Évaluation du dossier : 4/5 [♠]
Cinq personnages se retrouvent coincés au sous-sol d'un gratte-ciel londonien, dans une pièce aménagée comme un gentlemen's club. Ils décident de profiter du confort sur place, boire un verre et échanger en attendant l'arrivée des secours. Alors qu'ils abordent le thème du rêve, chacun se met à raconter ses cauchemars...
Avec la sortie du Caveau de la terreur, une fois encore, l'éditeur ESC nous offre la chance unique de (re)découvrir l'une des perles de la période "omnibus" du studio Amicus.
Le studio Amicus présente ici cinq histoires inspirées des comics horrifiques Tales from the Crypt et The Vault of Horror, publiés par l'éditeur EC Comics. C'est une nouvelle fois Roy Ward Baker qui se colle à la réalisation. Il pratique toujours l'ironie déjà présente dans Histoires d'outre-tombe et y ajoute davantage d'humour, Le Caveau de la terreur faisant figure de véritable Creepshow avant l'heure.
La première histoire racontée par ces invités malgré eux à ce club de Gentlemen est Midnight Mess. Dans ce sketch, on fait la connaissance de Rogers, frère indigne et impitoyable, prêt à tout pour toucher l'héritage familial. Mais il ignore tout de la nature de la communauté qu'il rejoint lorsqu'il retrouve sa sœur et ne s'attend pas à ce que les évènements se retournent contre lui. Ce premier segment est très réussi et retranscrit parfaitement toute l'angoisse générée par l'une des figures mythiques du cinéma d'épouvante, ici rendue contemporaine et qui répond ironiquement à la cupidité tendance criminelle.
Vient ensuite The Neat Job où un homme d'âge mûr épouse une jeune femme et découvre très vite qu'elle n'est pas vraiment la fée du logis qu'il espérait. Malgré les efforts évidents de cette dernière et devant les excès de colère de l'époux, les choses vont finir par tourner à la catastrophe, l'histoire s'attachant au final à souligner avec humour (noir) les risques encourus à vouloir trop forcer des natures incompatibles.
Dans The Trick'll Kill you, un magicien en vacances avec son épouse en Inde est à la recherche de tours innovants. Il n'hésite d'ailleurs pas à intervenir en plein milieu du show d'un prestidigitateur local afin de revendiquer les trucages utilisés. Plus tard, l'assistante attire l'attention du touriste présomptueux lorsqu'elle réalise le tour de la corde hindoue. Ne parvenant pas à en percer le mystère, il l'invite dans sa chambre dans le but de la tuer et lui dérober son tour. Évidemment, le retour de karma ne se fait pas attendre et les choses finissent par se retourner contre ce couple d'Américains sans scrupules. Même si l'on note une faiblesse amusante dans les effets-spéciaux, accentuée ici par une haute définition implacable dans ce domaine, le charme artisanal et quelque peu mystique de l'entreprise prend très vite le dessus et l'épisode s’avère au final aussi exotique que savoureux.
Le segment suivant s'intitule Bargain in Death. Il s'intéresse à la mésaventure d'un homme qui souhaite monter une arnaque à l'assurance et qui pour cela projette de se faire enterrer vivant afin d'être reconnu officiellement mort. Pour son malheur, son complice qui devait le sortir de cette mauvaise posture décide de faire cavalier seul pour profiter de l'intégralité du magot. Parallèlement, deux étudiants en médecine décident d'expérimenter leurs connaissances sur le cadavre du fraudeur dont ils ignorent tout des desseins. Rien ne se passe comme prévu pour personne et tous ces destins se croisent, créant des situations aussi cocasses qu'épouvantables, dans le pur esprit du comics auquel le film fait un petit clin d’œil, rendant hommage à Jack Olek, à l'origine de nombreuses histoires publiées par EC Comics.
La dernière histoire est Drawn and Quartered, centrée sur un peintre résidant à Haïti. Découvrant qu'il est spolié par ses galeristes, il décide d'en appeler au vaudou pour les atteindre et se venger. Après avoir concrétisé son projet, non sans une certaine cruauté, il oublie un détail qui l'expose à son tour au danger. Radical et sans pitié, cette histoire aux parfums tribaux s'avère un peu plus longue que les autres mais au final, suscite un véritable intérêt par son sujet et sa narration.
Si Le Caveau de la terreur suscite parfois une impression de répétition, quasi inévitable tant les productions du même genre issues du studio Amicus sont nombreuses, il a, à sa décharge, la bonne idée de moderniser son propos en s’affranchissant du classicisme qui faisait alors la marque de la Hammer. La mise en scène un poil académique de Roy Ward Baker amplifie probablement ce sentiment de routine, celui-ci s'intéressant davantage au contenu qu'au contenant de son projet. Et quand bien même Le Caveau de la terreur ne fait pas dans la démonstration horrifique, on prend un véritable plaisir à constater les astuces mises en place pour permettre de la suggérer plutôt que la montrer. On souligne également la musique de Douglas Gamley qui rappelle la partition de Wendy Carlos au générique de Shining et pour cause... tous deux s'inspirent de la Symphonie fantastique de Berlioz, elle-même composée à partir d'une ancienne prière chantée lors des liturgies pour les défunts.
Varié, captivant du début à la fin, Le Caveau de la terreur est sans aucun doute l'un des meilleurs films à sketches produits par le studio Amicus. Témoin historique d'une décennie ici gravée pour toujours sur pellicule, c'est le côté nostalgique alimenté par l'aspect contemporain des histoires qui apporte ce petit supplément d'âme nécessaire à combler le manque évident d'horreur.
N.F.T.
EN BREF
titre original : The Vault of Horror
distribution : Dawn Addams, Tom Baker, Michael Craig, Denholm Elliott, Glynis Johns, Edward Judd, Curt Jurgens, Anna Massey, Daniel Massey, Terry-Thomas...
pays d'origine : Royaume-Uni / États-Unis
budget : N.C.
année de production : 1973
date de sortie française : 1985 (VHS - CBS Fox Video) - 9 octobre 2018 (Mediabook - ESC Editions)
durée : 86 minutes
adrénomètre : ♠
note globale : 4/5
† EXORCISME †
▲ Humour noir
▲ Charme des vieux films
▲ Histoires captivantes
- DÉMYSTIFICATION -
▼ Effets spéciaux parfois limite
▼ Mise en scène académique
▼ Dernier segment un peu plus faible
LE FLIP
Un portrait détruit qui symbolise l'état réel de son modèle...
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Creepshow
Trilogy of Terror
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