[Critique] LE LOUP-GAROU (1941/1945) de George Waggner

ADRÉNOMÈTRE  ♠ 
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Lawrence Talbot est de retour au château de son père, situé au pays de Galles. Là, il fait la connaissance de la ravissante Gwen Conliffe, qu'il accompagne à une fête organisée par une troupe de bohémiens. Mais au cours de cette nuit de pleine lune, Talbot est mordu par un loup en essayant de porter secours à Jenny, l'amie de Gwen.

Si l'on trouve des allusions à la lycanthropie dans la mythologie grec, le cinéma aussi adopta très tôt le thème du loup-garou. En 1913 déjà, sous la houlette du tout jeune studio Universal, Henry MacRae réalisait The Werewolf, un court-métrage malheureusement disparu depuis.
L'amusant The Werewolf in London connu également un certain succès en 1935, en plein âge d'or des monstres Universal, mais c'est en 1941, avec la production du Loup-Garou que cette figure mi-homme, mi-loup, marquera durablement le septième art, et ce pour plusieurs raisons.

George Waggner assure une mise en scène très sobre à partir d'un scénario écrit par Curt Siodmak. Un script quasi révolutionnaire tant il va enrichir la mythologie du monstre. On peut en effet relever deux particularités qui lui seront définitivement attribuées lors des productions futures : la transformation en loup-garou de toute personne ayant été mordue (une caractéristique qui semble directement héritée de Dracula), mais aussi la nécessité d'utiliser de l'argent (sous forme de balle, de lame ou autre...) pour mettre la bête hors d'état de nuire.


D'autre part, la qualité de l’œuvre ne serait sans doute pas la même sans l'interprétation magistrale de Lon Chaney Jr dans le rôle titre. Le digne héritier de "L'homme aux mille visages" demeure toujours très juste, malgré la dualité qui anime son personnage, tiraillé entre une touchante humanité et une violence bestiale. Par ailleurs ce rôle lui colla tellement à la peau qu'il fut le seul acteur du studio Universal à avoir interprété le même rôle dans cinq films. Évidemment, il serait également injuste de ne pas rendre hommage au travail du maquilleur Jack Pierce, attaché à la conception de tous les monstres Universal depuis Dracula, avant de se faire dépasser par des techniques de maquillage plus modernes à la fin des années 40.
 
Les quelques séquences surjouées d'Evelyn Anker (Gwen) et les fondus enchaînés approximatifs utilisés lors de la transformation de Lawrence Talbot en loup-garou sont heureusement compensés par les décors brumeux et l'ambiance mystérieuse de The Wolf Man, dont le cachet irréel et poétique est renforcé par son univers entièrement créé en studio. Sans oublier le soin apporté au personnage complexe de Talbot, dont la transformation, proche du concept du Dr Jekyll et M. Hyde, hautement allégorique, se base sur un mal-être sous-jacent, voire une certaine animosité latente, qui finit par prendre le dessus et se manifester de manière totalement incontrôlable.


Moins solennel que Dracula mais peut-être un cran en deçà de Frankenstein, Le Loup-garou a tout de même pris un petit coup de vieux, notamment en terme de maquillages. Sa fin précipitée, alors que les choses deviennent enfin intéressantes, lui donnent un goût d'inachevé et on aurait préféré voir le monstre plus souvent. Mais malgré ses imperfections, il n'en demeure pas moins un grand classique. Si l'on accepte sa simplicité, on se laisse volontiers entraîner dans son univers, non sans un certain plaisir nostalgique. Le plaisir de découvrir une époque que l'on n'a pas connue, et durant laquelle le cinéma que l'on aime aujourd'hui se faisait rare et n'en était qu'à ses balbutiements.
N.T.


EN BREF
titre original : The Wolf Man
pays d'origine : États-Unis
année de production : 1941
date de sortie française : 25 juillet 1945
durée : 69 minutes
budget : 180 000 $ 
adrénomètre : ♠
note gloable : 3/5

† HANTISE
▲ Entrée définitive du loup-garou au cinéma
▲ Lon Chaney Jr
▲ Ambiance et esthétique

 -  DÉMYSTIFICATION -
▼ Aspect old school
▼ Pas assez d'apparitions du monstre
▼ Sentiment d'inachevé à la fin


LE FLIP
Une atmosphère mystérieuse au cœur des bois, alors que la bête rode...

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