LE TRAIN DES ÉPOUVANTES (1965/1971) de Freddie Francis [Critique]

Évaluation du dossier : 3/5 []

Dans un train britannique, cinq passagers se font prédire leur avenir par un diseur de bonne aventure : le mystérieux Dr Schreck...


Sept années avant Histoires d'outre-tombe, Freddie Francis jetait les premiers jalons d'une longue série de films à sketches produits sous la bannière du studio Amicus.


C'est aussi la première d'une longue collaboration entre la firme britannique via Milton Subotsky son fondateur – ici au poste de scénariste –  et Freddie Francis, ici réalisateur mais à la carrière de directeur de la photographie brillante et déjà ponctuée de classiques, telles Les Innocents. Si l'on est encore éloigné des histoires plus contemporaines qui sortiront dans les années 70, l'aspect classique, empreint d'horreur gothique, sans doute amplifié par la présence au casting de Christopher Lee et Peter Cushing, tous deux irréprochables, donne un précieux charme à l'ensemble.

On retrouve donc le célèbre interprète de Van Helsing, Victor Frankenstein ou encore Sherlock Holmes en diseur de bonne aventure, très démonstratif auprès de ses cinq compagnons de cabine. Il sort un jeu de tarot divinatoire qu'il a baptisé le "Train des épouvantes" et tire les cartes à chacun de ces inconnus, donnant lieu à un récit à chaque fois.



Le premier sketch, Werewolf (Le Loup-garou), n'est pas vraiment le segment le plus passionnant. Pour une entrée en matière, il a même plutôt tendance à inquiéter avec ses longueurs et ses dialogues peu inspirés. On y suit les mésaventures de l'ancien propriétaire d'une vieille maison où il retourne suite à l'appel de la nouvelle maître des lieux. Cette dernière souhaite en effet le consulter avant de réaliser des travaux. Bientôt il constate dans la cave la présence d'un loup-garou bien décidé à accomplir une vengeance ancestrale. Ce segment assez bavard se laisse regarder pour son approche classique d'un monstre mythique du cinéma d'épouvante mais ne constitue pas le meilleur morceau du film.

Heureusement les choses deviennent un peu plus fun dès l'épisode suivant, intitulé Creeping Vine (La Vigne mutante). Les Rogers rentrent de vacances et découvrent dans leur jardin une vigne mutante que le chef de famille ne parvient pas à éliminer. Après que celle-ci s'en soit prise au chien, le ministère de la défense dépêche deux scientifiques sur place afin de régler définitivement le problème. Interprété notamment par Annie Bell (The Witches, Farenheit 451) La Vigne mutante conserve le côté un peu Z du précédent segment, tout en rappelant d'autres productions postérieures épousant des thématiques similaires telles L'Attaque des tomates tueuses ! ou encore La Mort solitaire de Jordy Verrill dans Creepshow, ce qui ne l'empêche pas, contre tout attente, de créer un climat inquiétant autour de cette plante de plus en plus envahissante et incontrôlable.

Voodoo (Vaudou), comme son titre l'indique, s'intéresse aux rituels mystiques et combine la rigueur du jazz aux rythmiques endiablées du Vaudou. On y fait la connaissance d'un musicien de jazz qui a la très mauvaise idée de plagier les musiques sacrées du célèbre culte antillais. Il nous plonge dans les clubs de jazz de l'époque, mâtinés ici d'un poil d'exotisme assez convaincant, puis dans une traque surnaturelle qui conduira l'artiste à réaliser les risques encourus à piller la musique des autres, de surcroît lorsqu'elle flirte avec la magie noire...


Disembodied Hand (La Main baladeuse), apporte une touche humoristique à une histoire qui n'a pourtant rien de drôle. Christopher Lee y incarne un critique d'art impitoyable et aigri qui se fait un jour berner par un singe. Humilié, il décide de se venger de celui qui a fait de lui la risée du public, sans se douter que cela entraînera un retour de bâton très inattendu. Il s'agit là probablement du sketch le plus intéressant, ne serait-ce que par sa charge angoissante plus marquée, avec cette main qui évoque autant la chose de La Famille Addams que celle bien plus criminelle du pauvre Ash dans Evil Dead 2. On y trouve aussi une petite morale soulignant que la vengeance n'est pas toujours la meilleure solution puisqu'ici, de l'artiste offensé au critique vexé, tout le monde y perd.

Enfin, Vampire (Le Vampire) avec Donald Sutherland (L'Invasion des profanateurs, Johnny s'en va-t-en guerre), vaut également le coup d'œil et propose une envoûtante histoire de vampire, empreinte d'un gothique moderne plaisant. Un médecin en début de carrière et son épouse emménagent dans une ville où semble sévir un vampire. Le jeune homme et le spectateur, vont découvrir à quel point les apparences peuvent être trompeuses. À l'issue de cette histoire s'interrompt la séance de cartomancie et le train finit par arriver en gare, déposant nos voyageurs à une destination inattendue... 
N.F.T.

EN BREF
titre original : Dr. Terror's House of Horrors
distribution : Peter Cushing, Christopher Lee, Donald Sutherland, Ann Bell, Phoebe Nicholls, Bernard Lee, Jeremy Kemp, Roy Castle, Michael Gough...
pays d'origine : Royaume-Uni
budget : 133 500 $
année de production : 1965
date de sortie française : 14 avril 1971 - 23 octobre 2018 (Mediabook - ESC Editions)
durée : 97 minutes
adrénomètre : ♠
note globale : 3/5

† EXORCISME †
▲ Les trucages
▲ Le charme de l'époque
▲ Peter Cushing et Christopher Lee

 - DÉMYSTIFICATION -
▼ Le premier segment faible
▼ Dialogue parfois involontairement drôles
▼ Parfois prévisible

LE FLIP
Une main vous agrippe alors que vous conduisez...

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