[Critique] KRAMPUS (2015/2016) de Michael Dougherty

Évaluation du dossier : 4/5 [♥]

Quand Max voit sa famille peu exemplaire se disputer à l'approche de Noël, le garçon décide d'ignorer la célébration. Ce manquement à la tradition va provoquer les foudres de Krampus, un démon ancestral bien décidé à punir les réfractaires. Les figures de Noël prennent monstrueusement vie et lancent l'assaut sur la maison de Max, forçant les membres de sa famille à s'entraider s'ils espèrent sauver leur peau.

Si Krampus avait fait quelques apparitions dans le sympathique A Christmas Horror Story, il est aujourd’hui la star de son propre film.
Cette créature cornue issue du folklore allemand représente l’alter ego maléfique de saint Nicolas ou du père Noël selon la culture et, dans plusieurs pays, fait office de substitut à notre père Fouettard national. Voilà donc l’antagoniste idéal pour une comédie horrifique de Noël qui parviendra sans mal à graver son nom parmi d’autres plus connues telles que Père Noël Origines ou encore l’indétrônable Gremlins de Joe Dante.

Sorti aux États-Unis en 2015, forcément durant les fêtes de fin d'année, Krampus débarque sur nos écrans courant mai. Cherchez la logique... À la réalisation, on retrouve le bon copain de Bryan Singer, Michael Dougherty ayant dédié sa plume aux scénarios de certains volets de la franchise X-Men. Chez Terreurvision, on le connaît mieux pour son film à sketches d’Halloween, Trick 'r Treat, qu’il est grand temps de voir si cela n’est déjà fait. 


Au-delà de la prédilection qu’a Dougherty pour les grandes fêtes, la similitude la plus remarquable entre ses deux réalisations horrifiques reste son cynisme morbide. On se rappelle notamment les infanticides plutôt musclés de  Trick'r Treat, scènes appréciables, mais inhabituelles quand on sait que le cinéma hollywoodien a tendance à surprotéger les petits bambins. Si les événements de Krampus sont nettement plus soft en terme de gore, notre cinéaste sadique ne montrera pas non plus de clémence à l’égard de cette famille américaine. Le réalisateur ne brosse pas le spectateur dans le sens du poil et l’on n’en attendait pas moins de celui-ci.  

En se baladant un peu sur la toile, on peut lire que le principal tacle critique à l’encontre de Krampus concerne ses personnages trop clichés. Dommage, car c’est justement ce détail qui fait toute la moelle du film. En effet, entre le beau-frère lourdaud, les cousines tyranniques et la grand-tante imbuvable, qui pour le comble est complètement alcoolique, l’œuvre de Dougherty ne fait pas une démonstration d’originalité. Mais en y regardant de près, ces personnages un brin loufoques sont davantage des archétypes de comédie familiale que de films d’horreur. Et c’est ici que réside toute l’intelligence du projet. Voir basculer ces clichés comiques dans un cauchemar d’épouvante rend le métrage moins prévisible et lui confère un effet de surprise rafraîchissant. Il est aussi amusant qu’intéressant de découvrir comment les membres de cette famille vont dépasser    ou pas    leur bêtise pour protéger les leurs et nous proposer un spectacle où humour et épouvante se marieront sans problèmes. Si attaquer le manque de profondeur des personnages est parfois une critique facile, elle est carrément gratuite quand il n’y a aucun désir de comprendre la démarche cachée derrière. Inversement, si vous êtes désireux de voir des clichés d’horreur faire tout et n’importe quoi dans une pure comédie noire, jetez un oeil à l’hilarant  Tucker et Dale fightent le mal.


En revanche, d’autres critiques négatives se voient vérifiées. Parmi elles, citons la surabondance de créatures hostiles. En effet, une multitude de bestioles différentes vont venir perturber le Noël en famille de nos protagonistes et finalement, ce large panel de monstres, qui ferait rougir le bestiaire d’un RPG, va avoir tendance à voler la vedette à Krampus lui-même et donc désamorcer le processus de valorisation de la vraie menace. Cet impair reste rependant un détail, une petite gêne plutôt qu’un réel défaut. Malheureusement, la fin envoyée au lance-pierre sera nettement plus irritante. Si les événements précédents s’enchaînaient avec rythme et ingéniosité, les dernières minutes ne bénéficient pas du même travail d’orfèvre. Dépourvue même d’un élément résolutif, la fin sera tout de même largement rattrapée par un dernier plan iconique, mémorable oserait-on dire.

Le casting fonctionne également assez bien. En particulier, on retiendra les deux personnages les plus excentriques, le beau-frère et la grand-tante interprétés respectivement par David Koechner (Piranha 3DD, Manuel de survie à l'apocalypse zombie) et Conchata Ferrell (Mon oncle Charlie, Frankenweenie), deux acteurs plus connus pour leurs rôles comiques, mais dont la sympathie assure le divertissement. Parmi les autres acteurs, on citera également Adam Scott (Piranha 3D) et Toni Collette (Fright Night, Sixième sens) dans les rôles des parents, mais dont les performances sont en partie occultées par les personnages les plus forts.


Une nouvelle fois, Michael Dougherty nous expose sa maîtrise de l’horreur, oscillant entre le bon enfant et l'effroyablement vicieux. On oubliera les quelques défauts finalement balayés par l’atmosphère globale du film et par ses nombreuses qualités. Krampus, œuvre originale et inventive, méritera amplement sa place dans le cœur des grands enfants en quête de frissons.
N.M.
EN BREF
titre original : Krampus
pays d'origine : États-Unis / Nouvelle-Zélande
budget : 15 000 000 $
année de production : 2015
date de sortie française : 4 mai 2016
durée : 98 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 4/5

† EXORCISME
▲ S'amuse avec les clichés
▲ Casting à la hauteur
▲ Dernier plan mémorable

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Fin du film mal construite
▼ Bestiaire excessivement abondant
▼ Peu effrayant

LE FLIP
Le clown glouton

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