ASYLUM (1972/1974) de Roy Ward Baker [Critique]

Évaluation du dossier : 4/5 []

Afin d'obtenir un poste à responsabilité dans un asile psychiatrique réputé, Robert Martin se soumet à un examen de passage particulier : parmi les patients de l'établissement, il doit découvrir qui est le docteur Starr, l'un de ses deux directeurs désormais interné. Chaque malade lui raconte sa terrifiante histoire...


Autre film notable de la période films à sketches du studio Amicus, Asylum de Roy Ward Baker s'offre une lifting en Blu-ray convaincant sous l'égide de l'éditeur ESC Editions.


Pour cette première réalisation de Roy Ward Baker pour le compte du studio Amicus, ce sont les histoires de Robert Bloch qui sont portées à l'écran. Et qui de mieux que l'auteur de "Psycho" pour provoquer le frisson au contact des internes enfermés dans ce fameux asile ? La réalisation de Roy Ward Baker se concentre sur ces étranges personnages, comme pour mieux cerner leur psychologie, leur caractère, leurs choix et apporter un certain relief aux témoignages qu'ils partagent, brassant large dans les thématiques fantastiques. La musique, une nouvelle signée Douglas Gamley (Histoires d'outre-tombe), est toujours aussi macabre et marquante, au point qu'elle sera allégrement pillée quelques années plus tard pour le score de La Fin de Freddy - L'Ultime cauchemar.


Asylum - Lucy Comes to Stay - Lucy (Britt Ekland)

Chaque histoire est rattachée à un récit principal, dans lequel le docteur Martin, incarné par Robert Powell (Tommy, Harlequin), rejoint un hôpital psychiatrique pour travailler aux côtés du docteur Starr. Sur place, c'est le docteur Rutherford qui l'accueille, joué par Patrick Magee (Orange Mécanique, Histoires d'outre-tombe). On lui fait alors une visite guidée des lieux, à la rencontre de chaque pensionnaire, prétexte à un récit.

Dans Frozen Fear (Terreur glacée), Martin écoute l'histoire de Bonnie. Avec son amant, elle a mis en place un stratagème machiavélique pour se débarrasser de l'envahissante épouse, qui, manque de bol, était une adepte du Vaudou. Le terrible méfait accompli, une lente et impitoyable vengeance d'outre-tombe se met en place. Ce premier sketch évoquera à ceux qui ont vu Le Train des épouvantes, celui, déjà réjouissant avec Christopher Lee. Ici on reste dans le même "délire" grand-guignolesque et les effets spéciaux bien que très sommaires, bénéficient d'une audace qui n'enlève rien au charme de la fascinante l'entreprise.

Dans The Weird Taylor (Le Tailleur mystérieux), Bruno, interprété par Barry Morse (La Quatrième Dimension, L'Enfant du diable), est un vieux tailleur qui croule sous les dettes. Alors qu'il est à deux doigts d'être mis à la porte par son propriétaire, son dernier espoir fait irruption dans sa boutique un soir, sous les traits d'un aristocrate incarné par un Peter Cushing (Le Train des épouvantes, Histoires d'outre-tombe) irréprochable, comme à son habitude. L'homme passe une commande très spéciale sur laquelle Bruno travaille d'arrache-pied, respectant les règles qui lui sont imposées. Mais les choses étant trop belles pour être vraies, tout ne se passe pas comme prévu au moment de la livraison et prennent une tournure dramatique. Cette histoire très originale, bénéficie de plus d'effets spéciaux réussis (le tissu étincelant est véritablement bluffant) et sous forme d'un conte noir, rappelle au spectateur que les apparences sont parfois trompeuses mais surtout que les opportunités de la dernière chance ne marchent pas toujours....

Asylum - The Weird Tailor - Mr Smith (Peter Cushing)

Lucy comes to Stay (Lucie va venir), plus réaliste et chiche en effets spéciaux, est sans doute le segment le moins passionnant du long-métrage. Il vaut toutefois le coup d'œil pour son casting au sein duquel figure la toute jeune Charlotte Rampling (Assassin's Creed, Angel Heart, Dexter) dans le rôle de Barbara, dont la beauté vénéneuse contraste avec la pathologie criminelle qu'elle abrite, soit le trouble dissociatif si cher à Robert Bloch.

Le dernier sketch, Mannikins of Horror (Mannequins de l'horreur) bien que bref, vient se greffer directement au récit principal. On y retrouve l'étrange Byron, docteur de son état et fabriquant de poupées-robot auxquelles il assure pouvoir donner vie. L'une d'elles, à son effigie, se met à se mouvoir, faisant basculer la visite du docteur Martin dans l'horreur. Ce segment, très réussi, parvient à faire monter l'angoisse grâce à son inquiétant robot à tête humaine, déterminé à accomplir froidement sa mission. Il est aussi le moins avare en horreur graphique grâce à une brève séquence gore dans sa conclusion.

Globalement, Asylum s'avère de très bonne facture, même si l'on décroche un peu avec Lucy Comes to Stay, au rythme et à l'intérêt fantastique moins marqués. Souvent traité avec un premier degré qui offre une certaine noirceur à l'ensemble, il est à mettre dans le haut du panier de la période "omnibus" du studio Amicus. On comprend en tout cas qu'il ait reçu en 1973 la toute première Licorne d'or du festival international du film fantastique et de science-fiction de Paris.
N.F.T.

EN BREF
titre original : Asylum
titre français : L'Asile
distribution : Peter Cushing, Britt Ekland, Herbert Lom, Charlotte Rampling, Patrick Magee...
pays d'origine : Royaume-Uni
budget : N. C.
année de production : 1972
date de sortie française : 8 mai 1974 - 18 septembre 2018 (Mediabook - ESC Editions)
durée : 88 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 4/5

† EXORCISME †
▲ Effets spéciaux souvent audacieux
▲ Les sketches parfaitement reliés
▲ Les thèmes variés

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Le segment Lucy Comes to Stay moins rythmé
▼ Pas de VF
▼ On en redemande à la fin

LE FLIP
Un cadavre en attente de réanimation...

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Le Caveau de la terreur
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