forte... les connaisseurs en matière de cinéma horrifique sont en terrain connu. Mais c'est surtout l'occasion de faire connaissance avec le personnage principal, Alex Wright, un étudiant en cinéma, tête à claque et antipathique à souhait, trop même, à tel point que l'identification est impossible, ce qui ruine en partie le potentiel immersif du film. Attelé à la réalisation d'un super navet dans lequel les acteurs jouent comme des sacs à patates, et tout en cherchant à révolutionner le genre, il est arrosé d'étranges e-mails d'un certain Death Awaits, qui l'invite à prendre Grave Encounters, premier du nom, au sérieux, puis de rejoindre l'asile désaffecté où il a été tourné. Et ils finissent par s'y rendre, les jeunes inconscients !



Au bout de 35 minutes démarre réellement la deuxième partie du métrage, plutôt axée survival, au cœur de l'hôpital Collingwood. Alors, bien sûr, on se dit que l'on connait la chanson et que la petite bande va se faire dégommer par les forces en présence... et on a bien raison, puisqu'une bonne partie du crew se fait liquider en un temps record. Puis arrive, au bout d'une heure, le dernier segment et son lot d'éléments plus ou moins nouveaux. Ça tourne pour ainsi dire au jeu de piste, tendance Fort Boyard... Sauf que là où certains films demanderaient, par exemple, de trouver une amulette maléfique à détruire pour anéantir le démon, il faut ici trouver une pince-monseigneur pour ouvrir une mystérieuse porte. C'est aussi l'occasion de revenir sur les sombres desseins du docteur Friedkin -dont la pratique de la chirurgie, associée à la magie noire est, vous en conviendrez, peu orthodoxe- mais aussi de réaliser toute la complexité d'un lieu en perpétuel mouvement...

Niveau trouille, même si l'effet de surprise n'est plus à l'ordre du jour, atténuant également le côté claustro de Grave Encounters premier du nom, cela n'évite pas pour autant quelques pics d'effroi, et plusieurs attaques bien nerveuses, évoquant parfois [Rec]. On a droit aussi à de nouvelles bizarreries tendance bad trip, et à quelques éléments qui apportent leur lot d'angoisse comme l'utilisation de la vue thermique, ou d'une planche ouija...


Bien plus abouti visuellement, on sent une nette amélioration, due en partie à la multiplication des points de vue, puisqu'aux caméras vidéo viennent désormais s’additionner webcams et autres téléphones portables. À noter quelques images volées par un cameraman assez inattendu... Grave Encounters 2 bénéficie également d'un plus grand nombre d'effets spéciaux, on y voit plus de "choses", tout en conservant l'esprit amateur qui le rend si réaliste. On y perçoit aussi plus de références cinéphiliques au genre, comme Le Projet Blair Witch, Cube, Chronicle, Evil Dead 2, S.O.S. Fantômes, En Quarantaine et même, en remontant plus loin, au Voyeur de Michael Powell, lors d'une brutale scène (quasi) finale.

Moins immersif et réussi que le premier film, principalement à cause d'un effet de surprise entamé, d'un casting moyen et d'un acteur principal antipathique, Grave Encounters 2 étonne toutefois par sa volonté farouche à se renouveler et offrir au-delà des quelques scènes flippantes syndicales, un métrage astucieux et toujours aussi imprévisible. Il souffre aussi d'une volonté trop appuyée des frères vicieux, à faire du méta, au risque de paraître un brin prétentieux et se piéger eux-mêmes dans leur propre logique...
Concernant la bande-annonce, on déconseillera son visionnage à ceux qui veulent en savoir le moins possible !
N.T.

EN BREF
titre original : Grave Encounters 2
pays d'origine : Canada / États-Unis
année de production : 2012
date de sortie française : 6 juillet 2016 (VOD)
durée : 98 minutes
budget : 1 400 000 $
adrénomètre : ♥♥♥
note globale : 3/5

† HANTISE
▲ Flippant
▲ Astucieux
▲ Visuellement plus abouti

-  DÉMYSTIFICATION -
▼ Effet de surprise entamé
▼ Personnage principal antipathique
▼ Trop de "méta"

LE FLIP
Dans la salle d'opération, mieux vaut  crier en silence...

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