[Critique] DRACULA (1931/1932) de Tod Browning

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Renfield est chargé de conclure une transaction immobilière avec le comte Dracula. C'est pour cette raison qu'il se rend dans son château, situé dans les Carpates, où l'aristocrate, qui s'avère être un vampire, va l'hypnotiser et le mettre sous ses ordres. Débarqué en Angleterre, Dracula ne tarde pas à créer de nouveaux semblables parmi la population, en commençant par la jeune Lucy, fille du directeur de l'asile ou est détenu Renfield, son serviteur désormais fou...

Difficile de s'attaquer aux classiques fondateurs d'un genre, près d'un siècle après leur réalisation, sachant que le cinéma a énormément évolué depuis, et que, par la force des choses, ils ne correspondent plus qu'à une époque révolue, et plus vraiment aux attentes du spectateur lambda.
Ainsi, Dracula, premier du nom en matière de cinéma parlant, s'adresse davantage au cinéphile tendance archéologie qu'au fan de science-fiction amateur d'effets numériques et autres montages épileptiques.


Passé cette barrière historique, et pour peu que l'on accepte un film de vampire sans gousses d'ail, ni dents et ongles pointus, Dracula demeure un monument de l'épouvante, pour l'époque. Principalement grâce à la présence à l'image d'un Bela Lugosi au regard perçant, glaçant même. Un rôle de cinéma taillé sur mesure pour lui puisqu'il avait lui-même créé le personnage de Dracula sur les planches avant de l'incarner au cinéma. Il sera d'ailleurs marqué à vie par son rôle, au point qu'on lui prêta des excentricités diverses comme dormir dans un cercueil, ne sortir qu'à la nuit tombée, et jusqu'à se faire enterrer avec sa célèbre cape de vampire. D'ailleurs lors de la promotion de Dracula, il a reçu les journalistes dans un cercueil, à la demande du studio, et plus tard, la décoration de sa maison allait s'inspirer d'un château lugubre. Dépendant à la morphine, Bela Lugosi perdit peu à peu la raison et mourut d'une crise cardiaque en 1956 alors qu'il tournait pour Ed Wood, Plan 9 from Outer Space. Dans Dracula, on retrouve autour de lui David Manners et la belle Helen Chandler dont les carrières respectives ne dépasseront pas la décennie à laquelle appartient le film.


Outre un score, quasi inexistant, empruntant la partition du Lac des Cygnes de Tchaïkovski, l'impression de visionner une pièce de théâtre est renforcée par le jeu des acteurs dont la théâtralité était alors poussée à l'extrême, à ce propos fuir la VF, aussi agaçante qu'improbable, mais aussi par le fait que la majeure partie du film se situe en intérieur. Ce qui n'empêche pas, parfois, d'offrir de jolis matte painting extérieurs du château de Dracula. 

Lent, voire très lent, les événements s'enchaînent à un rythme plutôt tranquille et les moins patients risquent de s'ennuyer ferme. Question frissons, le septième art est définitivement passé à la vitesse supérieure, tout comme le nombre d'artifices désormais mis en œuvre pour faire peur, et malheureusement, les grands yeux ronds de Lugosi n'y peuvent pas grand chose. Demeure une œuvre matricielle culte et chargée d'histoire, à laquelle il est difficile de reprocher ses défauts, pour la plupart uniquement inhérents à son âge. Une autre approche du cinéma, d'un autre temps, lui qui venait seulement d'apprendre à parler (le Chanteur de Jazz de la Warner était sorti 4 ans plus tôt)... 

Un Dracula espagnol a été tourné en simultané par une autre équipe, sur le même plateau avec les mêmes décors et accessoires. Réalisé par George Melford, avec dans le rôle titre, Carlos Villarías, le film s'avère plus généreux en effets spéciaux, offre une mise en scène plus dynamique et dure 20 minutes de plus que la version de Tod Browning (Freaks).
N.T.

EN BREF
titre original : Dracula
pays d'origine : États-Unis
année de production : 1931
budget : 355 000 $
date de sortie française : 22 janvier 1932
durée : 74 minutes
adrénomètre : ♠
note globale : 3/5

† HANTISE
▲ Œuvre culte
▲ Matte Painting
▲ Le regard perçant de Lugosi

 -  DÉMYSTIFICATION -
▼ Lent
▼ Théâtral
▼ Définitivement plus effrayant


LE FLIP
Les caves du château...

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