THE TURNING (2020 - DTV) de Floria Sigismondi [Critique]

Évaluation du dossier : 2.5/5 []

Une jeune femme, engagée comme nounou de deux orphelins, est convaincue que le manoir dans lequel ils vivent est hanté...


Sous l'égide du studio Dreamworks, cette nouvelle adaptation cinématographique du Tour d'Écrou, réalisée par la clippeuse Floria Sigismondi, malgré d'indéniables qualités, peine à convaincre, surtout les plus familiers à l'univers d'Henry James.

Précédé de nombreuses adaptations plus ou moins fidèles à l'œuvre littéraire d'Henry James, The Turning partait avec deux sérieux handicaps : le culte Les Innocents de Jack Clayton, d'un côté, et son somptueux noir et blanc pour une lecture ultime d'un classique du roman gothique, et de l'autre, plus récemment, le sombre et enivrant The Haunting of Bly Manor de Mike Flanagan sur Netflix, qui viennent rendre caduque toute tentative de réadaptation trop hasardeuse.


Et c'est malheureusement ce qu'il se passe avec The Turning, sous la houlette de la réalisatrice Floria Sigismondi, essentiellement connue dans l'univers du clip vidéo où elle a travaillé pour de nombreux artistes tels Muse, The Cure ou encore Marilyn Manson. Une influence rock, tendance gothique, mise à contribution et qui se ressent dans certains choix scénaristiques et esthétiques et notamment dans l'envie apparente de sortir de sa zone de confort (et des balises de la nouvelle !). Car on ne peut retirer au film le mérite de tenter des choses. La raison du rejet qu'il peut susciter concerne plutôt la pertinence réelle de ces réajustements. À commencer par le contexte des années 90 – où le grunge cristallisait une certaine colère et une contestation de la jeunesse – qui explique le fait que Miles (insupportable tête à claques du début à la fin !) devient ici un adolescent musicien en pleine crise rebelle... La réussite, en revanche, est plutôt à chercher du côté de la psyché vacillante de la gouvernante, Kate, interprétée par une Mackenzie Davis impeccable (Blade Runner 2045), maltraitée par ses élèves, Flora et Miles, joués par Brooklynn Prince et Finn Wolfhard (Stranger Things) et par la femme de ménage, Miss Grose, incarnée par une Barbara Marten antipathique à souhait.


Mais c'est surtout au moment de la conclusion que ce bien fragile château de cartes s'effondre, avec une tentative de fin ouverte maladroite et incompréhensible qui donne plus l'impression d'une improvisation de dernière minute que d'une réelle recherche de conclusion réfléchie et choisie. D'ailleurs, on ne sait pas trop quoi penser non plus de l'initiative de laisser la fin alternative en bonus, sinon pour démontrer qu'on échappe finalement à une conclusion bien pire que prévue où les acteurs paraissent cette fois en totale roue libre... Ouf !


Sans être non plus un ratage complet, The Turning se laisse même souvent regarder avec plaisir si l'on accepte de se laisser porter par la poésie macabre qui s'en dégage, d'autant plus que l'élégante mise en scène de Floria Sigismondi et les choix esthétiques donnent l'agréable impression d'une œuvre plutôt maîtrisée. En même temps, avec un budget de 14 millions de dollars, on en attend un minimum à ce niveau. Seulement, les choses tournent vite en rond, avant de virer à la catastrophe et s'il pourra finalement toujours plaire à ceux qui ne sont pas familiers à cet univers à l'origine tout en subtilité, The Turning peinera à mettre dans sa poche ceux qui ont élevé Les Innocents de Clayton au rang d'œuvre définitive. Reste toutefois une bande-son originale inspirée et féminine, plutôt raccord avec l'époque du récit (Courtney Love, Kim Gordon...) ou non (Mitski, Alison Mosshart...).  
N.F.T.



EN BREF 
titre original : The Turning
réalisation : Floria Sigismondi
distribution : Mackenzie Davis, Finn Wolfhard, Brooklynn Prince, Barbara Marten...
photographie : David Ungaro
pays d'origine : Royaume-Uni / Irlande / Canada / États-Unis / Inde
budget : 14 000 000 $
année de production : 2020
date de sortie française : 1 juillet 2020 (VOD-DVD-BD - Universal Video)
durée : 94 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 2.5/5
 
† EXORCISME † 
▲ Photographie
▲ Atmosphère anxiogène
▲ Immersif

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Nouveau contexte peu justifié
▼ Le personnage de Miles
▼ Fin bâclée

LE FLIP 
Une présence maléfique au bout du couloir...

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