[Critique] SHUTTER (2004/2006 - DTV) de Banjong Pisanthanakun et Parkpoom Wongpoom

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À la suite d'un accident de la route, durant lequel ils ont renversé une jeune fille et pris la fuite, Tan, un photographe freelance et sa petite amie Jane, réalisent que le fantôme d'une jeune femme apparaît sur tous ses clichés. Ils vont tenter de comprendre pourquoi cet esprit tourmenté s'acharne sur lui...

En pleine vague horrifique made in Asia, Shutter s'offre une place de choix en proposant, à l'instar de ses prédécesseurs, le Japonais Ring, le Sud-Coréen Deux Soeurs, ou encore le Thaïlandais The Eye, un film de terreur redoutablement efficace. Plutôt occidental dans sa construction, on songe au début à Souviens-toi l’Été Dernier et plus tard à Gothika ou Apparences, Shutter s'avère plutôt accessible et éloigné de la rhétorique tarabiscotée et parfois mollassonne observée dans une grosse partie de la production asiatique du même genre.
Non, cette histoire de photographie hantée, contée sous forme de thriller horrifique déborde de dynamisme et offre quelques moments de frousse réussis, principalement dus à une exploitation ingénieuse de certaines croyances, bien réelles dans certaines cultures, selon lesquelles un spectre pourrait très bien s'inviter sur une de vos photos de vacances... 

À la réalisation, Banjong Pisanthanakun et Parkpoom Wongpoom étaient sans doute le duo idéal pour traiter du sujet puisque de leur propre aveu, ils sont très croyants en la matière, à tel point qu'ils sont convaincus que l'une des photos prises lors du tournage de la scène de l'accident (la scène d'ouverture), laisse apparaître le spectre d'un ivrogne qui se serait tué à vélo à cet endroit précis. Le ton est donné. Mais tout est là, dans cet impact direct de l'image sur le réel, quitte à le faire basculer dans le surnaturel. La pellicule deviendrait alors le révélateur d'ondes invisibles à l’œil nu... Une théorie, certes abracadabrante, mais qui suffit à semer un doute suffisant pour rendre le sujet du film intriguant, et parfois même carrément flippant !


D'ailleurs la force de Shutter se situe aussi dans l'utilisation de photographies réelles, présentant de supposées apparitions spectrales et collectées par des spécialistes. Mais au-delà de leur simple existence pour des défauts de fabrications, ou non, le film interroge la relation de chacun avec ces images. La recherche perpétuelle de sensations fortes d'un public, instinctivement frappé de voyeurisme et dont la photo semble vouloir renvoyer une projection de sa propre culpabilité. Dans le film, le photographe devient une sorte de médium entre les vivants et l'au-delà, à tel point que notre héros, même s'il a dissous une partie de sa culpabilité dans les méandres de son subconscient, finit par voir l'objet jusqu'ici refoulé, le traquer, jusque dans la réalité. Et plus l'enquête du couple avance, Jane de son côté ne voit l'esprit que par l'intermédiaire des photos, plus les contacts entre Tan et le spectre s'intensifient. Ajoutez à cela le suicide de ses amis et on comprend que le passé du jeune photographe n'a pas fini de nous surprendre. Un passé comme réveillé par un élément déclencheur, cet accident de la route (en Citroën CX soit dit en passant) durant lequel il a, avec Jane, abandonné sa victime à son sort...

Niveau casting, rien à redire, rien non plus du point de vue technique, la réalisation est soignée et parfois astucieuse, nous offrant des moments sympas comme un saut dans le vide lors d'un étonnant plan séquence. Le travail sur le son est particulièrement immersif, même s'il ne s'agit que d'une ouverture de porte, d'un souffle ou d'un cri, les effets en 5.1 sont redoutables.


Les purs moments de flip seront au rendez-vous, avec un spectre revanchard bien collant, et décidé à tourmenter le personnage principal, quitte à l'observer, accroupi à l'autre bout du lit, à marcher au plafond pour le rejoindre ou encore à le poursuivre la tête en bas lorsqu'il descend une échelle...

Film sur le poids de culpabilité, sur l'amour bafoué et sur l'impact des images, Shutter est une véritable réussite du genre. Casting impeccable, scénario ingénieux, bande son inspirée, on y retrouve d'une certaine manière l'épouvante quasi hystérique de The Eye, plutôt que la terreur, bien plus diffuse de Ring, et ça fonctionne très bien comme ça !
N.T.

EN BREF
titre original : Shutter
pays d'origine : Thaïlande
année de production : 2004
date de sortie française : 14 septembre 2006
durée : 92 minutes
interdit aux moins de 16 ans
adrénomètre : ♥♥♥
note globale : 4.5/5

† HANTISE
▲ Scénario ingénieux
▲ Le casting
▲ Flippant

-  DÉMYSTIFICATION -
▼ Quelques poncifs du film de fantôme asiatique
▼ ...
▼ ...

LE FLIP
Une photo prise à l'instant laisse apparaître un esprit juste devant vous...

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Ring
The Grudge
Apparences


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